Méditation pour le 31ème dimanche (année B)
Dt 6,
2-6 ; Ps 118 ; Hé 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34
Voici une
belle page d’évangile, que sans doute nous avons tous déjà entendue si souvent,
une page dont on se dit, c’est connu... peut-être même se dit-on humblement
dans son cœur, et c’est de toute façon impossible... aimer Dieu, aimer son
prochain, et comme soi-même par-dessus le marché !
Mais si
nous nous penchions un peu plus avant sur ce texte ! Que ce soit dans le
livre du Deutéronome, que ce soit dans l’évangile, le premier de tous les
commandements, ce n’est pas « tu aimeras » ! C’est
« Écoute ».
Or le
premier des commandements, ce n’est pas celui qu’il faut mettre en pratique en
premier et tant pis si on ne peut pratiquer les autres. Le premier, c’est celui
qui donne la clé pour vivre les suivants. « Ecoute » est le premier,
et même le seul commandement. Il est à l’impératif. Les autres verbes sont au
futur, ce sont des promesses. Si tu écoutes, tu aimeras...
Comment
aimer ? Comment aimer Dieu, son prochain, soi-même ? Comment aimer en
vérité ?
Jésus, à la
suite de la loi, qu’il a reçue comme tous les juifs au cœur de la Parole de
Dieu, Jésus nous dit : « Écoute ». Voilà le commencement de
tout ! Benoît a placé ce mot en premier dans sa règle : Ecoute mon
fils, les préceptes du Maître, incline l’oreille de ton cœur.
Un moine du Mont Athos disait : « un moine est
sauvé quand il commence à écouter ». N’est-ce pas vrai pour tout
chrétien ?
« Ecoute »...
comment accueillons-nous cette invitation ?
« Ecoute »,
il est fait appel à une ouverture en nous ! A un creux ! Si nous
voulons aimer, il ne faut pas venir comme un tout complet, comme un récipient
débordant... il faut d’abord venir avec un creux, une disposition d’accueil, de
soif, de désir ! Le premier commandement fait de nous des êtres tout
oreille, tout accueil,... des êtres de désirs !
Si nous
écoutons, si nous sommes accueillants plutôt qu’envahisseurs,
Alors nous
pourrons nous mettre à aimer en vérité. Nous pourrons entendre l’autre dans son
être profond, nous pourrons entendre Dieu, ou notre prochain, ou nous-mêmes,
dans sa réalité, dans son appel, et notre amour sera réponse à son appel.
Rien de
plus écrasant qu’un amour qui s’impose. Rien de plus étouffant qu’une personne
qui sait mieux que vous ce qui vous convient, et vous entoure de tant de
conseils... Rien de plus délicat que quelqu’un qui d’abord s’approche, et vous
écoute, se tient à l’écoute du moindre bruissement de votre cœur, laisse
jaillir en vous la source, la désensable s’il le faut...
Et si pour
aimer Dieu, si pour aimer notre prochain comme nous-mêmes, nous choisissions
d’écouter ! De descendre à ce niveau du cœur, où nous sommes espace,
ouverture, capacité.
N’entendrions-nous
pas le désir de l’autre, comme Jésus dans l’évangile de dimanche dernier, a
laissé Bartimée lui dire son désir, plutôt que de décider par lui-même ce qu’il
convenait de faire. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » lui
avait glissé Jésus, plutôt que de dire « viens que je t’ouvre les yeux ! »
Si cette
semaine, nous décidions d’écouter, écouter Dieu et le prochain, à travers
chaque événement, à travers chaque rencontre, à travers les mots comme à
travers le silence...
N’aurions-nous
pas commencé enfin à aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos
forces ! C’est-à-dire de tout notre être. N’aurions nous pas alors
commencé à pratiquer la seule vraie religion, celle qui relie les cœurs !
Ecoutons en
cette eucharistie, le désir de notre Dieu, il voudrait s’offrir à nous,
saurons-nous l’accueillir ?
sr Thérèse-Marie
"A l'écoute de mon monde intérieur" pendant une semaine puis une autre semaine "A l'écoute de la parole qui résonne en moi" ou plus exactement "Je me mets en ce lieu de moi ou je suis en lien avec
RépondreSupprimermon Dieu et je regarde ce que j'ai le goût d'explorer pour ma croissance et ma relation à mon Dieu"
Tout est une question d'écoute, il s'agit de retoucher la profondeur d'où jaillit la vie et c'est cela qui permet de s'exprimer. "Celui qui fait la vérité vient à la lumière!"
Je laisse monter ces paroles, je ferme les yeux et je reste interpelé par "la voix d'un fin silence" comme manifestation de la présence de Dieu pour Elie.
Ce qui m'habite est quelque chose de fin, de plus vulnérable que je n'arrive pas à cerner. Qu'as-tu à me dire, Toi, le Fond de mon fond, qui soit si fin, si difficile ?
Je sens combien je ne pourrai plus jamais me décharger de cette sollicitude envers moi-même. C'est du même ordre que celle qui s'est imprégnée en moi envers mes fils.
Quelque soit la situation, je peux les joindre dans le silence de mon âme, là où Dieu est le lien de toutes nos tendresses. Cette relation me donne une sensation de légèreté, je peux me porter
moi-même, sans être tendu, crispé sur mes désillusions, mes découragements.
Ce qui me brûle, c'est cette sensation du passage, de passer du dehors au dedans, expérience aussi claire que celle de mes larmes qui m'ont exprimé cette présence de tendresse pour moi,
jaillissement du dedans vers le dehors cette fois là, pour me consoler dans ma détresse.
Une bonté, une compassion de mon Dieu !
Que tu m'es précieux, toi mon silence, toi ma solitude, là où je me sens vivant, relié. Parle, je suis tout tendu vers Toi. Mon coeur est un élan, une rencontre, un espace ouvert...
Cette compassion de Dieu pour moi à travers mes larmes, voilà qu'elle me revient et me parle.
Compassion, je voudrais mettre des mots sur toi mais je risque de te blesser, c'est trop fragile, trop délicat, je pourrais t'abîmer.
Cette compassion qui me vient en écoutant, c'est elle la voix d'un fin silence !
Merci pour cette parole. J'écoute, j'écoute parle encore.
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