Partage
pour la fête des apôtre saints Philippe et Jacques (1 Co 15,1-8 / Ps 18 / Jn
14, 6-14)
La liturgie
a un génie particulier pour associer des êtres bien différents en une seule et
même fête. En juin, elle nous offrira de fêter saint Pierre et saint Paul
ensemble, mélange plutôt détonnant ! Aujourd’hui elle nous fait célébrer
deux figures plus effacées sans doute, mais tout aussi disparates, pour ce que
l’on peut en dire.
L’apôtre
Jacques fêté aujourd’hui, est identifié dans l’église latine avec le fils
d’Alphée[1] et en même temps avec le frère-cousin de Jésus, devenu plus tard le
premier responsable de la communauté chrétienne de Jérusalem. L’exégèse moderne
préfère séparer ces deux personnages, tout comme la liturgie byzantine du reste
qui les célèbre respectivement le 9 et le 25 octobre[2].
Le fils
d’Alphée est mentionné dans les listes d’apôtres, mais on ne sait rien de plus
à son sujet dans l’évangile. Celui dont parle Paul dans sa lettre aux
Corinthiens, a fait l’expérience personnelle du Ressuscité. Les Actes lui
donnent visage d’un homme important, qui prend ses responsabilités au sein de
la première communauté. Lors du tout premier concile, à Jérusalem, lorsque fut
exposée la question des conditions imposées à l’accueil dans la communauté de
chrétiens issus du paganisme, c’est lui Jacques et non Pierre, qui prend la
parole pour trancher et décider que oui, ces nouveaux convertis sont bienvenus
dans la communauté, et qu’ils ne doivent pas se soumettre à l’entièreté de la
loi juive.[3] (ils doivent juste éviter certains dérapages et inconduites... dont
la consommation de boudin rouge!)
Philippe
lui est un disciple de la première heure, selon l’évangile de Jean. Il était de
Bethsaïde[4], la même ville que Pierre et André. C’est
un fonceur qui ne prend pas trop le temps pour calculer sa réaction. Jésus le
rencontre et lui dit « suis-moi »[5]. Et voilà notre Philippe lancé. Et mieux,
il s’empresse d’aller chercher Nathanaël... qui, lui, discute : « de
Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? » et Philippe de
faire court dans la discussion : « Viens et vois »[6].
Lorsque
Jésus voit la foule qui vient à lui, c’est à Philippe qu’il demande : « Où
achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens ? ». Philippe
répond du tac au tac, il a vite fait d’évaluer la situation : Deux
cents deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit
morceau.[7]
Des Grecs
veulent voir Jésus, ils s’adressent à Philippe. Celui-ci va de suite trouver
André : deux apôtres cela fait une bonne ambassade ; ensemble ils
vont parler à Jésus.[8] Cela nous vaut les paroles sur le grain de blé tombé en terre qui
porte du fruit.
Enfin,
autour du dernier repas, Jésus parle aux siens, les enseigne une dernière fois,
et c’est de cet échange que vient la page d’évangile d’aujourd’hui. Jésus
indique comme doucement la voie que les apôtres auront à suivre : Je
suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va au Père sans passer par moi.
Puisque vous me connaissez, vous connaissez aussi mon Père. Dès maintenant vous
le connaissez, et vous l’avez vu. Et c’est là que notre primesautier
d’apôtre, interrompt le maître, l’air de dire, assez de palabres, va un peu
plus direct au but, s’il te plaît : Seigneur, montre-nous le Père, et
cela nous suffit ! Intervention qui nous vaut cette phrase qui devrait
rester gravée à jamais en nos cœurs, tandis que nous consacrons nos vies à
chercher Dieu : Philippe celui qui m’a vu, a vu le Père. Pour se
dire, Dieu ne veut pas d’autre image que l’homme ! Déjà les anciens
l’avaient compris qui refusaient de peindre, sculpter une image de Dieu. La
seule image autorisée : l’homme et la femme.
Jésus, Fils
unique de Dieu, Dieu fait homme, nous a révélé le Père, et aujourd’hui
ressuscité, il envoie ses apôtres, porter cette image au monde.
Et pour la
dire, il a besoin non de copies conformes, mais de la multiplicité de visages
d’apôtres si différents... la diversité en l’Église est nécessité, richesse.
A nous
d’accueillir, de découvrir, de discerner en chacun et chacune la présence du
Ressuscité.
Sr Thérèse-Marie
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