30 octobre
2011 : méditation pour le 31ème dimanche
A
Ce WE, avec un groupe d’hôtes flamands, nous découvrons
quelques textes de Jean Ruusbroec, mystique brabançon du 14ème
siècle. Je voudrais vous partager quelques perles de son message. Il me semble
que des liens se tissent entre ce que nous apprenons de lui et les lectures de
ce dimanche.
1. Tout
d’abord, Ruusbroec nous invite à un voyage vers l’intériorité, l’intérieur de
nous-mêmes. Il se situe à une époque où la foi chrétienne redécouvre
l’importance de l’intériorité, lieu d’une rencontre personnelle et aimante avec
Dieu. Le but de la vie chrétienne est de progresser sur ce chemin intérieur,
vers une union de plus en plus intime avec Dieu. Or, ce voyage à l’intérieur
commence toujours à l’extérieur, c’est-à-dire dans ce qui est visible, dans ce
que nous réalisons concrètement, dans nos œuvres. Il faut passer de l’extérieur
vers l’intérieur, vers une dimension plus profonde de notre être. Ce qui vient
d’abord, c’est ce qui est visible et extérieur. Ensuite, on descend dans
l’intime. Mais c’est pour constater qu’en fait, l’intérieur était toujours déjà
là et que notre façon de vivre à l’extérieur est en fait le reflet de notre
intériorité.
Or, dans
l’évangile d’aujourd’hui, Jésus reproche précisément aux scribes et pharisiens
d’attacher tant d’importance aux apparences, aux choses extérieures, que leur
intériorité elle-même se vide de toute substance. Ils agissent pour être
remarqués des hommes, ils portent des vêtements spéciaux, ils aiment les
salutations sur les places publiques... mais : « ils disent et ne
font pas ». En cela, ils ne valent pas mieux que les prêtres du Temple
fustigés par le prophète Malachie dans la 1ère lecture, ceux qui
« pervertissent l’alliance » de Dieu et font de la Loi une occasion
de chute pour les autres. Non, Jésus n’est pas tendre avec eux !
Plus leur responsabilité est grande, plus ils devraient faire correspondre en
eux-mêmes l’intérieur et l’extérieur. Et que cette intériorité soit vraiment tournée vers Dieu.
Wat
Jezus aan de farizeeën en de Schriftgeleerden verwijt is niet zozeer wat ze
zeggen dan wat ze doen… of liever niet doen! Ze maken van de Wet een
struikelblok voor de kleinen: dat verdraagt Jezus helemaal niet! Hetgeen de
strengheid van zijn toon verklaart. Als de farizeeën Ruusbroec beter hadden
gelezen, dan hadden ze waarschijnlijk beter begrepen dat het innerlijke het
uiterlijke moet bewegen en niet andersom.
2. La deuxième perle que je voudrais relever chez Ruusbroec,
c’est qu’il décrit le vrai mystique comme celui qui agit à partir de la source
qui est en lui, mais qui n’est pas lui. Le mystique n’est pas passif, il est
éminemment actif, mais son activité est irriguée par la source divine qui agit
à travers lui.
Cela rejoint ce que Jésus dit encore dans l’évangile :
ne vous faites pas appeler « Rabbi » ou « maître » ou
« père », car vous n’avez qu’un seul Père, un seul maître. Se faire
appeler « maître », cela donnerait l’impression que notre
enseignement vient de nous-mêmes. Au contraire, le mystique connaît la vraie
source de son message, et cela lui donne peut-être d’autant plus d’assurance,
mais dans l’humilité. Regardez ce que saint Paul dit aux Thessaloniciens :
« quand vous avez reçu de notre bouche la parole... vous l’avez reconnue
pour ce qu’elle est vraiment : la Parole de Dieu ». Paul s’efface derrière le message qu’il porte.
De
mysticus, de vriend van God, weet ook dat God – en niet hijzelf – aan de
oorsprong ligt van zijn handelen. Hij laat zich bevruchten door Gods aanwezigheid
om daadwerkelijk Gods aanwezigheid verder door te geven. Zo ook Paulus jegens de
Thessalonicenzers.
3. La troisième perle, c’est que Ruusbroec ne cesse de nous
inviter à comprendre toujours la même chose : notre relation à Dieu est
une relation d’amour, notre Dieu est un Dieu qui nous aime.
L’amour comporte aussi cette dimension très affectueuse que nous rencontrons
dans les paroles de saint Paul aujourd’hui : « avec vous, nous avons
été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons...
ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner tout ce que
nous sommes, car vous nous êtes devenus très chers... » Quelle déclaration
d’amour ! Quel contraste, aujourd’hui, entre Paul et Jésus, entre la
tendresse de Paul et la sévérité de Jésus ! Mais ne nous y trompons
pas : la sévérité de Jésus n’est autre que le revers de sa tendresse
infinie pour les petits. C’est en raison de cet amour même qu’il se montre si
exigeant envers les autorités, envers ceux qui pourraient « scandaliser »
les petits par leur comportement inadéquat. Tendresse, donc. Comme une mère
pour son tout petit. Comme un tout petit contre sa mère, comme l’a dit le
psaume. Un amour entre Dieu et nous, qui doit sans cesse grandir, s’élargir, s’approfondir :
l’amour bouge toujours, nous dit Ruusbroec. Il y a des étapes dans cet amour,
ce n’est jamais fini, même pas dans l’éternité.
Laat ons
dus uiteindelijk gewoon binnenkomen in eindeloze liefdesrelatie, met innige
vreugde, in het bewustzijn dat de bron ons niet in de steek laat, dat we van
dienaar tot vriend mogen worden, en van vriend tot zoon genodigd worden.
Sr Marie-Raphaël