1er Dimanche de carême A
Nous voici donc entrés dans le Carême, dans la quarantaine
pascale. Nous voici sur la route de Pâques.
Les lectures que nous propose la liturgie, comme celles de
dimanche dernier, appel à notre liberté d'orienter nos vies soit
vers ce qui ne peut que mourir, soit vers ce qui demeure en vie
éternelle. Et cette liberté semble bien difficile à manier.
En effet, à peine Adam et Eve ont-ils reçu le souffle de vie
qu'ils se trouvent devant un choix radical: faire confiance au Dieu qui les a
créés ou s'en affranchir, ne pas croire en Sa parole, le regarder comme un
rival..
Et ils tombent dans le piège de la séduction de leurs
désirs... mais au lieu de se voir revêtus de la divinité, du pouvoir et de la
gloire convoités, ils se découvrent nus et se cachent.
A peine sortis du pays d'Egypte, les Hébreux sont prêts à
renoncer à leur liberté et à préférer les marmites de nourriture au pays de
l'esclavage. Ils oublient leur vocation de fils et le désert devient le lieu
des murmures incessants et des révoltes contre Dieu et contre Moïse.
A peine Jésus est-il baptisé, qu'il est confronté lui aussi
à un choix radical.
Rappelons-nous la voix du Père qui s'est fait entendre au
baptême: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de
choisir ». C'est bien sur ce point que le tentateur le provoque: « Si
tu es Fils de Dieu... » Mais Jésus résiste à la tentation d'accaparer ce
titre à son profit et il choisit d'être vraiment Fils en s'en remettant
totalement entre les mains du Père.
Les récits du baptême et de la tentation sont comme un
dialogue initial entre le Père et le Fils au seuil de la vie publique de Jésus;
dialogue qui nous révèle la relation profonde de Jésus à son Père et qui va
éclairer toute sa vie d'une clarté divine, source de son assurance.
Les tentations de Jésus sont celles du peuple hébreu au
désert... Mais, pour les surmonter, il s'appuie sur la Parole de Dieu.
Matthieu rapporte 3 tentations -le chiffre 3 est symbole de
plénitude et suggère la tentation permanente à laquelle Jésus sera confronté
jusqu'à son dernier souffle. C'est tout au long de sa vie que Jésus sera tenté,
c'est tout au long de sa vie qu'il choisira de répondre en Fils.
Au désert, comme les Hébreux, Jésus est
tenaillé par la faim mais il refuse de céder à la tentation de l'assouvir en
détournant à son profit sa qualité de Fils. Aujourd'hui nous dirions: il refuse
de céder à la tentation de la facilité et du tout, tout de suite. Un jour,
pourtant, Jésus multipliera les pains dans le désert mais ce sera pour une
foule affamée et ce sont les disciples qui les distribueront à partir de leurs
5 pauvres petits pains montrant ainsi que dans le partage il y a assez pour
chacun. « L'homme ne vit pas seulement de pain, dit Jésus, mais de toute
parole venant de la bouche de Dieu », de cette loi d'amour qui nous
décentre de nous-mêmes et tourne nos regards vers les besoins de nos frères et
sœurs... Plus tard, Jésus, le Verbe, la Parole de Dieu faite chair, se fera
lui-même nourriture, pain de vie pour nous tous.
Le diable n'a pas réussi dans le désert, il emmène Jésus sur
le sommet du temple, lieu de la présence de Dieu, de la prière.
Or déjà les prophètes avaient dénoncé le culte inutile qui s'y pratiquait:
« ce peuple m'honore des lèvres mais son coeur est loin de moi, disait
Dieu par le prophète Isaïe »(Is 29,13) Au lieu de servir Dieu on se
servait de Lui pour s'enrichir, pour se glorifier. Jésus refuse ce marchandage.
Il refuse de mettre Dieu au défi de manifester sa présence par un signe
grandiose: « tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » Il sait que sa
mission est, au contraire, de purifier ce temple pour en faire une maison de
prière pour tous les peuples.
Après le temple, c'est sur la montagne que
Jésus est emmené. C'est là que Dieu avait donné la Loi à Moïse: « Ecoute
Israël, c'est moi le Seigneur ton Dieu... Tu n'auras pas d'autre Dieu que
moi... Tu ne te prosterneras pas devant des dieux étrangers, tu ne les serviras
pas... » (Dt 5) Pourtant au pied de cette montagne, le peuple a eu tôt
fait de se fabriquer un veau d'or, d'en faire son dieu pour qu'il marche à sa
tête et de se prosterner devant lui.
Jésus résiste à la tentation de l'idolâtrie, la tentation
d'un messianisme à la mesure des attentes et des ambitions humaines tout comme
il s'éclipsera le jour où on voudra le faire roi ou qu'il tancera Pierre qui
veut le détourner du chemin de souffrance.
Ancré dans le mystère de son baptême, de sa conscience
d'être Fils, Jésus trouve la force de résister aux multiples sollicitations de
la facilité, de la domination, du pouvoir, de la gloire. En tant que Fils il se
sait appelé à la mission de ramener vers son Père, ce peuple toujours enclin à
prendre son autonomie et à refuser la confiance.
Sa victoire sur les tentations n'est pas seulement pour nous
un modèle mais elle nous donne l'assurance de notre propre victoire . C'est ce
que nous dit saint Paul: à cause de Jésus, tous ceux qui reçoivent le don de la
grâce, cette grâce qui nous ajuste au projet de Dieu, entreront dans la Vie.
Cette grâce, nous l'avons reçue par le baptême.
Que ce carême soit chacun de nous un temps privilégié pour
revenir à la grâce de notre baptême, pour renouveler notre confiance en Dieu,
en son amour et la manifester en refusant résolument tout ce qui nous en
détourne...
Alors, en toute vérité, nous pourrons lors de la veillée
pascale, renouveler notre profession de foi et par 3 fois, c'est-à-dire en y
engageant toute notre vie, nous renoncerons à Satan et au péché pour accueillir
dans une fraîcheur nouvelle, avec tous les nouveaux baptisés de Pâques, la Loi
d'Amour, ce chemin de vie que nous ouvre la Résurrection du Christ.
Sr Elisabeth
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