Méditation pour le 4ème dimanche du Temps ordinaire C
Avez-vous
au long de la semaine médité l'évangile de dimanche dernier ? Vous êtes-vous
glissés parmi les gens de Nazareth, en leur synagogue pour entendre Jésus lire
les mots d’Isaïe : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le
Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux
pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils
verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de
bienfaits accordée par le Seigneur. Avez-vous pris le temps de vous asseoir
et d’écouter Jésus dire : Cette parole de l'Écriture, que vous venez
d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit.
Alors
qu’avez-vous découvert ? qu’avez-vous vécu au plus intime ?
Vous avez
accueilli l’Esprit, vous avez perçu l’appel qui vous était lancé, devenir à votre
tour porteur de la Bonne Nouvelle, vous avez découvert l’envoi prononcé sur
vous, pour aller vers les pauvres, les prisonniers, les aveugles, les
opprimés... vous avez annoncé les bienfaits du Seigneur...
Dites-moi,
la joie est-elle montée en votre cœur ? ou la peur ?
l’angoisse ? Ce n’est pas rien d’être porteur d’un tel message... à preuve
voyez la réaction des personnes de la synagogue de Nazareth...
L’évangile
aujourd’hui nous rapporte que tous rendaient témoignage à Jésus, mais en même
temps s’étonnaient. Ils s’étonnaient du message de grâce, nous dit
Luc... et pour sûr, les contemporains de Jésus connaissaient ce passage du
livre d’Isaïe, ils savaient la suite : l’envoyé dont parle Isaïe avait
reçu mission non seulement de proclamer une année de grâce de la part du
Seigneur mais aussi un jour de vengeance pour notre Dieu. L’année de
grâce annoncée, c’était l’année jubilaire, une année où l’on remettait les
montres à l’heure, une année où toutes les inégalités et injustices étaient
gommées. Une année où le peuple devait œuvrer à recréer la fraternité pour
tous.
Le jour
de vengeance, tous
l’attendaient : ce jour où Dieu enfin allait remettre de l’ordre, bouter
les Romains dehors, et corriger vertement les pécheurs, et tous ceux qui
dérangent et tombent sous les regards juges, désapprobateurs...
Alors il y
a de quoi s’étonner... car Jésus ne laisse plus place qu’à la parole de
grâce ! Dites-moi, cela vous fait plaisir que les prisonniers soient
libérés ? vous pouvez vous réjouir avec notre Dieu pour cette grâce ?
Imaginez...
Jésus vient de proclamer un oracle qui l’envoie aux nations plutôt qu’à ses
proches, qui l’envoie aux pécheurs plutôt qu’aux bons pratiquants rassemblés en
la synagogue ce jour-là, qui l’envoie aux aveugles qui n’ont sans doute pas
trouvé le chemin, aux pauvres qui sont plutôt hors de l’assemblée pour
quémander que partie prenante de celle-ci, aux opprimés...
Est-ce si
étonnant que la foule se soit aussi vite retournée contre Jésus ? Quand un
prophète, un de ses « empêcheurs de penser en rond » se lève, il est
souvent mal accueilli,... Déjà Jérémie avait été averti, sa mission serait
rude. Sa seule force serait dans l’assurance de la présence de Dieu à ses
cotés. Sa seule force serait dans le fait qu’il a reçu mission, qu’il a été
choisi par Dieu, qu’il est connu, aimé de Dieu depuis sa conception.
Jésus est
venu, porteur du message d’amour de son Père, il n’a pas été reçu. Et dans la
liberté de l’Esprit, face à l’opposition, il va son chemin, il passe... dès le
début de sa mission, allusion est faite à sa Pâque, à son passage par la mort
vers la vie.
Si Dieu se
réjouit de ce que les prisonniers sont libérés, comment pourrons-nous nous
réclamer de ce Dieu si nous n’œuvrons pas à cette libération, voire si nous la
contestons ?
Si Dieu
comble de bien les affamés, comment pourrons-nous l’accepter si nous ne nous
mettons pas à vivre comme lui ? à veiller à nos frères et sœurs
affamés ? à partager un minimum de notre richesse avec celles et ceux qui
meurent de faim aux marges de notre société marchande ?
Le visage
de Dieu que vient nous révéler Jésus, Paul l’avait bel et bien découvert. Quand
il nous parle de l’amour, c'est bien le portrait de notre Dieu qu’il
esquisse ? L'amour prend patience ; l'amour rend service ;... nous
pouvons lire : Dieu prend patience, Dieu rend service, Dieu ne
jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien
de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il
n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il
trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en
tout, il espère tout, il endure tout.
Entrons
dans la contemplation de ce Dieu, et que cette contemplation nous transforme,
nous restaure à son image... alors nous aussi, nous pourrons œuvrer au
bien, au pardon, au salut pour toutes et tous. Nous aussi nous arrêterons
d’attendre la vengeance, pour espérer le salut pour tous, et nous retrousserons
nos manches pour le faire advenir par notre vie, par notre amour, par nos
gestes de tendresse et de solidarité.
Aujourd’hui,
la parole de Dieu s’accomplit là où un cœur se met à battre au rythme de celui
de Jésus, cette grâce nous est offerte, nous qui sommes invités aujourd’hui à
être ensemble le corps du Christ !
Sr
Thérèse-Marie
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