mercredi 25 décembre 2013

Heureux Noël


 

Soleil levant,

qui vient nous visiter !

 
 

dessin réalisé par une enfant pour aider à la reconstruction

des écoles bénédictines de Tacloban et Ormoc

 
 
Voici le moment où chacun s’assied pour prendre le temps d’un courrier: échange de vœux, attention à ceux et celles qui ont marqué l’année écoulée, à ceux et celles qui sont proches, à ceux et celles qui sont loin.

         Nous voici donc, en communauté, pour vous rejoindre par ce message. Tandis que nous nous célébrons Noël, c’est le cœur marqué par les derniers événements que nous venons à vous.

         Le cœur lourd de la peine de nos frères et sœurs souffrants, proches ou lointains. Nous pensons à ceux d’entre vous qui traversez l’épreuve. Nous pensons aussi tout particulièrement au peuple philippin, marqué par le passage du typhon dévastateur.

         Le cœur émerveillé de la beauté de nos frères et sœurs porteurs de vie, d’espérance : cœur émerveillé  par la vie de Nelson Mandela, par le souffle de fraîcheur évangélique du pape François, par le courage des Philippins, par la beauté, la générosité des hommes, femmes et enfants de par le monde. Le cœur émerveillé par votre présence, votre amitié. Le cœur émerveillé par toute la solidarité qui se lève par et autour de nos sœurs bénédictines aux Philippines, autour de tant d’autres projets humanitaires. 

Souhaitons que le Seigneur poursuive l’œuvre de ses mains, et qu’ensemble nous reboisions notre humanité. Oui, puissions-nous trouver auprès du Seigneur créativité, courage et force, pour cette année nouvelle. Que notre terre tourne en harmonie avec le rêve de notre Dieu. Très belle fête de Noël à vous tous, et que l’année nouvelle vous porte joie.
 
Sr Thérèse-Marie et la communauté des bénédictines d’Hurtebise

samedi 14 décembre 2013

Pour continuer à soutenir les soeurs des Philippines

Votre prière soutient nos soeurs bénédictines et la population qu'elles tentent d'aider au mieux.

Une après midi festive est organisée au monastère d'Hurtebise, le 29 décembre, au profit des missions des soeurs bénédictines à Tacloban et Ormoc (écoles et hôpital).

à 14h30 dans l’église du monastère : UN TEMPS DE CONTES, DE CHANT ET D’INTERIORITE
avec la participation de
Florence d’Ansembourg (Chant avec kora), Etienne Mottoul (orgues) , Pierre-Paul Delvaux
( contes)
à partir de15h45 : MARCHE ARTISANAL
18h :Vêpres de la Sainte Famille

P.A.F : adultes : 8€ - enfants : 5€ - familles : 12€
Monastère d’Hurtebise – 6870 Saint-Hubert
Inscription souhaitée au 061/61 11 27
vous trouvez l'affiche de cette journée ici
Vous pouvez vous procurer au monastère, des cartes et des calendriers (dessins par des enfants de catéchèse de confirmation pour soutenir la reconstruction des écoles de Tacloban et Ormoc)

Vos dons sont toujours bienvenus pour continuer à soutenir l'oeuvre de reconstruction des personnes et des bâtiments.
Vous pouvez verser vos dons avec en communication: aide aux Philippines. 
via la banqueBELFIUS, boulevard Pacheco, 1000 Bruxelles.
sur le compte du Monastère Notre-Dame d’Hurtebise 
B. 6870 Saint-Hubert   
IBAN BE74 0680 1144 4007
BIC GKCCBEBB
Nous les ferons suivre à nos soeurs bénédictines aux Philippines.
Avec toute notre reconnaissance
 

