pour la
fête de saint André (30 novembre 2011)
Le
passage de la lettre aux Romains que nous venons d’entendre contient huit fois
le mot « foi » ou « croire ». C’est une réflexion sur la
foi qui va aboutir à la douloureuse question que Paul se pose au chapitre
11 : pourquoi les Juifs, ses frères de race, n’ont-ils pas cru en
Jésus-Christ ?
Il énumère
une suite de verbes qui s’enchaînent. Tous ceux qui invoquent le nom du
Seigneur seront sauvés. Mais pour l’invoquer, il faut croire. Pour croire, il
faut avoir entendu sa parole. Pour l’entendre, il faut que quelqu’un l’ait
proclamée. Pour proclamer, il faut des messagers... énumération qui débouche
sur le cri d’émerveillement emprunté au prophète Isaïe : « comme il
est beau de voir courir les messagers de la Bonne Nouvelle ! ». Mais
aussi sur une grosse déception : aussi beaux que soient les pieds des
messagers, même quand toutes ces conditions sont remplies, cela ne marche pas à
tous les coups ! C’est qu’il y a encore une autre condition à remplir, une
condition plus intérieure et qui relève de la liberté de chacun : l’écoute.
Il ne suffit pas d’entendre, il faut écouter. Et puis, comme le dit Paul,
« obéir à la Bonne Nouvelle ».
Qu’est-ce
que « croire » ? Qu’est-ce que « obéir à la Bonne
Nouvelle » ? Souvent, on s’arrête au premier niveau : croire que
Jésus existe ». Éventuellement, on fait le pas suivant :
« croire qu’il est ressuscité ». C’est déjà beaucoup, mais on reste à
un niveau cérébral, comme l’expriment les théologiens : la foi serait
l’adhésion de l’intelligence (et aussi du cœur, l’intelligence du cœur) à un
message donné.
Mais
pour Pierre et André, pour Jacques et Jean, ce jour-là, au bord du lac, la
question n’était pas « croire qu’il existe », ce Jésus qui vient de
nous frôler et qui nous dit « venez ». Ce n’était même pas
« croire qu’il m’appelle ». Cela, c’était l’évidence, ils l’ont bien
entendu, tous les quatre. Mais ils ont exprimé leur foi en lui au moment où ils
se sont levés, ont tout quitté (en plein travail : le filet venait d’être
jeté à l’eau) et se sont mis à le suivre. Ils se sont eux-mêmes « jetés à
l’eau ». la foi, pour eux, à ce moment-là (et par la suite), c’était une
question de confiance. L’adhésion non pas de l’intelligence, mais de tout
l’être, non pas à un message, mais à une personne.
Pour
leur part, ils ont compris ce que signifiait « obéir à la Bonne
Nouvelle ». L’évangile nous montre le premier élan de cette obéissance
comme quelque chose d’irrésistible. Eux-mêmes avaient sans doute bénéficié du
témoignage de Jean Baptiste, auparavant, (cf. évangile de Jean), puis ils sont
devenus à leur tour messagers : messagers de la Bonne nouvelle, nous invitant
à les suivre en répétant ces mot entendus de la bouche de Jésus lui-même :
« venez et vous verrez ».
Sr Marie-Raphaël