Méditation
pour le jour de Noël
Quel Dieu
est grand comme notre Dieu ?
Quel Dieu
est assez grand pour se révéler dans un tout-petit, dans un nouveau-né ?
Les Hébreux
dans le désert s'exclamaient déjà « Quelle est la grande nation dont les
dieux se fassent aussi proches que Yahvé notre Dieu l'est pour nous »
Que
devons-nous penser aujourd'hui en contemplant notre Dieu fait chair en ce petit
enfant couché dans une mangeoire?
Car en
Jésus, nouveau-né, que nous contemplons ce matin dans la crèche, c'est Dieu qui
se manifeste à nous, qui se révèle, qui se dit.
C'est Jésus
que pressent Isaïe quand il nous invite à la joie car « le Seigneur a
montré la force divine de son bras »
Et la
lettre aux hébreux nous laisse bouche bée en nous affirmant que ce Fils, par
qui Dieu nous parle aujourd'hui est « le reflet resplendissant de la
gloire du Père »
St Jean
écrit qu'il reconnait en lui « Le Verbe, la Parole de Dieu, qui s'est fait
chair et qui a habité parmi nous et,dit-il, nous avons vu sa gloire, la gloire
qu'il tient de son Père »
N'est-ce
pas un peu audacieux, un peu utopique, un peu fou de parler de force, de gloire
devant cet enfant, né au milieu d'une étable ?
Mais
justement, en se présentant à nous de la sorte, Jésus vient inaugurer une nouvelle
compréhension de la Gloire si souvent célébrée et magnifiée dans l'histoire du
peuple hébreu, gloire qui de tout temps a facilement été assimilée au faste, au
grandiose, au merveilleux et aussi souvent à la puissance dominatrice.
Noël nous
apprend que ce qui fait la gloire de notre Dieu, c'est qu'il s'est approché de
nous en Jésus. Désormais Dieu est au milieu de nous et ce qui fait sa grandeur
c'est la proximité, la communion qu'il veut créer avec tous les humains.
Dans la
genèse, le serpent avait dit à Adam et Eve, à peine créés: « vous
serez comme des dieux » Mais après avoir mangé le fruit convoité, Adam eut
honte de se voir nu. Dieu le chercha et l'appela : « Adam, où
es-tu ? » « Je t'ai entendu, j'ai eu peur et je me suis caché
parce que je suis nu », répondit Adam...
Et bien,
voilà qu'aujourd'hui, Dieu se fait nu pour renouer la relation avec l'être
humain dans sa nudité. Dieu se fait nu pour rencontrer l'homme nu. Dieu se fait
nu pour que nous n'ayons plus peur de nous voir nus devant lui.
Pouvait-il
se faire plus proche ? En cette naissance apparemment si misérable, c'est
le projet créateur de Dieu qui se déploie à nos yeux : projet de
communion, d'universalité, de justice, d'accueil...
Finies les
exclusions de la loi: des bergers, des hors-la loi, des petits, sont les
premiers à recevoir l'annonce de la naissance.
Finies les
frontières fussent-elles du peuple saint: les mages, des étrangers
chercheurs de vérité viennent s'incliner devant l'enfant.
Finie aussi
l'exclusivité du Temple, du Saint des Saints pour accueillir la présence de
Dieu... Dieu naît dans une étable.
Ce que Noël
nous apprend de Dieu c'est cette proximité, ce désir de Dieu de rencontrer les
humains, tous les humains... pas seulement ceux qui sont déclarés
« dignes » par leurs semblables.
Nous savons
maintenant que ce qui compte pour Dieu ce n'est pas que nous observions
scrupuleusement une loi; ce qui compte c'est que nous entrions dans sa vie,
dans son regard sur le monde, dans son souci de chaque homme, de chaque
femme ; dans son désir d'entrer en relation, en communion avec tous
C'est cela
la gloire de Dieu, c'est cela sa puissance... Dieu est assez fort, assez grand
assez puissant pour être pleinement Dieu au milieu de nous.
Assez grand
pour donner sa vie afin que nous vivions et que nous partagions sa gloire.
C'est bien cela l'ultime message de Jésus le soir du jeudi saint : Jésus a
pris un peu de pain, un peu de vin autrement dit, la vie au quotidien,
dans sa simplicité et il en a fait les signes de la vie divine donnée en
partage. « Ceci est mon corps, ceci est mon sang, nous dit Jésus.
Autrement dit : ce pain, ce vin partagé c'est ma vie. Prenez-la,
accueillez-la au plus intime de votre vie... Et pour que ma vie ne cesse pas de
circuler, de grandir sur cette terre : faites ceci en mémoire de moi. A
votre tour, prenez votre vie et donnez la en partage à vos frères et soeurs.
Ainsi vous entrerez dans ce qui fait la gloire Dieu. Ainsi vous construirez ce
Royaume que je suis venu inaugurer.
Car la
gloire de mon Père nous dit Jésus dans l'Evangile de Jean, c'est que vous
portiez du fruit, un fruit qui n'est autre que celui de l'Esprit, fruit dont
nous parle st Paul dans sa lettre aux Galates: amour, joie, patience,
bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi...
Depuis
Noël, la Gloire de Dieu n'est plus dans le ciel, elle n'est plus dans le
Temple, elle est au creux de nos vies offertes pour que règnent dans notre
monde la paix et la justice, la joie et le bonheur pour tous et pour
toutes.
Sr Elisabeth