nouvelles des Philippines

Bonjour,
vous êtes nombreux à vous soucier de la vie de nos frères et soeurs des Philippines depuis le typhon ravageur du 8 novembre dernier.
Voici quelques nouvelles des soeurs bénédictines missionnaires de Tutzing qui sont à Tacloban et Ormoc:
- depuis le 30 novembre, le toit de l'hôpital est à nouveau couvert. Un toit provisoire fait de tôles en galvanisé, mais un toit efficace qui protège le bâtiment des dégats de la pluie et du soleil. Comme elles ont pu refaire ce toit, les soeurs ont décidé de partager les tôles, pour que les familles alentour puissent aussi se refaire un toit. A cette intention elles ont commandé 6000 tôles pour les distribuer.
- un générateur de l'hôpital a pu être réparé. Aussi grâce à un don de carburant, l'électricité a pu être restaurée à l'hôpital environ 20 h sur 24. Les soeurs ont créé un petit centre à l'hôpital, où la population locale peut venir recharger les GSM, et autres appareils électroniques. Grâce au retour de l'électricité, l'eau courante peut aussi être rétablie.
- avec l'aide d'équipes médicales venues des Philippines, de Corée et des USA, 4000 personnes victimes du typhon ont pu à ce jour etre soignées gratuitement à l'hôpital. L'équipe coréenne a apporté du matériel (rayons X portable, etc...) en attendant que l'équipement de l'hôpital, complètement détruit soit renouvelé.
- Terre des Hommes (section Allemagne) leur a offert un petit camion. Avec celui-ci elles peuvent aller chercher les secours qui leur sont envoyés par l'aéroport, ou par mer. Comme elles reçoivent des médicaments et du matériel médical pour l'hôpital elles le partagent avec les autres dispensaires. Comme elles reçoivent des vivres pour l'hôpital, elles partagent avec la population locale, elles ont organisé une soupe quotidienne, distribuée devant l'hôpital pour les personnes qui n'ont rien. Avec le camion elles font des tournées pour distribuer des vivres aux populations des villages plus reculés.
- à la ferme - institut de recherche pour une agriculture durable, avec l'aide d'une autre école des soeurs de Tutzing (à Bacolod, aussi aux Philippines) qui a apporté motoculteur, semences et engrais, le nettoyage des terres et leur ensemencement a été entrepris, avec les jeunes de cette ferme-institut.
- un hectare des terres de cette ferme - institut ont été donnés par les soeurs pour y bâtir des logements pour une trentaine de famille (un village de pêcheurs complètement anéanti par le typhon). Elles ont réuni avec architecte et entrepreneur avec les familles, en vue d'une construction de petits logements en dur.
- l'école de Ormoc est moins endommagée que celle de Tacloban, il faut réparer les toitures, et renouveler le matériel qui a été endommagé.
- l'école de Tacloban est fortement endommagée, les soeurs étudient la possiblité de la rebâtir à un autre endroit, plus éloigné de la mer. Il faudra renouveler tout le matériel. Mais les soeurs sont pleine d'espérance, elles ont annoncé la reprise des cours le 15 janvier, dans du provisoire, pour que les enfants et les jeunes ne perdent pas une année, et ne soient pas cibles de prédateurs.
- avec une équipe des USA, des groupes d'enfants ont pu être constitués, dans lesquels ils peuvent échanger sur ce qu'ils ont vécu, afin de traverser le traumatisme.
- les soeurs aînées des communautés de Tacloban et Ormoc, ont pu être transférées dans la communauté de Manille, par un avion sanitaire le 15 novembre. D'autres soeurs ont été envoyées en renfort à Tacloban. Les soeurs par leur présence encourage à la population à rester à Leyte, plutôt que de partir grossir les quartiers pauvres de Manille.
M Adelaida prieure de Manille, sr Ana Maria supérieure de la communauté de l'hôpital et toutes les soeurs vous disent leur immense merci pour l'aide que vous leur faites parvenir, et pour le soutien de votre prière.

vendredi 22 novembre 2013

Du milieu du chaos, les soeurs vous disent leur reconnaissance

Jeudi 21 novembre 2013
Lettre de reconnaissance de Soeur Ana Maria Raca, OSB et des soeurs de l’hôpital « Divine Word » à Tacloban.  

Chères soeurs, administrateurs, faculté, staff, étudiants, parents, anciens élèves de nos écoles bénédictines, et amis de tous les coins du monde,

PAIX!

Voilà 12 jours que ce super typhon meurtrier a frappé et anéanti Tacloban et les régions alentour,  et c’est seulement maintenant que j’ai le temps, le courage et la force pour écrire et exprimer ma gratitude pour le jaillissement d’amour et de soutien dont vous avez témoigné pour notre peuple souffrant. Où que vous soyez, à vous, notre infinie gratitude.

La nuit avant que le typhon ne frappe, nous avions 159 patients à l’hôpital “Divine Word” de Tacloban. Nous étions 16 sœurs en tout habitant au troisième étage d’un des bâtiments de l’hôpital au moment de cette calamite. Notre communauté de l’hôpital avait atteint cette taille parce que les soeurs membres de la communauté du Collège sainte Scholastique à Tacloban ont décidé de nous rejoindre juste quelques minutes avant que les grands vents arrivent. Si elles ne l’avaient pas fait, l’une ou l’autre pourrait avoir péri puisque leur couvent a été détruit à 75 %.  
 
