1er dimanche de Carême : Année B (2012)
« Jésus
venait d’être baptisé.
Aussitôt
l’Esprit le pousse au désert… »
En ce
premier dimanche de Carême, un désert s’ouvre devant nos pas...
Mais en
fait qu’est-ce que le désert ?
Ce n’est
pas d’abord le lieu d’une randonnée touristique, à dos de chameau, pour
contempler de beaux paysages.
Dans la
mémoire juive, le séjour au désert fut le moment privilégié des relations entre
Dieu et son peuple, où l’Alliance a été conclue.
Qui dit
« Alliance », dit aussi l’espace pour un choix, une option, un combat
pour rester fidèle à cette Alliance.
Ainsi, le
désert est un lieu ambivalent.
Voyons-en
d’un peu plus près les deux aspects qui apparaissent dans les lectures du jour.
Le désert
est le lieu de l’Alliance, comme nous le rapporte l’extrait de la Genèse.
Dieu a créé
l’homme et la femme ; il s’est réjoui de sa création : « c’était
très bon ! ».
Mais cette
création l’a déçu…
S’ensuivent
la construction de l’arche pour parer au déluge, son errance sur les flots et,
finalement, l’arrivée sur la terre ferme.
En cet
extrait du Premier Testament, Dieu proclame que le temps de la destruction est
révolu ; le temps de l’Alliance est arrivé :
« Voici
que moi, dit Dieu, j’établis mon alliance avec vous, avec tous vos descendants,
et avec tous les êtres vivants qui sont autour de vous… ».
C’est à
cette Alliance que l’Evangile de Marc fait aussi allusion, lorsque
l’évangéliste dit de Jésus qu’« Il vivait parmi les bêtes
sauvages… ».
Si le
désert est lieu de l’Alliance, il est aussi lieu d’un combat.
L’évangile
de ce jour, en ce premier dimanche de Carême, en fait particulièrement mémoire.
Marc n’est pas
très prolixe :
« Dans
le désert, Jésus resta quarante jours, tenté par Satan »
Quarante
jours, c’est-à-dire le temps d’une génération.
Ce chiffre
symbolique est déjà employé dans le Premier Testament : qu’il s’agisse du
peuple dans le désert (mais dans ce cas, ce fut une durée de 40 ans), de Moïse
ou du prophète Elie, tous sont témoins d’une manifestation de Dieu.
Une telle
durée affermit le cœur, consolide le choix…
Ainsi en
va-t-il de Jésus qui, face à ces tentations, a posé un choix.
Il a dit
« oui » à Dieu et… a triomphé de toutes les tentations.
Mais
qu’est-ce qui lui a permis de triompher ?
Marc raconte :
« Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au
désert ».
Notons que
les trois Personnes de la Trinité sont ici engagées.
D’un côté
le Père, puisque le baptême fut pour Jésus l’occasion d’entendre la voix du
Père qui lui disait :
« Tu
es mon Fils bien-aimé ; il m’a plu de te choisir ».
En son
Père, Jésus a découvert ce lien d’amour qui consolide, qui constitue un être et
le met debout.
Cette
confidence d’amour soutient Jésus, le porte, lui emplit le cœur.
Ainsi,
c’est avec cet amour au creux du cœur que Jésus va au désert ; bien plus,
il y est « poussé » par l’Esprit.
D’un côté
le Père, donc ; de l’autre, l’Esprit, lui qui représente le lien d’amour
qui unit le Père et le Fils.
Au désert,
Jésus est doublement accompagné, du Père et de l’Esprit.
Il en va de
même pour nous.
En ce
désert qu’est le Carême, la liturgie nous annonce une Bonne Nouvelle :
Nous n’y
sommes pas seuls !
Si en ce
temps de Carême, vous êtes poussés par l’Esprit au désert, ne craignez
pas !
L’expérience
de Jésus, vous pourrez la vivre, vous aussi !
Cette
expérience de Jésus, c’est recevoir la confidence du Père qui nous déclare son
fils, sa fille bien-aimé(e).
Oui, à
chacun et chacune de nous, Dieu déclare : « tu es mon fils, ma fille
bien-aimé(e) : il m’a plu de te choisir »
Cette
expérience de Jésus, c’est aussi être tenté, c’est-à-dire être invité à
choisir, à dire « oui » à Dieu et à lui faire confiance.
Pour y
réussir, le verset de l’acclamation nous rappelle : « l’homme ne vit
pas seulement de pain mais de toute parole venant de la bouche de Dieu ».
Au désert,
nous serons aidés et soutenus, soyons-en sûrs, par ces anges qui
« servaient » Jésus.
Reconnaîtrons-nous
la présence des anges sur notre chemin ?
Cette
expérience de Jésus, c’est enfin pouvoir surmonter les tentations…
En ce jour,
une invitation nous est lancée :
« Convertissez-vous
et croyez à cette Bonne Nouvelle ! »
Y
accorderons-nous notre foi ?
Sr Marie-Jean