Méditation sur l'Evangile du 20ème dimanche B (Jean 6,51-58)
Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à
manger ?
Pouvons-nous donner une réponse à ces Juifs ahuris en
entendant Jésus leur dire : « le pain que je donnerai, c'est ma chair
donnée pour que le monde ait la vie » ?
Ou bien ne serions-nous pas trop habitués à ce langage pour
nous laisser encore secouer par ces mots ?
Nous sommes venus célébrer l'Eucharistie, nous allons
recevoir le pain et le vin en confessant qu'ils sont le corps et le sang de
Jésus . Qu'est-ce que cela veut dire pour nous ?
Question importante car nous sommes au coeur de notre foi et
dimanche prochain, la liturgie, en nous proposant la fin du chapitre 6 de st
Jean, nous demandera de prendre position, de nous décider : allons-nous
continuer à suivre ce Jésus qui se dit Dieu et donne sa chair à manger ?
Pour y réfléchir, nous avons une chance que n'avaient pas
les auditeurs de Jésus.
-En effet il y a quelques semaines, nous avons entendu st
Jean nous raconter comment Jésus, à partir de quelques pains avait nourri une
grande foule et surtout nous l'avons entendu nous dire qu'il s'agissait là d'un
SIGNE.
Autrement dit, qu'il s'agissait d'une invitation à voir plus
loin, à voir derrière le geste du partage du pain et de l'abondance une réalité
plus grande, celle justement dans laquelle Jésus essaye de les faire
entrer : Il est le pain de vie, distribué en abondance non pas à
une foule de 5000 hommes, un jour, dans le désert mais à tous les hommes de
tous les temps et de tous les lieux, dont nous sommes ce matin.
-Et, autre chance, nous avons entendu st Jean nous
dire dans le 1er chapitre de son Evangile: « le Verbe s'est fait
chair ». Le Verbe, la Parole de Dieu, la Révélation de Dieu s'est fait
chair.
Nous avons l'occasion chaque année de fêter Noël et de
méditer sur le mystère de l'Incarnation, d'entendre l'épître aux Hébreux nous
dire, qu'en Jésus, c'est Dieu qui nous parle en son Fils, qui est
resplendissement de sa gloire et expression de son être. En Jésus Dieu se dit
pleinement. En Jésus c'est la vie même de Dieu qui vient s'enraciner sur
notre terre.
Aujourd'hui, Jésus nous dit: cette vie de Dieu qui est en
moi, parce que le Père demeure en moi et que je demeure dans le Père, cette vie
de Dieu que JE SUIS, je vous la propose en partage pour que vous aussi, vous
ayez la vie en vous.
Je suis la Parole, le Verbe de Dieu, je suis le pain que
Dieu vous donne en nourriture, je suis la Vie qui jaillit du Père, source de
vie éternelle.
Lorsque nous célébrons l'Eucharistie, nous sommes invités à écouter
la Parole de Dieu qui n'a cessé de retentir tout au long de l'histoire du
peuple hébreu ; dans l'Evangile, nous sommes invités à regarder
dans la personne de Jésus cette Parole en acte au coeur de notre humanité...
Dans le sacrement, dans le signe du pain et du vin, Jésus nous dit :
« ne vous contentez pas d'écouter et de regarder... venez, approchez-vous
de ma table et goûtez combien le Seigneur est bon...
C'est ce que nous disait la Sagesse dans la 1ère lecture. Et
justement le mot sagesse (en latin sapientia) vient du mot latin
« sapere » = goûter. Est sage non pas celui qui a des cheveux blancs,
mais celui qui est capable de goûter, de savourer, le festin auquel Dieu nous
invite.
Dans nos célébrations eucharistiques, tous nos sens sont mis
en éveil : l'écoute, la vue, le goût, et aussi le toucher puisque ce pain
nous le recevons au creux de nos mains mais à travers eux, un sens nouveau
prend naissance ; le regard de la foi qui nous fait percevoir la Vie de
Dieu au coeur de nos vies.
C'est bien de cela qu'il s'agit : « Celui qui
mange ma chair, a la vie en lui »
Nous sommes bien là au coeur de notre foi : Dieu fait
homme en Jésus nous offre sa vie en nourriture pour que nous en vivions et
qu'elle s’épanouisse en nous en vie éternelle.
Communier au Corps et au Sang du Christ, c'est participer à
l'incarnation de Dieu dans notre monde, c'est participer au don que Jésus fait
de lui-même pour la vie de ce monde, c'est participer à la résurrection qui
nous ouvre la vie éternelle. C'est se proposer d'essayer de vivre là où nous
sommes, dans notre monde, comme Jésus a vécu dans le sien. C'est cela notre
"Amen" à la proposition : "le corps du Christ"
Chacun de nous, je pense, s'est un jour retrouvé à une table
où la maîtresse de maison, déposant un plat, nous disait : "devinez
ce qu'il y a dedans » Et chacun d'y aller à la petite cuillère, de goûter,
de déguster... c'est sucré ... il y a un goût de fraise... moi je dirais
des groseilles... moi je goûte le rhum...
Nous avons écouté la parole, nous allons partager le repas
eucharistique... Nous pourrions nous demander et nous dire l'un à
l'autre : Quel goût est-ce que cela me laisse ? Quel est le goût de
Dieu dans ma vie ? La vie de Dieu en moi, qu'est-ce que cela change ?
Et si c'était là le sujet de nos conversations à la fin de
la messe?
Alors nous aurons pleinement célébré l'Eucharistie, l'action
de grâces comme St Paul nous y invite dans la 2ème lecture.
Célébrer l'Eucharistie c'est accueillir la vie de Dieu, la
goûter, la laisser traverser nos vies pour qu'elle se répande dans notre monde
et retourne vers le Père en chant de louange.
sr Elisabeth
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