Il est de notoriété publique qu’au plus fort du typhon, et juste immédiatement après, l’hôpital “Divine Word” était le seul établissement médical resté en service tandis que les autres, gravement endommagés avaient cessé. Nous saluons nos médecins résidents, les infirmières et le personnel qui durant un tour d’horloge complet, ont servi non-stop toutes les victimes du typhon.

En ce vendredi 8 novembre, lorsque les vents terrifiants ont frappé l’hôpital, tous les appareils de climatisation dans les chambres des patients ont littéralement été projetés à terre. Nous avons eu de la chance que personne n’a été blessé. Certaines chambres ont vu leurs fenêtres voler en éclats et parfois aussi leurs portes. Tous les patients ont été conduits hors des chambres, dans les couloirs, où ils étaient plus en sureté. Dès que les patients ont été installés dans les couloirs, les sœurs ont mené la prière du chapelet, pour calmer les peurs.

Le dimanche 10 novembre, nous avons dû évacuer tous les patients sans demander de paiement de facture d’hospitalisation. Nous n’avions plus d’eau courante, plus d’électricité, plus de médicaments, ni de nourriture. Cependant, beaucoup d’entre eux sont restés à l’hôpital quelques jours en plus, parce qu’il n’y avait pas de moyens de locomotion, ou qu’ils n’avaient plus de maisons en lesquelles retourner. D’autre part, les soins d’urgence pour les victimes du typhon n’ont jamais cessé. A partir du moment où la salle d’urgence, au rez de chaussée, a été inondée, le hall du deuxième étage est devenu salle d’urgence, emplie de patients souffrants d’hémorragie. Dix patients sont décédés, dont deux dans l’unité de soins intensifs, qui sont décédés au moment où les appareils d’assistance ont cessé de fonctionner à cause de la panne de courant.

Durant deux jours nous avons été totalement coupées du reste du monde, car aucun moyen de communication ne fonctionnait. Ensuite l’UNICEF a pu mettre en place un centre près du bureau de police où les gens pourraient faire des appels gratuits et avoir accès à Internet. Là j’ai fait la file avec deux autres sœurs, juste pour communiquer avec notre Mère Prieure, pour l’assurer que nous étions toutes sauves, et pour lui donner la liste des médicaments et des fournitures médicales dont nous avions besoin pour nos patients.
 
Les toits de deux de nos bâtiments ont été arrachés, les plafonds et lignes électriques ont été détruits. Les couteux équipements de laboratoire, les véhicules, les appareils de la buanderie, les générateurs ont été inondés et détruits par l’eau. Le sol à l’hôpital était jonché de débris de verre, et nos terres de débris et d’arbres tombés. Notre personnel à l’hôpital a continué à travailler, dans des conditions limites – avec peu d’eau et peu de lumière.
 
Autour de nous les scènes que nous avons vues étaient difficilement soutenables, la destruction et la souffrance étaient au-delà de toute description. Les gens marchaient dans les décombres assommés, sidérés. Beaucoup de larmes coulaient, la douleur ne trouvant pas de mots.

Au milieu de cette immense obscurité du paysage, des rayons de lumière ont brillé. Il est venu de cœurs bons, - de cœurs soucieux – et ils nous ont atteints. Des articles de secours, des médicaments, une aide financière et des formes variées de solidarité et de soutien sont venues de tous les coins du pays, et du monde entier, ils ont percé la ténèbre et nous ont apporté espérance et joie.
 
VOUS avez été parmi ceux qui ont répondu en notre temps de détresse. Vous êtes ce rayon de lumière.

Dans la confusion et le chaos des premiers jours de l’arrivée et de la distribution des secours, arrivant à Tacloban, nous avons reçu les premières 5 boîtes (les autres ont été distribuées ultérieurement) des opérations de secours au collège ste Scholastique à Manille. C’était deux boîtes de produits pour intraveineuses, deux boîtes de chocolat Nips et une boîte de boissons chocolatées. Les chocolats Nips ont été notre souper avant la nuit et nous ont sauvé dans les jours qui ont suivi quand la faim est venue. A vous qui avez donné ces chocolats, sachez ce qu’ils ont signifié pour nous et combien ils ont été un signe d’espérance. Sachez qu’aucune action n’est petite dans une situation de vie ou de mort.

