fête de
Saint Aubain : Matthieu 10,17-22
C'est un
texte sans équivoque que la liturgie nous offre un peu comme le testament de st
Aubain, amené à rendre témoignage de sa foi jusqu'au martyre.
Le passage
que nous venons d'entendre se situe au coeur d'un long discours dans lequel
Jésus donne à ses disciples des instructions très précises pour mener à bien la
mission qu'il va leur confier et qui n'est autre que celle de Jésus
lui-même : annoncer que « le Royaume de Dieu est proche »,
guérir, purifier, ressusciter les morts...
« Comme
le Père m'a envoyé, dira Jésus au soir de Pâques, moi aussi je vous
envoie » Si la mission des disciples est le prolongement de celle du
Christ, faut-il s'étonner que le sort qui leur est réservé soit le sort même du
Christ ?
Et Matthieu
prend le temps de nous le faire pressentir : à la fin de ce discours, on
s'attendrait à voir les disciples partir 2 à 2 comme nous le relatent Marc et
Luc... Mais Matthieu nous dit que c'est Jésus qui part pour enseigner et
proclamer dans les villes... et il nous le montre en butte avec ses
adversaires. L'évangéliste montre ainsi dans la personne même de Jésus ce qu'il
advient aux envoyés.
L'évangile
ne laisse subsister aucun doute, aucune illusion : mission et persécution
sont intimement liées. Ainsi prévenus les disciples ne seront pas pris au
dépourvu et ils pourront découvrir dans leur épreuve l'occasion d'un témoignage
authentique.
« Prenez
garde aux hommes» : Jésus, quand il va à la rencontre des hommes, ne
fonce pas tête baissée, emporté par un amour quelque peu euphorique ; il
fait preuve de discernement car « Dieu connaît les pensées de l'homme et
qu'elles sont du vent » et à plusieurs reprises les évangélistes nous
disent que Jésus avait le don de pénétrer les esprits et les coeurs pour
débusquer les raisonnements hostiles. L'amour de Dieu ne se fonde pas sur des
illusions mais ne se laisse pas arrêter non plus par l'adversité, st Paul nous
le rappelle. C'est pourquoi Jésus, sans occulter le commandement de l'amour,
invite à la prudence : « éprouver les esprits pour voir s'ils sont de
Dieu » dira aussi st Benoît. Mais en même temps il invite aussitôt à la
confiance, car c'est là que réside le véritable témoignage. Le mal n'aura pas
le dernier mot. Puisque c'est en son nom que les disciples seront persécutés,
Jésus se porte garant de la présence à leur côté de l'Esprit du Père. C'est au
coeur de la persévérance que les gouverneurs, les rois et les païens
découvriront l'oeuvre de Dieu dans le coeur de celui qui se fie en lui.
Détenteur
de la mission même du Christ, soumis à la persécution qui sera celle du Christ,
tout apôtre aura à livrer le même témoignage d'une confiance inébranlable.
Témoignage
qui ne résidera pas dans des paroles subtiles, dans des discours de sagesse
mais dans l'ouverture et la transparence à l'oeuvre de l'Esprit en eux :
« l'Esprit de votre Père parlera en vous »...
Leçon dont
les disciples se souviendront eux qui, après la résurrection, sortiront du
sanhédrin tout joyeux d'avoir été trouvés dignes de subir des outrages pour le
nom du Christ.
Conviction
que dès le début de la prédication chrétienne, Etienne manifestera de manière
éclatante. (Ac 6,10)
La haine de
tous semble bien être le lot de tout témoin du Christ et être aussi le lieu
privilégié d'un témoignage authentique qui ne trompe pas : tenir jusqu'à
la fin dans une persévérance infatigable et une confiance inaltérable en la
promesse du salut.
Mais
faut-il attendre des situations extrêmes pour être témoin ? Le témoignage
de la foi serait-il réservé aux martyrs héroïques qui vont jusqu'à donner leur
sang pour le nom du Christ ?
Saint
Benoît nous ramène à l'humble réalité de la vie quotidienne. Nous dit-il en
effet autre chose dans le 4ème degré d'humilité qu'il nous propose ? Il
nous y invite à embrasser la patience dans circonstances parfois dures et
difficiles où nous met l'obéissance, à supporter les injustices sans se lasser
ni reculer, à marcher résolument à travers contradictions et
incompréhensions... s'appuyant sur la conviction profonde de st Paul :
« En toutes ces épreuves, nous remportons la victoire, grâce à Celui qui
nous a aimés ».
Si Jésus
invite ses disciples à partir sans provision ni vêtement de rechange, il leur
propose une arme : la foi en l'amour du Père.
Sr Elisabeth
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire