4e dimanche du Temps Pascal Année A (2011)
En ce
quatrième dimanche du Temps pascal, Jésus parle de lui-même au moyen d’une
image, d’un tableau symbolique : le pasteur.
« Amen,
Amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la
porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un
bandit »
Mais
aussi :
« Celui
qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis »
Pour bien
sentir la résonance de l’image choisie par Jésus, il est éclairant de se
souvenir du Premier Testament.
Dans
l’histoire d’Israël, la fonction de pasteur définissait la charge royale.
Il
s’agissait de conduire le troupeau, c’est-à-dire le peuple d’Israël, selon la
volonté de Dieu.
Le roi
était l’intendant de Dieu, celui qu’il s’est choisi pour régner en son nom.
Si David
fut un roi « selon le cœur de Dieu », d’innombrables autres pasteurs
se sont succédé sur le trône d’Israël, en négligeant le troupeau qui leur était
confié.
D’où les
invectives des prophètes contre ces pasteurs « qui se paissent eux-mêmes
au lieu des brebis ».
Pour
suppléer à ces faux pasteurs, Dieu prendra lui-même en charge le
troupeau :
« C’est
moi qui ferai paître mes brebis et c’est moi qui les ferai reposer, oracle du
Seigneur Dieu... Je les ferai paître avec justice ».
Et peu à
peu émergera l’Espérance d’un berger qui mènera le troupeau à la manière de
Dieu.
C’est ce
rôle que Jésus assume lorsqu’il déclare : « Je suis le Bon
Berger ».
En
connaissant cet arrière-fond du Premier Testament, nous pouvons comprendre à
bon escient ce que Jésus nous révèle de lui-même, par l’image des bergers de
notre Evangile.
Le premier,
qualifié de « voleur » et de « bandit », qui « entre
dans la bergerie sans passer par la porte » et « escalade par un
autre endroit » ; celui qui « ne vient que pour voler, égorger
et détruire ».
C’est le
portrait du faux berger, que les brebis n’écoutent pas.
Mais il en
existe un autre, que Jésus nomme « pasteur et berger des brebis ».
Celui qui
entre par la porte et est connu des brebis.
Celui qui
les appelle chacune par son nom et les fait sortir du bercail.
Celui qui
marche à leur tête.
Ces
fonctions du « bon berger », Jésus se les attribue dans la suite du
récit.
Il parle
alors à la première personne :
« Amen,
amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis… »
Ce double
« Amen » solennel annonce des propos d’importance.
En effet,
l’expression « Je suis » fait écho à la présentation de Dieu à Moïse
dans le Premier Testament, lorsqu’il déclarait : « Je suis Celui qui
est ».
En disant
« Je suis », Jésus révèle l’identité de son être, sa vérité profonde.
« Je
suis la porte », dit Jésus, la porte à travers laquelle passent les
brebis.
Mais de
quelle porte s’agit-il ? Et où mène-t-elle ?
« Si
quelqu’un entre en passant par moi, dit Jésus, il sera sauvé ; il pourra
aller et venir et il trouvera un pâturage »
Tout au
long de son ministère terrestre, Jésus n’a cessé de parler du Père.
C’est vers
Dieu qu’il veut mener les brebis ; c’est au Père qu’il veut nous conduire.
Comme il le
dira ailleurs dans l’évangile de Jean : « Je suis le
Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi ».
Jésus est
médiateur.
« Si
quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé » : c’est-à-dire
« sauvé par Dieu ».
Celui qui
est sauvé est aussi libéré.
Libéré de
toutes les aliénations, celle de la peur et de l’épreuve, celle de la
désespérance et du non-sens.
C’est pour
cela que Jésus est venu parmi nous : il veut nous offrir le salut.
Comme il le
disait à Nicodème :
« Dieu
n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le
monde soit sauvé par lui ».
Bien plus,
dit Jésus, « il pourra aller et venir ».
La liberté
de chacun est préservée. Jésus n’enferme pas dans le bercail.
Il ne
contraint personne, mais il propose sa Bonne Nouvelle, son message de salut et
de bonheur.
Et aussi,
« il trouvera un pâturage ».
C’est le
symbole de la vie plantureuse.
Comme
l’exprime le psaume 22, que nous venons de chanter :
« Le
Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
Sur des
prés d’herbe fraîche, il me fait reposer »
Jésus ne
nous laisse pas périr. Il nous offre les vivres dont nous avons besoin.
Et le
pâturage qu’il offre, c’est celui de sa Parole et de son Pain, celui de son
Alliance et de son Amour.
En ce Temps
pascal, c’est aussi le pâturage de sa Paix et de sa Joie, les dons du
Ressuscité.
Enfin,
Jésus révèle en ce récit ce qu’il rêve d’offrir à chacun et chacune de
nous :
« Je
suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en
abondance ».
En
déclarant « Je suis la Porte », Jésus se dit médiateur.
Médiateur
de salut, de liberté, de bonheur et de vie.
Tel est en
effet le cadeau que Dieu nous propose aujourd’hui...
Il veut
nous offrir une vie pleine, heureuse, féconde et portant du fruit.
En ce jour,
et chaque jour, chacun et chacune de nous peut ouvrir son cœur pour la
recevoir.
Alléluia !
Sr Marie-Jean
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