Pour
partager autour de la fête de la Trinité:
(année A
lectures: Ex 34,4b-6.8-9; Cant Dn 3, 52-56; 2 Co 13,11-13; Jean 3,16-18)
Me
permettez-vous un peu d’impertinence ? Dites-moi, qu’est-ce que cela
change dans votre vie que Dieu soit Trinité ? Ne sommes-nous pas trop
habitués au signe de croix, à la salutation du début de l’eucharistie, qui est
issue de la lettre de st Paul aux Corinthiens que nous venons de relire. Ces
paroles sont-elles encore du feu pour nous ? Qui est ce Dieu pour
nous ?
Ce pourrait
être un beau sujet de partage au long de cette semaine... Commençons-le en
accueillant le témoignage de Moïse, de Daniel, de Jean et de Paul.
Demandons-leur : "qui est Dieu pour vous" ?
Cette
question a hanté les générations au fil des siècles. Et les réponses ont été
tâtonnantes, hésitantes et parfois fulgurantes !
Moïse a reçu
mission de délivrer le peuple soumis à l’esclavage d’Égypte pour en faire un
peuple d’êtres libres, partenaire d’une alliance avec Dieu lui-même. Et ce ne
fut pas mince affaire... plus d’une fois le peuple s’est rebellé. Moïse a peiné.
Et il a fini par demander à Dieu de lui faire voir son visage. Dieu n’a pas
vraiment obtempéré, il a caché Moïse dans le creux du rocher, le temps qu’il
passe devant lui, et Moïse n’a pu le voir que de dos, mais par contre Dieu, lui
a donné son nom : Le Seigneur, le Seigneur, tendre et miséricordieux,
lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. Fameuse révélation, que
Moïse a prise au mot : Et bien si tu es lent à la colère
(littéralement long de narines... donc la moutarde lui monte moins vite
au nez !) tu pardonneras à ton peuple, même s’il a la tête dure !
Car oui, donner son nom, pour le peuple de la Bible, c’est se livrer, donner à
l’autre d’avoir prise sur soi ! Et Moïse de convoquer son Dieu, pour
marcher avec le peuple. Voilà Dieu pour Moïse, Dieu avec Moïse. Pas
banal ! Avons-nous la même foi, la même familiarité ?
Nous
pourrions croire que le Cantique de Daniel que nous avons chanté, a
trouvé cette révélation trop forte, et s’est empressé de renvoyer Dieu sur son
trône de gloire dans le ciel ! Mais ce serait oublier qui chante ce
cantique : trois hommes jetés dans une fournaise de feu, pour avoir voulu
rester fidèles à ce Dieu libérateur. Et au creux de la fournaise,
Nabuchodonosor qui les a fait jeter ligotés, les voit chantant, libres,
accompagnés d’un être qui ressemble à un fils de Dieu. Pour ces trois
Israélites, l’amour de Dieu est tel, qu’il vaut mieux se laisser jeter dans une
fournaise de feu, que de le renier. Et voici qu’au creux de la fournaise, Dieu
les rejoint. Dieu marche avec son peuple opprimé. Reconnaissons-nous les pas de
Dieu sur nos chemins de détresse ? Pouvons-nous le louer en toutes
circonstances, car il est venu partager nos vies ? Daniel nous y
invite.
Écoutons st
Jean, son évangile se résume en une seule déclaration : Dieu
aime ! Dieu est amour ! Le Père nous aime tellement qu’il nous donne
son Fils ! Comment avec son Fils n’aurait-il pas tout donné ? Dieu
aime au point de refuser de juger le monde, mais de désirer le sauver ! Dieu
aime au point d’avoir pour nous un infini respect : il ne s’impose pas. Il
s’offre à notre amour. C’est nous qui choisissons de l’accueillir ou non, de
répondre ou non à son amour. Là est notre liberté, là est la grandeur de
l’amour de Dieu. C’est nous-mêmes qui décidons, ce n’est pas lui qui
juge ! Dieu est amour, il ne peut que ce que peut l’amour !
Saint Paul
achève la liste des témoins du jour : il invite les Corinthiens à chercher
à vivre d’accord entre eux, à vivre en paix. Car au creux de cet accord, de
cette paix, ils goûteront la présence du Dieu d’amour et de paix !
Dans le
partage d’amitié, ils recevront l’amitié de la Trinité elle-même : la
grâce de Jésus, la communion de l’Esprit, l’amour du Père.
Toute
étincelle d’amitié, est goût de Dieu.
Déjà
Lacordaire l’avait merveilleusement chanté :
Il n’y a pas deux amours, mon ami ;
l’amour du ciel et de la terre sont le même,
excepté que l’amour du ciel est infini.
Quand vous voulez connaître ce que Dieu sent,
écoutez le battement de votre cœur,
et ajoutez-y seulement l’infini.
Ce que ça change, que Dieu soit Trinité ? La présence de
Dieu, au cœur de nos tendresses, de nos amitiés, de nos amours. La dimension
d'infini qu’il y dépose !
Sr Thérèse-Marie
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