2e dimanche du Temps Pascal Année A (2011)
En ce deuxième dimanche du Temps Pascal, l’Evangile de Jean
nous parle des disciples.
Tout est nuit en ce récit : la mort de Jésus a anéanti
toutes les espérances. C’est le soir. La peur tient les disciples
enfermés : « ils avaient verrouillé les portes du lieu où ils
étaient ».
Dans cette ambiance sombre, à première vue inéluctable et
sans issue, l’inouï advient.
« Jésus vint, et il était là, au milieu d’eux. Il leur
dit : ‘La paix soit avec vous’ ».
Celui que les disciples avaient suivi, aimé, mais abandonné
par crainte, les rejoint là où ils sont, dans cette prison de la peur.
Et Jésus leur offre son premier cadeau de Ressuscité :
le cadeau de la paix.
Cette paix, dont ils étaient privés à cause des événements
passés, de la Passion et de la mort de leur maître, et de leur lâcheté, cette
paix leur est donnée : « Paix à vous ! ».
Mais cette paix n’est pas passivité : elle est suivie
d’un mandat, d’une mission :
« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous
envoie ».
L’expression « de même que… moi aussi » est
récurrente chez Jean. Elle signifie que cette mission des disciples
s’enracine dans celle du Christ, qu’elle est reliée à l’envoi du Fils par
le Père.
Les disciples ne sont donc pas seuls dans cet envoi, dans
cette mission : le Christ les précède sur le chemin.
D’ailleurs, le don de Jésus va encore plus loin : il
crée du neuf.
Jésus agit à la manière du Père, Dieu créateur : il
« répand son souffle ».
C’est une nouvelle création, une nouvelle vie qui est
donnée.
Tel est le deuxième cadeau du Ressuscité : ce cadeau
qu’est l’Esprit-Saint, collaborateur de la mission.
Le récit aurait pu s’arrêter ici, mais l’évangéliste Jean
ajoute un épisode inédit : lors de cette première apparition du
Ressuscité, un des Apôtres, Thomas, était absent.
Thomas porte un nom qui signifie « jumeau » :
il est celui auquel chacun de nous peut s’identifier, lui qui « n’était
pas avec eux, quand Jésus était venu ».
L’expérience de Thomas est aussi la nôtre : nous
n’étions pas présents lors de l’apparition de Jésus Ressuscité.
« Nous avons vu le Seigneur ! » disent les
disciples à Thomas.
Mais, pour lui, c’est la nuit qui prévaut, et des conditions
sont imposées à la foi :
« si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main
dans son côté, non je n’y croirai pas ».
Ces conditionnelles insistent sur le souvenir de la
Passion : ce sont la marque des clous et l’endroit des clous qui importent
au disciple.
Huit jours plus tard, « les disciples se trouvaient de
nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux ».
Remarquons que l’atmosphère est déjà changée : il n’est
plus question de « nuit », ni de « peur ».
Comme la première fois, Jésus se donne à voir et réitère son
don : « Paix à vous ».
Puis il s’adresse à Thomas, d’une façon personnelle et
singulière et n’évoque pas les clous de la Passion :
« Avance ton doigt et vois mes mains… Cesse d’être
incrédule, sois croyant ! ».
A Thomas, celui dont nous pouvons être le jumeau, Jésus
offre son troisième cadeau de Ressuscité : la possibilité de croire.
Et, de fait, Thomas ne laisse pas passer l’opportunité,
puisqu’il confesse résolument : « Mon Seigneur et mon
Dieu ! ».
Ce Jésus qu’il a aimé et suivi, puis abandonné par crainte,
lui offre de nouveau son amitié.
Un nouveau compagnonnage lui est proposé, un nouveau chemin
de foi s’ouvre devant lui.
Dans cet Evangile, Jésus Ressuscité voulait offrir trois
cadeaux aux disciples.
Il nous les offre pareillement aujourd’hui.
Le don de la paix, d’abord, celle qui peut rejoindre chacun
et chacune de nous dans les profondeurs de son cœur.
Pour faire obstacle à nos peurs, nos croix, nos morts et nos
souffrances, le Ressuscité vient nous faire cadeau de sa Paix.
L’accueillerons-nous au creux de nos épreuves, dans nos
désespérances et nos situations sans issue ?
Ensuite, le Ressuscité nous envoie l’Esprit-Saint, lui qui,
selon Jean, « rappellera tout ce que Jésus… a dit » et
« conduira dans la vérité tout entière ».
C’est-à-dire qu’il explicitera, il éclaircira, il dévoilera
le sens des paroles de Jésus, ces paroles qui furent prononcées pour qu’on
« ait la vie et qu’on l’ait surabondante ».
Accueillerons-nous l’Esprit-Saint en nous, ce compagnon de
nos cœurs ?
Enfin, le Ressuscité nous invite à croire à l’inouï :
une amitié, une Alliance qui ne s’achèvera jamais, que nos infidélités et nos
péchés ne peuvent pas anéantir. Jésus est le Vivant et il veut nous donner sa
Vie en partage.
Accueillerons-nous cette vie qui ne finit pas, cette vie
plus forte que la mort ?
En ce deuxième dimanche de Pâques, les biens les
meilleurs sont mis à notre disposition…
Si nous les accueillons, si nous accordons notre foi au
Ressuscité, la joie des disciples à la vue du Seigneur sera la nôtre, cette
joie « que nul ne pourra nous ravir ».
Alléluia !
Sr Marie-Jean
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire