24e dimanche du Temps Ordinaire Année A
(2011)
Si 27,
30-28, 7 ; Ps 102 ; Rm 14, 7-9 ; Mt 18, 21-35
En ce
dimanche, l’Evangile se situe dans la même ligne que les deux dimanches
précédents : Jésus nous enseigne la vie en Eglise.
Et, plus
précisément, il nous parle aujourd’hui du pardon : cette question peut
nous concerner tous et chacun.
Voyons ce
qu’en disent les textes d’Ecriture de ce jour… à leur lumière, nous pourrons en
dégager un message pour notre vie.
Dès le
Premier Testament, l’extrait du Siracide place la question du pardon
sous l’angle de l’Alliance.
Selon le
sage de ce livre, c’est notre relation à Dieu qui est l’adjuvant de l’oubli des
fautes.
L’enseignement
qu’il nous livre ici témoigne de son expérience de vie :
Nul être
humain n’est exempt de péché ; chacun demande au Seigneur le pardon de ses
fautes.
Dès lors,
personne ne peut logiquement retenir les torts des autres, s’il veut être
pardonné pour les siens.
L’auteur invite
ainsi à une mise en perspective : se décentrer de la faute que l’on a
commise à notre égard pour se souvenir de la perspective de la mort et du
respect des commandements de Dieu.
Tel est un
des enseignements de la Sagesse du Premier Testament.
Dans
l’Evangile, Matthieu rapporte une question que Pierre adresse à
Jésus :
« Seigneur,
quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui
pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Remarquons
d’emblée que Pierre s’interroge sur le pardon à accorder à un frère,
c’est-à-dire au sein de la communauté ecclésiale.
La
perspective est ici plus restreinte que dans la lecture du Siracide, où
l’on parlait des fautes commises par « un homme ton semblable ».
La
référence de Pierre au pardon accordé « sept fois » opère déjà un
dépassement par rapport à la coutume juive où l’on parlait de pardonner
« deux ou trois fois ».
Ce chiffre
« sept » est un chiffre parfait ; plutôt que du fait de
pardonner successivement sept fois, il pourrait s’agir du pardon accordé
parfaitement.
Mais Jésus
va plus loin et enjoint à Pierre de pardonner « jusqu’à septante fois sept
fois ».
On ne peut
pas imaginer un pardon plus largement accordé…
Pour
l’illustrer, Jésus propose la comparaison du Royaume des cieux, où un roi
voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Dans cette
histoire, deux débiteurs sont situés face à leurs créanciers.
Le premier
débiteur est un roi, face à son serviteur ; le second met en scène deux
compagnons.
Les sommes
dues sont très différentes : l’un doit l’équivalent de 40 millions
d’euros ; l’autre, à peine 66.
Sachant
que, dans le contexte de l’époque, la somme de 10.000 est le nombre le plus
élevé que l’on puisse concevoir, le message est clair :
Le premier
débiteur n’aura jamais la moindre chance de s’acquitter de sa dette, même par
la prison.
Lorsque ces
deux débiteurs sont confrontés à leurs créanciers respectifs, les situations
sont à peu près équivalentes.
Ils
prononcent d’abord une parole « Prends patience envers moi et je te
rembourserai », et y ajoutent un geste de supplication, celui de la
prostration.
Par contre,
la réaction des deux créanciers est opposée.
Le premier
est « saisi de pitié » : littéralement « pris aux
entrailles ».
Ce verbe
caractérisait Jésus devant la foule.
La racine
de ce verbe exprime la compassion ressentie au creux des entrailles.
Saisi de
pitié donc, le premier créancier remet la dette.
Par contre,
le second, qui, rappelons-le, est « compagnon » de son débiteur,
refuse de s’émouvoir et jète celui-ci en prison jusqu’à ce qu’il ait tout
remboursé.
Et en ce
qui nous concerne : Quel est le message de Jésus en cet
enseignement ? Quel chemin de pardon nous indique-t-il ?
Le roi dont
il est question est Dieu lui-même, face auquel nous sommes des débiteurs qui ne
pourront jamais rembourser notre dette.
Par contre,
le compagnon de la seconde histoire nous représente tous et chacun…
Par cette
comparaison, Jésus veut nous interpeller.
Lorsqu’on
nous a causé du tort, adopterons-nous l’attitude du roi qui remet toutes les
dettes, ou celle du compagnon impitoyable ?
Mais au
fond, comment accorder le pardon, lorsque des personnes nous ont causé des
souffrances parfois si douloureuses ?
Plusieurs
étapes pourraient nous y aider.
D’abord
reconnaître combien le prochain a eu tort de nous blesser. Nier la blessure ne
conduira pas au pardon.
Ensuite,
peu à peu renoncer au ressentiment auquel nous aurions droit et sacrifier à
Dieu ce ressentiment, pour laisser croître en nous le désir de pardonner.
Enfin,
détourner l’attention que j’accorde à la faute commise pour tourner petit à
petit mon attention vers un autre pardon, celui dont je suis bénéficiaire.
Oui, Dieu
m’aime d’un amour inconditionnel et il le concrétise bien souvent par son
pardon…
Cet acte de
pardonner est proprement divin !
Nous
pouvons demander au Seigneur de nous en montrer le chemin…
Rendons-lui
grâce de nous partager ses prérogatives… et chantons avec le psalmiste :
« Il
pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie…
Bénis le
Seigneur, ô mon âme,
N’oublie
aucun de ses bienfaits ! »
Amen
Sr Marie-Jean (11 sept 11)
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