Homélie
pour le 6ème dimanche de Pâques A, 29 mai 2011
« Vous
devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent
de rendre compte de l’espérance qui est en vous. »
Cette
phrase de la première lettre de Pierre nous est aussi adressée à nous,
aujourd’hui. Injonction claire et nette ; être chrétien, ce n’est pas
qu’une affaire privée entre Dieu et moi ; être chrétien, c’est aussi
témoigner, oser « rendre compte », « sortir du bois ».
Rendre
compte de quoi ? De « l’espérance qui est en vous »,
c’est-à-dire de la foi en l’avenir, et donc de la joie qui, immanquablement,
déborde de cette certitude que Dieu nous aime et que notre vie a un sens.
La joie est
bien présente dans les lectures d’aujourd’hui. Le récit des Actes des apôtres
nous en offre un bel échantillon. Philippe arrive dans une ville de Samarie. Il
y proclame le Christ. Il y a des signes qui accompagnent sa prédication. Ces
signes sont révélateurs d’une parole qui « libère », qui délie les
liens (liens qui entravaient des « possédés », liens d’infirmité, de
paralysie). Et le résultat ne trompe pas : « il y eut dans cette
ville une grande joie ».
La même
joie rebondit dans le psaume. Le psalmiste se souvient des hauts-faits de Dieu
dans l’histoire, « ses exploits pour les fils des hommes… il changea la
mer en terre ferme… ils passèrent le fleuve à pied sec ». Et il chante les
hauts faits de Dieu dans sa propre histoire : cela déborde, comme la joie,
il ne peut pas les garder pour lui : « venez, écoutez, je vous dirai
ce qu’il a fait pour mon âme… d’où vient cette joie qu’il nous donne ».
Alors,
sommes-nous prêts à en dire autant ? À rendre compte de l’espérance et de
la joie qui est en nous ? N’est-ce pas risqué ? incongru ?
déplacé même, dans ce monde qui souffre ? Tant d’objections se lèvent
comme un vent froid pour rabattre l’élan de notre joie, de notre espérance…
Objections qui nous viennent, d’abord, de l’extérieur, du monde qui nous
entoure : comment expliquez-vous le mal ? les guerres ? et le
mal en votre propre sein ?
Objections
qui nous viennent aussi de l’intérieur, de notre propre cœur : doutes,
inquiétude, sentiment de honte, peur de la joie…
Non,
vraiment, il n’y a pas de quoi être « triomphaliste » dans notre
témoignage d’espérance. C’est pourquoi nous sommes heureux d’entendre Pierre
ajouter : « faites-le avec douceur et respect, et avec
une conscience droite. »
Douceur et
respect : vis-à-vis de Dieu d’abord. Pour parler de lui, mon discours se
fera humble. Il ne s’agit pas de le « mettre en boîte » par des
arguments tout ficelés, intangibles…
Douceur et
respect vis-à-vis des autres : ma parole ne doit absolument pas être ne
tentative de récupération, une mainmise sur la liberté de pensée de l’autre.
Mais simple et authentique témoignage qui laisse à l’autre toute liberté de
croire.
Douceur et
respect, enfin, vis-à-vis de moi-même. Le respect de moi-même consistera à être
fidèle à ma vérité la plus profonde. Ce n’est que dans la mesure où je suis
« vraie » que je pourrai convaincre sans forcer.
Or, il y en
a un, précisément, qui détient le secret de cette vérité. Celui que Jésus nomme
« l’Esprit de vérité ». Dans l’évangile d’aujourd’hui, extrait du
discours d’adieu, c’est la première fois que Jésus en parle. Il le décrit comme
le « Défenseur, qui sera pour toujours avec vous ». Revoilà donc
l’image du « tribunal » : nous avons à « rendre
compte », mais nous avons un « défenseur, un « avocat »,
pour faire face à cet « autre », que Jean appelle par ailleurs
« l’accusateur », celui qui ne cesse de dresser des obstacles devant
notre foi, notre espérance, notre joie.
Au fil des
dimanches à venir, nous aurons bien des occasions de découvrir ce beau cadeau
qu’est l’Esprit Saint. Aujourd’hui, soyons donc comme ces Samaritains
évangélisés par Philippe et confirmés dans leur foi par Pierre et Jean.
Accueillons l’Esprit et laissons déborder notre joie !
Sr Marie-Raphaël
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