Méditation pour la fête de la dédicace de l'Eglise de notre
monastère
2 Ch
5,6-8.10.13-6,2 ; Ps 45 ; Eph 2,19-22 ; Mt 16, 13-19
Dans
quelques heures il y a aura exactement 25 ans que le bloc de pierre que nous
avons coutume de voir en ce lieu, est devenu autel pour le service de la
liturgie. Et à cette occasion l’église de ce monastère toute fraîchement
repeinte, qui avait déjà été consacrée par les années de prière de nos sœurs, a
été elle aussi consacrée par ce rite appelé dédicace !
Belle
occasion pour nous aujourd’hui, de rendre grâce, belle occasion de reprendre
conscience s’il en était besoin de ce que représente un lieu consacré.
En
christianisme, il n’y a aucune magie, aucune mainmise sur Dieu, qui ferait
qu’au bout d’une recette connue de quelques druides ou sorciers, Dieu
serait rendu présent.
Notre Dieu
est le Dieu des grands espaces, comme le chante Noël Colombier. Notre Dieu
est souverainement libre de se manifester comme il l’entend, et de résider où
il l’entend ! Et merveille, il choisit de venir à notre rencontre.
Au livre
des Chroniques, le récit de la montée de l’arche d’alliance dans le temple
édifié par Salomon, est assez cocasse. Des chants, des danses, des sacrifices…
on a tout bien organisé, et les prêtres s’apprêtent à une liturgie grandiose…
mais voilà que Dieu vient remplir le temple d’une telle nuée que les prêtres
sont obligés d’interrompre le culte ! Le culte est un des chemins de
l’homme vers Dieu, non un absolu ! Et surtout pas une mainmise sur Dieu.
Et quand Dieu se manifeste, le culte qui n’était que sacrement s’interrompt… le
sacrement n’est plus nécessaire pour dire la présence puisque Dieu lui-même
est là !
Autre
révélation de ce texte des Chroniques : le temple va abriter l’arche de
l’alliance. Le texte des Chroniques prend soin alors de préciser qu’il n’y
avait rien dans l’arche, sinon les tables de la loi. Il n’y avait rien,
autrement dit, n’allez surtout pas croire qu’on y a enfermé Dieu, pour vous le
rendre accessible… comme prétendaient les auteurs spirituels du XIXème siècle
qui nommaient Jésus le divin prisonnier de nos tabernacles ! [1]
Non, les
pierres sont là, les autels sont là, les lieux consacrés au Seigneur sont là en
simples signes qui nous rappellent, chacun à leur manière :
souviens-toi, il y a Dieu et cela suffit ! Souviens-toi il y a Dieu, et en
rejoignant le peuple qui se rassemble en ce lieu, tu es appelé à former le
corps du Christ. Tu es appelé à lui offrir l’espace de ta vie, comme nouvelle
crèche pour une nouvelle incarnation.
St Paul dit
aux Ephésiens qu’ils ne sont plus des étrangers, des gens de passage,
mais qu’ils sont maison de Dieu. Où est Dieu ? non point tant dans
nos temples de pierre, que dans ces temples de chair que nous sommes ; et
la marque de la présence de Dieu, est que tous sont accueillis, qu’il n’y a
plus d’étranger… nous serons véritables maison de Dieu, lorsque nous ne
manierons plus l’exclusion, le rejet, lorsque nous servirons la communion.
Célébrer la dédicace de cette église c’est nous rappeler ce projet que Dieu a
avec nous, et cette tâche qu’il nous confie : il souhaite faire de
nous son corps ! Il désire nous tisser en communion, avec lui, avec ceux
et celles qui passent en ce lieu, avec ceux et celles qui en d’autres lieux ont
eux aussi accueilli ce rêve de notre Dieu.
Ce jour est
votre fête, ce jour est fête de la communion qui se tisse toujours plus
profondément entre toute l’humanité dans laquelle Jésus un jour s’est incarné
et dans laquelle le ressuscité reste sans cesse présent.
Sr Thérèse-Marie
[1] par
exemple : J.‐M. Buathier, dans Le Sacrifice, Paris, 1885 (6° édition) : enseveli comme un mort dans le suaire des espèces (p.
123)., le divin, prisonnier du ciboire (p. 147). Ou le Bienheureux J
Eymard (La divine Eucharistie. Extrait des écrits et des sermons du T. R. P.
Eymard, 1ère série, la présence réelle. Tourcoing, 1871; 10 édition, 1887 :
le Prisonnier d’amour : il lui est impossible de briser ses liens, de quitter
sa prison eucharistique; il est notre prisonnier pour jusqu'à la fin des temps
!... (p. 85). Voir l’article du Père A.M. Roguet : LES A‐PEU‐PRÈS
DE LA PRÉDICATION EUCHARISTIQUE
(Extrait de « La Maison‐Dieu », page 179‐190)
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