méditation pour le premier dimanche de l'Avent (année B)
Nous voici
donc entrés dans une nouvelle année liturgique. L'Eglise a, ici, bel et bien,
une ardeur d'avance sur le temps des hommes !
Si le temps
de l'Avent nous achemine doucement vers la fête de Noël, vers la célébration de
la naissance de Jésus, pourquoi propose-t-on à notre méditation un passage
d'évangile où Jésus parle de sa venue, de son retour dans la gloire ?
N'est-ce
pas une manière de nous dire que le Roi de l'univers que nous célébrions
dimanche dernier et l'Enfant dont nous attendons la naissance, c'est tout
un ?
C'est le
même Dieu qui nous est révélé dans l'Enfant de la crèche ;dans l'homme qui
sillonne les routes de Palestine en invitant à la conversion, en annonçant un
monde nouveau, monde d'amour et de paix ; dans le crucifié qui va jusqu'au
bout de la cohérence de son message, sans compromission qui aurait pu le
sauver ; dans le ressuscité du matin de Pâques et dans le Roi de l'univers
dont nous attendons le retour. C'est le même Dieu aussi qui se révèle dans nos
Eucharisties, signes de sa présence au creux de nos vies. Il n'y a pas un Jésus
tout mignon dans la crèche et un juge sévère qui nous fait peur. Non, il y a un
seul Dieu qui s'est fait l'un de nous en Jésus, pour nous révéler l'amour du
Père pour tous les hommes, pour nous entraîner à sa suite sur le chemin qui
mène au Père en nous avertissant aussi de tout ce qui nous en écarte. C'est
important de nous le rappeler et de tenir ensemble tout ce que l'Ecriture nous
apprend de Dieu.
Ce que nous
fêterons à Noël, ce n'est pas l'anniversaire d'une naissance qui remonte à plus
de 2000 ans. A Noël, nous ferons mémoire de l'inauguration sur notre terre du
monde nouveau, annoncé et promis par Dieu tout au long du 1er testament.
Oui, Jésus
est venu inaugurer le Royaume et nous attendons le jour où il reviendra
l'instaurer définitivement. Entre les deux, la construction de ce Royaume
nous est confiée. Mais nous ne sommes pas seuls au travail. Jésus nous l'a
promis : il est avec nous jusqu'à la fin des jours. Nous avons l'habitude
de compter les années à partir du Christ. Mais au lieu de dire que nous vivons
en l'an 2011 après Jésus-Christ, il serait peut-être plus judicieux de dire que
nous vivons depuis 2011 ans AVEC Jésus-Christ. Et cela change tout. Car si nous
célébrons sa venue à Noël, si nous attendons son retour à la fin des temps,
nous savons qu'il ne cesse de venir à notre rencontre. Et l'Eucharistie en est
le gage: il est là présent au milieu de nous... et il nous accompagne dans
notre quotidien si nous le voulons bien!
Vivre
l'Avent, c'est reprendre conscience du projet de Dieu sur l'humanité pour nous
laisser entraîner avec le Christ dans son Royaume. Pour cela, il s'agit, nous
dit l'Evangile, de VEILLER. Ce mot revient 4 fois sur les quelques lignes que
Marc nous livre aujourd'hui.
Nous
l'avons vu au cours des derniers dimanches, veiller c'est garder allumée la
flamme du désir comme les vierges avisées , c'est honorer la confiance que Dieu
nous témoigne en nous confiant ses biens, sa création, comme le roi qui part en
voyage. Veiller, c'est affiner notre regard pour reconnaître le Seigneur en chacun
des petits qui sont les siens, c'était l'évangile de dimanche dernier. Veiller,
c'est aussi guetter, comme un portier, les signes de la présence du Seigneur
dans notre aujourd'hui.
Veiller, en
ce temps d'Avent c'est peut-être plus particulièrement, comme nous le rappelle
saint Benoît : fuir l'oubli de Dieu ou pour le dire en positif, garder
vive en nous la mémoire des merveilles de Dieu.
Veiller de
la sorte va alimenter en nous la foi et faire jaillir l'espérance comme en
Isaïe dans la première lecture.
Il se
rappelle que Dieu s'est montré tout au long de l'histoire père et rédempteur.
C'est à ce titre, qu'il ose lui reprocher en quelque sorte d'être loin, d'être
silencieux et absent et l'invoquer avec force : Ah si tu déchirais les
cieux et si tu descendais ...
Dans la
mémoire d'Israël ces termes ne peuvent pas manquer de rappeler les grandes
théophanies, les manifestations de Dieu dans l'histoire du peuple à commencer
par cette grande manifestation sur le mont Sinaï au cours de laquelle Dieu a
donné sa loi à Moïse et au peuple.
Oui Dieu a
déjà déchiré les cieux mais à chaque fois le peuple a oublié, il s'est détourné
de Dieu et éloigné de lui. Et la prière du prophète se fait touchante : tu
es notre père, tu ne peux pas nous laisser au pouvoir du péché, Nous sommes
l'argile, tu es le potier, tu ne peux pas abandonner l'ouvrage de tes mains.
Isaïe nous
ouvre ici le chemin de la prière de celui qui se sait pécheur mais qui s'appuie
sur ce qu'il connaît de Dieu: son amour, sa fidélité, sa tendresse pour toucher
son coeur de Père.
Nous
pouvons aisément faire nôtre cette prière du prophète car avec la naissance de
Jésus, les cieux se sont déchirés et Dieu est descendu, il a pris chair sur
notre terre. Et plus jamais le ciel ne nous sera fermé. Et pourtant nous
le constatons, le Royaume est loin d'être instauré, la justice et la paix sont
loin de régir les relations entre les hommes et entre les peuples.
Pourtant st
Paul nous le rappelle : en Jésus, nous avons reçu toutes les richesses,
celles de la Parole et celles de la connaissance de Dieu. Aucun don spirituel
ne nous manque. C'est pourquoi, malgré les détresses, malgré les guerres,
malgré les machinations humaines, nous gardons au coeur l'espérance et nous
crions vers Dieu avec Isaïe, et avec le psalmiste : Viens, reviens
Seigneur, fais-nous revenir à toi...
Voilà qui
traduit peut-être le mieux notre démarche d'Avent : FAIS-NOUS REVENIR A
TOI car c'est toi qui nous fera tenir jusqu'au bout.
C'est ce
don que l'Eglise ce matin nous fait demander avec insistance :
« donne-nous, Dieu notre Père, d'aller avec courage sur les chemins de la
justice, à la rencontre du Seigneur... pour entrer avec Lui, lorsqu'il
reviendra, dans le Royaume où toi-même nous attends."
Sr Thérèse-Marie
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