Méditation pour le 29ème dimanche du temps ordinaire,
année A 2011
(Is
45,1.4-6a ; Ps 95 ; 1 Thess 1,1-5b ; Matth
22,15-21 )
Alors, vous
payez vos impôts ? avec ou sans fraude ? bon allez, je ne vais pas faire
une enquête à main levée !
Mais dites-moi
que veut nous suggérer l’évangile d’aujourd’hui ?
Nous sommes
après l’entrée de Jésus à Jérusalem, juste quelques jours avant sa condamnation
et sa mise à mort. Nous devrions lire ce texte en pleine semaine sainte ! Dans
les récits de la passion, en Saint Luc, les anciens du peuple, les chefs
religieux, ont emmené Jésus devant Pilate et porté contre lui cette
accusation : « Nous avons trouvé cet homme mettant le trouble dans
notre nation, empêchant de payer les impôts à César et se disant Christ Roi ». Le récit d’aujourd’hui semble donc avoir nourri cette
accusation.
Alors que
se passe-t-il en fait ?
Face à
l’impôt imposé par le pouvoir romain, les pharisiens ont tendance à résister,
ils ne veulent pas se corrompre avec ces païens de romains (hé oui, à
l'époque... les romains on les traitait de païens!!!). A l’opposé, les
hérodiens sont acquis à la cause romaine, et préconisent la collaboration. Les
zélotes font opposition totale. Bref, la question posée à Jésus est plus que
piégée. Sa réponse ne peut que le mettre en difficulté avec un groupe ou
l’autre.
Jésus ne
fait dans la dentelle au niveau de sa réponse première : il sait la perversité
de ses interlocuteurs : il les traite d’hypocrites. A coté de la
plaque autrement dit ! Pourquoi voulez-vous me mettre à
l’épreuve ? pourquoi voulez-vous me tenter ? Les voilà démasqués,
ils jouent le rôle de Satan ! Jésus aurait pu s’arrêter là. Mais il choisit
de poursuivre. Et il commence de façon pour le moins humoristique : montrez-moi
la monnaie de l’impôt. Car l’impôt ne se payait qu’avec une monnaie
spéciale, impure, avec laquelle on ne pénétrait pas dans le Temple. Ils lui
présentèrent une pièce d’argent. Bien, c’est donc qu’ils en ont sur eux !
Ils utilisent donc la monnaie du régime romain. Et on est dans le Temple !
Voilà qui les met en cause ! Jésus poursuit : Cette image et
cette inscription de qui sont-elles ? De l’empereur César,
répondent-ils. Et Jésus conclut : Rendez donc à César ce qui
est à César. Remarquez : il ne dit pas payez ou donnez
à César, comme la question lui avait été posée... mais rendez !
Vous jouissez du confort de la société romaine, vous utilisez sa monnaie, ses
infrastructures. La société dont vous profitez vous donne non seulement des
droits mais aussi des devoirs. Bref, Jésus ne conteste pas le fait de payer ses
impôts.
Mais il
poursuit et transcende la question : Rendez donc à César ce qui est à
César et à Dieu ce qui est à Dieu. Jésus avait interrogé sur l’image et
l’inscription figurant sur la monnaie... il s’agit de César, et l’inscription
mentionne : « ô Tibère César, fils du divin Auguste »... Jésus
après avoir fait rendre sa monnaie à César, le remet à sa place... il n’est pas
Dieu ! C’est à chacun qu’il faut rendre ce qui est sien. Donc rendez à
César ce qui est à lui, c’est normal ; mais rendez d’abord à Dieu ce qui
est à lui. Et qu’est-ce qui est à Dieu ? Qu’est-ce qui porte l’image et
l’inscription de Dieu ? Nous le savons depuis la première page de la
Bible : Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance, homme et
femme il les créa.
Voilà ce
qui lui est dû à Dieu ! Et c’est ce que Jésus n’a cessé de répéter au long
de sa vie prophétique.
Arrêtez ce commerce
au Temple, arrêtez ces lois de pseudo-pureté qui à coup de parvis et
séparations, écartent les petits, les pauvres du lieu de la rencontre. Rendez
à Dieu ce qui est à Dieu.
Arrêtez ce
pouvoir écrasant sur le peuple, souvenez-vous de cette parabole de la vigne que
nous avons entendue il y a 15 jours. Où ceux qui avaient reçu mission de
veiller sur la vigne, sur le peuple de Dieu, ont détourné le fruit de la vigne
à leur profit. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu.
Voilà ce
qui est à Dieu : son Fils, et en lui tous ses enfants, c'est-à-dire son
Peuple.
Rendez à
Dieu ce qui est à Dieu... arrêtez aussi bien hérodiens que pharisiens ou
romains, arrêter d’opprimer le peuple, arrêter de le poursuivre de vos lois et
tracasseries. Arrêter de poursuivre le Fils de Dieu, de lui chercher malheur,
il est à Dieu !
Jésus ici
ne nous interdit nullement de nous occuper de politique et d’économique, il
nous demande d’ordonner cet économique et ce politique à Dieu, à son projet
divin d’amour pour tous.
Il remet en
place la notion de pouvoir : un pouvoir, c’est un service, une mission
ordonnée au plan du Dieu unique et vrai. Jésus l’avait rappelé à ses disciples,
juste avant d’entrer à Jérusalem : Vous savez que les chefs des nations
dominent sur elles en maîtres et que les grands (aussi bien politiques que
religieux) leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi
vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre
serviteur !
Alors rendez
à Dieu ce qui est à Dieu, rendez à la vie les petits, les pauvres, qui sont
ses images, restaurez la vie en eux. Voilà dans quel esprit vous vous
demanderez si le pouvoir politique ou religieux est légitime ou non, dans sa
manière d’honorer tous les hommes qui sont à Dieu !
Cherchez
une vie de respect, où ensemble on construit la cité de manière telle que Dieu
y soit honoré en chacun !
Cela
changera-t-il nos relations au quotidien ? c’est en tout cas l’invitation
qui nous est lancée !
Sr Thérèse-Marie
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