Méditation pour le 4ème dimanche du Temps ordinaire année
B
J’aimerais
vous voir libres de tout souci ! Allez, avouez-le, vous m’attendez
pour vous expliquer que bien entendu, les sœurs n’ayant pas de mari n’ont de
souci autre que d’aimer le Seigneur ! Merci Saint Paul pour ce piège
matinal ! Il faudrait en fait commencer par traduire préoccupations
(inquiétudes, tracas...) plutôt que soucis qui a plus une connotation
d’agacement et d’irritation... et bien noter que Saint Paul, constate aussi
vite que nul n’est sans préoccupation : celui qui ne se marie pas,
en vue de vivre pour Dieu, se préoccupe des affaires du Seigneur, il choisit
d’ordonner tout son amour en fonction de Dieu, ce qui ne le libère en rien de
toute préoccupation matérielle, mais oriente toute son activité en vue de ce
seul amour.
Père Marc
de l’abbaye d’Orval, disait que les moines et moniales étaient des pauvres
gens, qui avaient besoin des grands moyens pour parvenir à la vie chrétienne à
laquelle tous sont appelés ! Je me rallie aisément à cette vue.
Je crois
que nous pouvons recevoir cet extrait de la première lettre aux Corinthiens
comme une invitation lancée à tous, ce matin : revenir à l’essentiel,
centrer notre vie sur Dieu, qui nous aime et veut se donner à nous ! Et
une fois ainsi centrés nous pourrons alors aller à la rencontre des personnes
et des événements le cœur paisible, habité d’un amour plus fort que toute mort,
que toute épreuve... nous pourrons orienter toute notre activité en vue du
Royaume auquel tous nous sommes invités.
Le psaume
nous a exhorté : aujourd’hui écoutons la voix du Seigneur, que
cette voix soit plus forte que tout, et atteigne notre cœur. Il nous a
faits, et nous sommes à lui. Voilà la source de notre vie confiante !
Mais, tant
que nous sommes, nous savons bien par expérience qu'écouter la voix du Seigneur
n’est pas chose aisée ! Déjà le peuple de la première alliance avait fait
cette même expérience : il était terrifié. Le peuple au désert avait interprété
les grandes manifestations de la nature : tonnerre, éclair, feu... comme
autant de manières pour Dieu de parler. On comprend la réaction du peuple, qui
dit alors à Moïse : nous ne voulons plus que Dieu nous parle directement,
qu’il nous parle par un homme comme toi et nous, alors nous écouterons, sans
être terrorisés. Et le Seigneur avait accepté cette demande, et promis de
donner un prophète, un homme qui porterait sa parole au peuple.
Cet homme
nous le trouvons dans l’évangile, le voici qui entre à la synagogue de
Capharnaüm, et parle au peuple rassemblé le jour du sabbat. Et tous s’étonnent
de son enseignement, car il enseigne avec autorité, et non comme les scribes.
Si on regarde le terme grec qui est sous-jacent, pour tenter de comprendre ce
que signifie « enseigner avec autorité », on trouve un terme qui dit
le pouvoir, la capacité, la liberté... Jésus devait parler en homme libre, avec
cette totale adéquation entre sa parole et son agir. Comme aux premiers versets
de la Bible, en Dieu la parole fait ce qu’elle dit !
Le peuple
avait demandé que Dieu parle par un homme, voici Jésus, au milieu des hommes
leur parlant, simplement, naturellement, mais cette parole n’en est pas plus
facile à entendre. A sa parole, un homme se met à crier : Que nous
veux-tu Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais
fort bien qui tu es, le Saint, le Saint de Dieu !
Es-tu
venu pour nous perdre ? le peuple au désert avait peur de
mourir s’il écoutait directement la voix de Dieu. Cet homme habité d’un esprit
mauvais, comprenez d’un esprit opposé à Dieu, se sent mis en danger par la
seule parole de Jésus. Es-tu venu pour nous perdre ? Et Jésus
interpelle, et muselle cet esprit : Silence, sors de cet homme.
Non, Jésus n’est pas venu pour perdre, mais pour sauver, pour rendre cet
homme à sa liberté. Il était enchaîné en lui-même par un esprit qui le
détruisait, Jésus le libère.
On comprend
que ce premier geste de Jésus, geste de libération, se passe à Capharnaüm, dont
le nom signifie : ville de la compassion, de la consolation.
Jésus nous
fait entrer dans une nouvelle intelligence de la Parole de Dieu, elle n’est
point là pour terrifier, terroriser, faire mourir, mais pour faire vivre.
Mais
écouterons-nous cette parole ? l’accueillerons-nous ?
accepterons-nous qu’elle vienne nous toucher là où nous sommes enchaînés par un
esprit mauvais, par des pensées qui sont mortifères, et nous écartent de lui.
Comment
n’avoir souci que de notre seul amour qui est Dieu ? en se laissant
toucher par sa Parole, en se laissant guérir par sa Parole.
Aujourd’hui,
écouterons-nous cette Parole ?
Aujourd'hui,
pour chacune et chacun de nous, pour nos communautés, par quels humains Dieu
nous parle-t-il ? Et à quoi nous invite-t-il ? Et comment sommes-nous
touché(e)s au cœur par ces paroles humainement divines ou divinement humaines ?
Sr Thérèse-Marie
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