Méditation pour la fête de la Toussaint
Vous avez
de bons yeux ? Sinon, j’espère que vous n’avez pas oublié vos lunettes
aujourd’hui ! Et peut-être même faut-il prévoir une paire de lunettes...
solaires !
Les textes
de ce jour nous invitent à voir ! Voir avec Jean, visionnaire de
l’apocalypse ; voir avec Jean, épistolier pour sa communauté; voir avec
Jésus, assis sur la montagne !
Le psaume
convoquait déjà à ce rendez-vous de contemplation : Voici le peuple
immense de ceux qui t’ont cherché, avons-nous chanté. Voici,
autrement dit : vois ici… Vois ici, voyons ici, le peuple de celles et
ceux qui cherchent Dieu. De celles et ceux qui n’ont rien de plus cher que lui,
au point de se détourner définitivement des idoles, c'est-à-dire de toute
attache qui avilit l’homme, qui brise son humanité. Voyons ici le peuple
de Dieu rassemblé ! C’est le moment de souhaiter une très heureuse fête à
vos voisins et voisines. Oui, c’est aujourd’hui votre fête aussi !
C’est bien
ce que st Jean nous dit dans l’épitre : voyez (oui, voyez !) comme
il est grand l’amour dont le Père nous a comblés. Il a voulu que nous soyons
enfants de Dieu, et nous le sommes ! Aujourd’hui, prenons un peu
de temps au plus intime de notre cœur, pour nous reconnaître enfants bien aimés
de ce Père de tendresse.
Entrons
dans cette communion en laquelle nous sommes appelés. Jean dans l’Apocalypse,
nous montre le peuple du ciel, ce peuple de nos frères et sœurs, déjà entrés
dans la gloire de Dieu, ce peuple dont nous sommes déjà membres
aujourd’hui. J’ai vu, dit Jean, j’ai vu un ange qui
montait… et Jean de nous parler de sa vision : le peuple de la terre,
en communion avec celui du ciel, avec ce lien des anges qui vont d’un à
l’autre. Et Jean nous dévoile un rien de ce qu’il a perçu de cette merveilleuse
communion du ciel : une foule immense de toute race, langue, peuple et nation.
Une foule qui chante : et nos chants se joignent à ce chant. Ils chantent
en disant Amen ! Amen, cela veut dire, c’est du sérieux,
c’est du costaud, la foi est un roc sur lequel nous pouvons nous appuyer. Amen.
Louange, gloire, sagesse et action de grâce. Un chant de joie, un
chant de reconnaissance, car nos frères et sœurs les saints du ciel, savent que
si leur route s’accomplit dans le bonheur, c’est par la grâce de Dieu, par son
don ! Aujourd’hui, c’est la fête du merci de l’humanité à Dieu, pour son
salut largement répandu ! Et le chant continue : honneur,
puissance et force à notre Dieu. Amen. Alors il ne faut pas se tromper, ce
n’est pas d’un tout-puissant dictateur, d’un écrasant dominateur qu’il est
question : mais d’un Dieu de vie, qui par son énergie, suscite la
vie en nous, une vie victorieuse de la mort. Nos frères et sœurs les saints,
savent en vérité, la beauté de cette force de Dieu, qui a emporté leur vie
jusque dans l’éternité, qui les a purifiés, et les a rendus enfants de Dieu,
à l’image de Jésus.
Tandis que
Jean dans une vision a vu cet accomplissement, Jésus en regardant la foule qui
se pressait autour de lui, a vu le peuple en marche vers cet accomplissement,
et il en a tressailli de joie :
Heureux s’écrie-t-il !
En marche traduit André Chouraqui avec raison : car la racine
hébraïque du mot qui dit « heureux », c’est le verbe
« marcher ». Heureux, en marche proclame Jésus en voyant la
foule de petits devant lui.
Heureux
les pauvres de cœur…
ceux qui ont le cœur ouvert, Dieu pourra les combler !
Heureux
les doux… ceux qui ont renoncé à toute arrogance, et s’avancent à la rencontre
d’autrui dans la non-violence.
Heureux
ceux qui pleurent…
heureux non pas le malheur, la tristesse, mais heureux ces cœurs sensibles à la
détresse humaine, qui l’accueillent et la partagent, comme notre Dieu la
partage.
Heureux
les affamés et assoiffés de justice : ces indignés qui se soulèvent devant
l’inacceptable, et veulent bâtir un monde, une société juste et solidaire.
Heureux
les miséricordieux : ceux dont le cœur est assez grand pour
accueillir toute la tendresse de Dieu et la transmettre, ceux qui accueillant
le pardon de Dieu, deviennent pied à terre de son amour.
Heureux
les cœurs purs, ces êtres simples qui ne connaissent pas le mensonge,
qui avancent humblement à la rencontre de chacun.
Heureux
les artisans de paix qui n’ont rien de plus cher que d’accueillir la
paix de Dieu pour la répandre.
Heureux
les persécutés pour la justice, en choisissant la justice ils ont
pris le parti de Dieu, le parti de la vie et de la communion.
Heureux
êtes-vous, si on vous insulte, si on vous persécute à cause de moi, dit Jésus.
Heureux êtes-vous non d’être persécuté, mais d’avoir pris le chemin de ce
Royaume qui vous est offert, de ce Royaume où nul ne pourra ravir votre joie.
Heureux, oui, heureux sommes-nous… Jésus
aujourd’hui en nous voyant assemblés pour cette eucharistie, voit en chacun de
nous l’énergie de vie que le Père a déposé en nos coeurs, énergie de vie
divine qui nous a mis en route, et qui nous constitue en peuple nouveau !
Alors, en
marche, dans l’action de grâce !
Sr Thérèse-Marie
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