Pour
sainte Thérèse d’Avila, la liturgie propose un tel choix de textes qu’on dirait
bien que l’on n’a pas su trancher, tant était riche et diversifiée la
personnalité de cette grande sainte.
Pour l’AT,
on pouvait choisir entre le Cantique des cantiques (8, 6-7) et le livre de
la Sagesse (7, 7-14). Pour la 2ème lecture, deux extraits
différents de la lettre aux Romains (8, 22-27 ou 8, 14-17.26-27). Pour
l’évangile, trois possibilités : Lc 6, 43-45 ; Jn 4, 5-15 ou
Jn 15, 1-8. Toute cette variété de lectures honore en
Thérèse* :
La femme
amoureuse, passionnée de Dieu,
La femme de
sagesse qui a su faire les bons choix,
La femme de
prière,
La femme
qui a traversé mainte épreuve et les a vécues en Dieu, comme des douleurs
d’enfantement,
La femme
qui a rencontré Jésus au bord du puits et s’entend dire « si tu savais le
don de Dieu »,
La femme
qui a réellement « donné à boire à Jésus et qui a senti jaillir en elle la
source de vie,
La femme
« attachée » à Jésus comme le sarment à la vigne et irriguée de sa
sève,
La femme
que l’on a reconnue au bon fruit qu’elle a porté…
Réjouissons-nous
de cette riche et foisonnante personnalité et laissons-nous toucher par
quelques images qui nous ferons progresser, nous aussi, dans cet intrépide
amour de Dieu.
À propos du
texte de Sagesse :
Comme le
roi Salomon dans le livre de la Sagesse, Thérèse a invoqué Dieu et a reçu de
lui « l’esprit de la sagesse ». Elle l’a préférée aux trônes et aux
sceptres, aux richesses extérieures, elle l’a aimée plus que santé et beauté…
Quelle sagesse ? Une folie : la folie de Dieu. Dans ce vent de folie,
elle a fait des choix et entrepris des choses que toute sagesse humaine aurait
freinées. Thérèse n’aurait rien renié de ces mots : « la sagesse est
pour les hommes un trésor inépuisable. Ceux qui l’acquièrent s’attirent
l’amitié de Dieu. Or, Thérèse savait d’expérience que l’amitié de Dieu
n’est pas une sinécure !
Cette
familiarité avec Dieu est aussi celle qu’évoque saint Paul quand il parle de
l’Esprit : l’Esprit nous donne l’audace d’appeler Dieu
« Abba ! », à la manière de Jésus, et de lui exprimer nos
prières les plus folles, dans l’assurance qu’il nous exauce toujours. Car si
l’Esprit habite notre prière, elle va nécessairement dans le sens de la volonté
de Dieu.
Telle était
la familiarité de Thérèse avec son Dieu, tel est le chemin qu’elle nous invite
à prendre aussi.
L’évangile
parle d’arbres et de fruits. L’arbre au pied duquel s’est assise Thérèse pour
voir défiler devant elle l’univers, c’était peut-être bien le pommier du
Cantique. Elle a goûté de son fruit et ce fruit était doux à son palais. Elle a
pris racine à son tour, elle est devenue arbre, elle a porté du fruit et c’est
à ce fruit qu’on a reconnu l’arbre qu’elle était. Un bon arbre ne peut porter
que de bons fruits. Et le secret du bon arbre, Thérèse nous l’enseigne, c’est
d’aller se planter au bord des eaux de Dieu et de maintenir ses racines dans le
courant. Alors, même si la sécheresse et l’épreuve surviennent de l’extérieur,
il ne craint rien. Il ne cesse de « tirer le bien du trésor de son cœur
qui est bon ».
Sr Marie-Raphaël
*En
italique : les lectures que nous avons choisies
RépondreSupprimer"Comme un arbre planté près d'un ruisseau, heureux l'homme qui met sa joie dans le Seigneur" (?...)
"Ce qui est folie dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages.
Ce qui est faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort.
Ce qui n'est rien, ce qui est méprisé dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi!" (1Co 1,26-28)
Bel hommage rendu à Sainte-Thérèse que cette homélie de soeur Marie-Raphaël et merci à soeur Thérèse-Marie de si bien porter son nom. Bonne et sainte fête.
Raymond