méditation pour la fête de st Joseph (2 Sam 7, 4...16 / Ps
88 / Rm 4, 13...22 / M 1, 16...24a)
La liturgie nous joue parfois de sérieux tours. Aujourd’hui,
le calendrier des saints l’emporte sur le carême, pour mettre au centre saint
Joseph : disons, elle essaye de nous faire mettre au centre, en pleine
lumière, un homme de l’ombre ! Un homme dont on ne sait quasi rien, et qui
n’a eu de cesse de s’effacer devant un mystère qui le dépassait !
Si vous voulez consacrer le reste de la journée à méditer
sur les paroles de saint Joseph,... vous aurez vite fait ! On ne trouve
pas une parole, pas un seul mot prononcé par lui au long des évangiles,
évangiles dont il disparaît d’ailleurs très rapidement. Rien, pas même un fiat
à l’ange qui vient en songe lui demander de prendre chez lui Marie. Dieu lui
parle par la voix d’un ange et lui se tait. Plus justement, il répond mais par
des actes : quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange lui avait
prescrit. Voilà notre homme ! (mari idéal ?)
Il ne nous reste donc qu’à guetter ce que nous dit cet homme
par son être, par ses actes. A regarder devant quel mystère il s’efface
résolument.
Joseph est fils de David ! Et la première
lecture nous parle de ce David : le roi, élu de Dieu. David s’était
installé à Jérusalem et se reposait de ses victoires... Il a pensé bâtir un
temple, pour que Dieu puisse aussi s’installer, se reposer au milieu de son
peuple. Et Nathan vient lui dire : non, pour le Seigneur, l’aventure est
loin de s’achever. Son œuvre de salut est en route, avec une visée bien plus
large que la paix qui règne autour de David à ce moment. Le Seigneur promet
alors une descendance à David, une descendance à laquelle, lui, Dieu se lie
pour toujours : je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils.
Joseph est fils de David. Il est de la lignée qui au travers des ans est restée
dépositaire de cette promesse d’un messie.
Joseph est un homme juste, nous dit encore Matthieu.
Qu’est-ce à dire ? Saint Paul écrit, au sujet d’Abraham, le père des
croyants, que l’on devient juste par la foi. Abraham a vécu bien avant Moïse et
le don de la loi au Sinaï. Abraham n’a pas connu cette loi. S’il était juste,
c’est par grâce, par don de Dieu, non pour avoir bien suivi la loi. Et, nous
dit saint Paul, Abraham est dépositaire de la promesse de Dieu : celle de
recevoir le monde en héritage. Promesse faite à Abraham et à sa descendance,
c'est-à-dire à tous ceux qui par la foi sont devenus des justes. Abraham a espéré
contre toute espérance, il a mis sa confiance en Dieu. En raison de sa
foi, Dieu a estimé qu’il était juste.
Joseph, homme juste, est donc non seulement fils de David
mais aussi fils d’Abraham. Enfin, dernière filiation mentionnée par
Matthieu : Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut
engendré Jésus, que l’on appelle Christ.
C’est à cet homme, fils de Jacob, fiancé à Marie, que
Dieu vient parler en songe pour annoncer l’inouï, pour lui confier l’inouï. Ne
crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse. L’enfant qui est engendré en
elle vient de l’Esprit Saint. Elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras
le nom de Jésus (c'est-à-dire Dieu sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple
de ses péchés.
En accueillant l’enfant, en lui donnant son nom, Joseph
adopte cet enfant, et par là, le fait entrer dans la lignée davidique. Joseph
permet à Dieu d’accomplir en Jésus la promesse faite à David. Il accueille le
messie en ce petit enfant.
Homme juste, il donne sa foi à la parole de Dieu. Et par sa
foi, il dépasse la loi selon laquelle il aurait dû répudier Marie et il
obéit à Dieu : Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange lui avait
prescrit.
Par sa foi, il accueille Jésus au sein de la descendance
d’Abraham, Père des croyants. L’accomplissement de la promesse faite à David,
dépasse la lignée de David. Le Sauveur qui vient est donné au peuple des croyants.
Joseph, fils d’Abraham, fils de David, disparaît alors aussi
vite de la scène, en nous présentant l’enfant, Jésus, dépositaire de toute
promesse. Cette page d’évangile nous invite à contempler les méthodes de notre
Dieu. Quand il décide de s’incarner, il le fait vraiment. Aussi, Dieu le Père
demande à un homme, Joseph, fils d’Abraham, fils de David, fils de Jacob
d’adopter son fils, de lui apprendre le chemin de l’humanité.
Voici notre Dieu, enfant fragile né de Marie, confié à la
garde d’un homme juste.
Joseph aujourd’hui, nous invite à contempler son fils
adoptif : le Fils de Dieu.
Le cœur de notre foi nous est proposé : quand Dieu
s’incarne, il partage vraiment notre humanité. N’espérons pas qu’il intervienne
en notre monde, comme un magicien, ou qu’il débarque comme un martien... C’est
en prenant visage d’homme qu’il vient Sauveur, Dieu avec nous.
Sr Thérèse-Marie
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