Fête de la Croix Glorieuse
(Livre des Nombres 21,4b-9; saint Jean 3,13-17 )
Il y a 40 jours, nous fêtions la transfiguration du Seigneur
qui se révélait enveloppé déjà de la lumière de la résurrection. C'est cette
même lumière pascale que la foi de l'Eglise fait rejaillir aujourd'hui, sur la
Croix elle-même.
Célébrer la Croix glorieuse, c'est affirmer que mort et
résurrection en la personne du Christ, c'est tout un, qu'elles sont
inséparables.
Ce que nous célébrons dans le Triduum pascal en l'étalant
quelque peu dans le temps... et c'est bien nécessaire pour intégrer, pour
accueillir le sens profond de ces événements... ce que nous célébrons en 3
jours lors de la Semaine Sainte, la fête de la Croix glorieuse nous permet d'en
faire une seule gerbe, nous rappelle que la glorification du Christ et le salut
du monde sont opérés sur la Croix, sont opérés dans le don total que le Christ
fait de sa vie.
« Ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la
donne. »
« Si l'on veut te prendre ta tunique, avait dit Jésus,
donne aussi ton manteau » le seul moyen de ne pas se laisser dépouiller,
c'est d'aller au devant de celui qui veut prendre et de donner au delà de toute
attente.
Et voilà que le crucifié donne le salut; l'arbre de mort,
devient l'arbre de la vie.
Dans un renversement inouï de situation, Jésus a fait de sa
mort une arme pour tuer la haine dans le coeur de ses bourreaux; il en a fait
une arme pour détrôner la mort dans son propre royaume, l'enfer, et remettre
debout Adam et tous ceux qui à sa suite étaient sous l'emprise de la mort. Car
le lieu de la mort, c'est l'enfer, le shéol, et nous l'imaginons sous terre, là
où la vie ne peut pas pénétrer... Sur la Croix, le Christ élève, si l'on peut
dire, la mort et la place dans une perspective nouvelle, celle du ciel, de la
demeure de Dieu, lieu de la vie en plénitude.
La première lecture nous le laisse pressentir à travers le
serpent de bronze que Moïse fait placer sur un mât pour qu'en le regardant les
Hébreux soient guéris de la blessure mortelle infligée par les serpents. Le
serpent qui porte la mort, devient par son élévation signe de vie et de
salut... non par un rite magique, non parce que Moïse aurait éliminé les
serpents et avec eux la mort mais parce qu'en l'élevant, il l'a arraché à sa
signification habituelle de porteur de mort. Le serpent ainsi élevé attire le
regard des Hébreux vers le ciel, vers Dieu de qui vient le salut et les invite
à renouveler leur confiance au lieu de s'enfoncer dans la révolte.
Depuis que le Christ a lui aussi été dressé sur un mat, dans
le don suprême de sa vie, il n'y a plus rien de morbide à regarder la Croix car
ce n'est pas par son aspect sacrificiel et sanglant qu'elle est source de salut
mais parce qu'elle est l'expression ultime de l'amour de Dieu et qu'elle
devient ainsi source de vie.
La croix, nous pouvons la contempler, la célébrer, l'exalter
car elle est devenue pour tout croyant l'arbre de la Vie. Dans la Genèse, après
le péché d'Adam, Dieu avait dit; 'Que l'homme n'étende pas la main et ne
cueille aussi de l'Arbre de vie, n'en mange et ne vive pour toujours »
Ce que Dieu refuse à la convoitise de l'homme, il l'offre
gratuitement. La vie éternelle, fruit de l'amour du Père et de l'offrande du
fils nous est DONNEE.
« Ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la
donne. »
Sr Elisabeth
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