Pour nous croyants, la destruction et la mort n’auront jamais le dernier mot, mais bien l’espérance en un Dieu aimant qui travaille à travers les siens comme chacun de vous.
 
Au nom de notre communauté de l’hôpital “Divine Word” et de la communauté du collège de Tacloban, et de toutes les personnes souffrantes de Tacloban et des autres régions atteintes, nos prières et notre gratitude. Dieu vous bénisse et vous récompense au centuple. Votre bonté et votre compassion seront notre source d’inspiration s’élevant à nouveau.
 
A jamais reconnaissantes,
Soeur Ana Maria Raca, OSB
et les soeurs de l’hôpital “Divine Word” à Tacloban  

 
--------------------------------------------------------------------------------------------
Si vous souhaitez aider les soeurs bénédictines missionnaires des Philippines à aider la population, vous pouvez toujours effectuer un versement. Les numéros de compte se trouvent sur le message précédent. Mille merci, les nécessités sont immenses. Notre aide aussi minime soit-elle est bienvenue. Quand on manque de tout, rien n'est trop petit !

dimanche 17 novembre 2013

Solidarité avec nos soeurs bénédictines des Philippines

Voici les nouvelles de nos soeurs bénédictines aux Philippines, 

Rapport à l'Archidiocèse  de Mère Adelaïda, prieure à Manille
14 novembre 2013

Nous, Sœurs Missionnaires Bénédictines de Tutzing, avons trois communautés sur l’île de Leyte : Collège Saint- Scholastique, Tacloban ; Hôpital du Verbe Divin également à Tacloban et le Collège Saint-Pierre à Ormoc . Il n'y avait aucune communication avec les Sœurs jusqu'à aujourd'hui.

Notre école à Tacloban est près de l'aéroport , à Manlurip , l'une des zones fortement touchées par l'onde de tempête. La clôture a disparu comme si elle n'avait jamais été une barrière, m’a-t-on dit , et puisque les Sœurs avaient évacué à la communauté de l'hôpital avant que le typhon frappe, le couvent a été pillé ( l'école aurait été pillée aussi, s’il n’y avait eu la présence de 6 travailleurs qui ont trouvé refuge là-bas). Ils ont tout pris, y compris les robinets, les éviers et les portes. Les sœurs me disent que ce n'est plus propre à l'habitation. L'école est totalement sans toit, donc tout ce qui est dans le bâtiment est perdu : bibliothèque, laboratoires, etc… Certaines sœurs croient que nous ne serons pas en mesure d'ouvrir nos cours de niveau supérieur, et que l’on continuera seulement avec l'école primaire et l’école secondaire . Nous n'avons pas encore pensé à l'évaluation du dommage, parce que nous sommes toujours occupés avec les efforts de secours. Qui parmi leurs employés est mort ? nous ne savons pas encore.

L'hôpital était sous 1,20 mètre d'eau lors de la tempête, de sorte que tous les équipements du laboratoire, de radiographie, les cliniques médicales, IRM, etc. sont tous inutilisables, y compris les véhicules et une clinique mobile. La pharmacie aussi avec tous les médicaments en stock est devenu inutilisable. Cependant des Sœurs, avec l'aide de leurs médecins et employés, ont fait ce qu'elles pouvaient pour traiter ceux qui sont venus demander de l'aide jusqu'à ce qu’ils soient totalement à court de fournitures.

Encore une fois, nous n'avons pas vraiment encore évalué les dégâts. Mais nous sommes heureuses du fait que les secours que nous avons envoyés sont arrivés à l'hôpital. Nous les avons encouragés à partager avec les autres communautés religieuses et avec les familles de nos sœurs là-bas. Jusqu’à maintenant, nous ne connaissons que quatre employés dont la mort est confirmée, mais beaucoup, y compris un médecin orthopédiste, sont toujours portés disparus .

En Ormoc, le couvent n'a plus de toit, forçant les Sœurs à évacuer à la paroisse et à l’infirmerie de l'école. L' ampleur des dégâts, je ne sais toujours pas. Je visite Tacloban et Ormoc demain, peut-être que je vais en savoir plus.

