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pour la liturgie du 9ème dimanche du Temps Ordinaire A
(Dt
11,18.26-28.32; Ps 30,2-3a.3bc-4.17.25; Rm 3,21-25a.28; Mt 7,21-27)
Vous vous
êtes courageusement levés, vous êtes venus à l’eucharistie dominicale, ou vous
avez ouvert votre missel à la page du jour... j’ai envie de vous dire :
tant pis pour vous ! Oui, tant pis pour nous, car nous voilà confrontés à
la Parole de Dieu, et conviés non seulement à l’écouter, mais encore à la
mettre en pratique ! Il y a grand risque que ce jour du Seigneur, jour de
« repos » dominical ne nous laisse pas vraiment tranquilles !
Nous sommes
devant quelques extraits de la Bible. Ils nous parlent de la loi et de la foi.
Si le Deutéronome et l’Évangile semblent d’avis de nous inviter à mettre en
pratique la Parole entendue afin de vivre ; st Paul (encore lui !)
vient nous servir le grain de sable qui va faire grincer toute la mécanique :
il nous dit « attention, les œuvres ne vont pas vous sauver : ce qui
vous sauve du péché, de la mort, ce n’est pas la loi, c’est la
foi !!! »
Ces textes
sont-ils à jamais irréconciliables ? Reprenons doucement la lecture !
Le
Deutéronome nous présente la loi de Dieu comme une proposition, un chemin que
le Seigneur place devant nous en disant : « voilà, je t’ai choisi, je
t’ai délivré de la servitude, j’ai fait alliance avec toi, je t’aime, si tu
veux, je te propose le bonheur. Je ne vais pas te l’imposer, car l’amour
n’impose rien. Je mets devant toi vie et mort, bonheur et malheur, choisis donc
la vie, choisis le bonheur... » Ainsi, la loi est offerte non comme un
carcan, mais comme un chemin, comme des balises sur le chemin, comme les berges
d’un fleuve, elles aident le fleuve à s’élancer vers la mer, plutôt que de
s’enliser en marécage... Choisis le fleuve ou le marécage...
St Paul,
vrai juif, formé merveilleusement à l’école des rabbins de son temps, s’est
élancé fougueusement comme un fleuve torrentueux. Il voulait la vie, non
seulement pour lui, mais pour tout son peuple, il s’est posé en ardent
défenseur de la loi, il a tenté de la mettre en pratique de tout son zèle. Il
s’est heurté à ses propres limites... il a fait l’expérience de blessures en
son être, qu’il n’a pu enlever par son observance. Surtout, il a rencontré le
Ressuscité, et cela a bouleversé sa vie. Il a découvert combien ce qui
importe : c’est la foi qui anime la vie de l’intérieur. Il a expérimenté
en son être combien « la grâce de Dieu lui suffit, car la puissance de
Dieu s’accomplit en sa faiblesse ». Il est devenu chantre du don de
Dieu : de la grâce, du salut. La foi nous justifie, c'est-à-dire, nous
ajuste au projet de Dieu, à son amour. « Si je n’ai pas l’amour, je ne
suis rien... » écrira-t-il aux Corinthiens.
Vient alors
l’Évangile d’aujourd’hui : la fin du sermon sur la montagne, tel que l’a
rapporté st Matthieu. Nous en avons lu des extraits au long des dimanches
précédents. Si vous avez du loisir, offrez-vous cette grâce de le relire d’un
trait. Cela fait trois chapitres seulement.
Les
disciples sont autour de Jésus. Ils l’entourent peut-être de toute leur
révérence. Ils applaudissent : « Seigneur, c’est magnifique ce que tu
as dit ! » Et Jésus répond : « Il ne suffit pas de me
dire : Seigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume des cieux, mais il
faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ».
Quand je
vous disais que la liturgie n’est pas de tout repos ! Nous avons bien
prié, nous avons chanté « Seigneur prends pitié, gloire à Dieu ! »
Ces prières, ces chants n’expriment-ils pas notre foi, comme y invite st
Paul ? Jésus nous répond : La vie du Royaume ce n’est pas cela !
- Cela ne
suffit pas ? Bon alors, écoute Seigneur, en ton nom durant la semaine, nous
avons chassé les démons, en ton nom nous avons été prophètes, et puis ah oui,
moi j’ai fait un miracle, moi aussi...
Et Jésus
continue : je ne vous connais pas, écartez-vous de moi, vous qui commettez
l’iniquité... « vous qui pratiquez la non-loi » pourrions-nous
traduire...
N’est-ce
pas rude à entendre ? Et dire que c’est la fin du discours sur la
montagne. Allons-nous rester définitivement perplexes ? Jésus continue
alors avec la petite image des deux hommes qui construisent leur maison. Ils
œuvrent apparemment de la même manière. Un sur le roc, l’autre sur le sable.
Les deux connaissent la tempête. Nul en cette vie n’est épargné, nul ne connaît
une vie sans épreuve, sans nuage, sans tempête. Une maison s’écroule, l’autre
tient... Et cette image illustre la différence entre celui qui écoute la parole
et la met en pratique et celui qui écoute et ne met pas en pratique...
Les deux
ont bâti une maison. On pensait : alors, les deux ont mis en pratique. Et
bien non, celui qui met en pratique, c’est celui qui bâtit sur le roc. Tandis
que celui qui bâtit sur le sable, même s’il bâtit une superbe maison, ne met
pas en pratique.
Ici Paul
rejoint Jésus... c’est la foi qui distingue les deux hommes, leur agir
extérieur est identique, mais il est vécu différemment.
Bâtir sur
le sable, c’est bâtir sur la Loi, sur les « œuvres de la Loi » qui « nous
justifient ». Bâtir sur le roc, c’est peut-être faire les mêmes « œuvres
», mais fondées sur la foi au Dieu de Jésus-Christ, en suivant la loi
nouvelle : aimer Dieu et le prochain, avec une préférence pour les petits,
les marginalisés, les oubliés,… N’être qu’amour.
Jésus nous
invite à une cohérence de vie, que notre prière et nos actes soient emplis du
même amour, de la même foi. Il s’agit de faire la volonté du Père des
cieux : bâtir le royaume de justice et de paix, dans la fraternité et la
solidarité, tel que Jésus a tenté de nous l’enseigner au long de ce discours
sur la montagne. Laisser l’Esprit inspirer notre prière comme notre action pour
être vraiment les enfants de notre Père des cieux.
Sr Thérèse-Marie
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