Les familles de nos sœurs de Leyte ont tous signalé la perte de leurs maisons, soit ils sont totalement effondrés ou sont sans-abri. Nous espérons que nous pouvons obtenir de l'aide pour les aider à reconstruire leurs maisons, aussi. Sr Edith Eslopor , une de nos sœurs de la communauté d’Ormoc, a perdu sa jeune sœur Delia et son beau-frère, Jun Estoce , dans l'inondation. Leur fils de 7 ans a survécu.

Merci beaucoup pour les prières et l'assistance . Nous apprécions vraiment cela .
Mère Adelaida Ygrubay
Prieure, Manille
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
si vous connaissez l'anglais, vous pouvez écouter l'interview de sr Celine qui collecte des biens à Manille pour les victimes du typhon, vous aurez aussi une petite présentation de cette communauté des bénédictines missionnaires de Tutzing (170 soeurs en une 20aine d'implantations aux Philippines.) cliquez ici
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Je n'ai actuellement pas de nouvelles de la communauté bénédictine présente sur l'île de Samar...
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Vous êtes sans doute déjà bien sollicités, pour venir en aide aux Philippines… excusez-moi d’en ajouter…
Si vous cherchiez un créneau d’entraide, nous essayons de récolter des fonds pour soutenir les sœurs bénédictines missionnaires de Tutzing dont ces communautés ont été ravagées par le typhon ainsi que leurs œuvres (écoles et hôpitaux).
Vous pouvez verser sur le compte de la communauté à Manille dont dépendent ces communautés. 
via la banque :  Banco de Oro, Taft Avenue Branch, Manila: 
sur leur compte : Prioress of the Community of Benedictine Sisters  
Dollar account:  4580110229    
Swift code:  BNORPHMM

Cependant pour éviter de nombreux frais bancaires, il est mieux de regrouper nos dons pour ensuite les transférer groupés sur leur compte.
Si vous le souhaitez, vous pouvez verser votre contribution sur le compte du monastère, nous enverrons tout à nos soeurs. N'oubliez pas de noter en communication: aide aux Philippines. 
via la banqueBELFIUS, boulevard Pacheco, 1000 Bruxelles.
sur le compte du Monastère Notre-Dame d’Hurtebise 
B. 6870 Saint-Hubert   
IBAN BE74 0680 1144 4007
BIC GKCCBEBB
Si vous ne pouvez aider financièrement, ce qui est tout à fait compréhensible, je suis sûre que vous pourrez accompagner de votre prière le chemin bien difficile de nos sœurs, ainsi que de ceux et celles qu’elles essayent d’aider. Vous pouvez bien entendu diffuser cet appel auprès de personnes susceptibles d’aider.
Ainsi notre solidarité fera se lever un chant d'espérance sur notre terre
Avec toute notre reconnaissance
 De tout cœur en communion

lundi 14 octobre 2013

Conversion

Méditation pour le 28ème lundi TO Impaire
 
L’évangile de ce jour est un appel qui nous est adressé.
Certes, il est toujours éclairant de situer un peu le contexte de l’Evangile reçu.
A une génération sans cesse en attente de signes pour croire, Jésus exprime un net refus.
Il fait alors allusion à deux personnages connus du Premier Testament :
La reine de Saba, d’abord, doutait de ce qu’elle avait entendu dire du roi Salomon, puis elle a consenti à changer d’avis, s’est convertie, pour déclarer que Salomon surpasse en sagesse ce qu’elle avait entendu dire de lui.
Le prophète Jonas, ensuite, prêcha seulement une journée dans la grande ville de Ninive (alors qu’il fallait trois jours pour la traverser) et en obtint la conversion de tous les habitants et même des animaux !
La reine de Saba a douté puis s’est convertie.
Les habitants de Ninive vivaient en païens, ils se sont pareillement convertis.
 
Et nous, croyons-nous vraiment en la présence de Jésus, dans nos quotidiens parfois si malmenés ?
Croyons-nous que Dieu nous accompagne, c’est-à-dire marche à nos côtés, nous devance parfois, nous épaule, même si c’est dans le silence ?
Croyons-nous que Dieu veut notre bonheur, plus que nous-mêmes ?
Croyons-nous qu’Il veut nous alléger de tous nos soucis et souffrances, qu’Il nous invite à les lui remettre sans les reprendre ensuite ?
 
Le signe de Jonas, c’est celui d’un chemin de vie, d’un chemin de bonheur, que Dieu ouvre devant nous.
Alors, même si le brouillard ou les intempéries l’obscurcissent encore, balayons nos doutes, un chemin d’Espérance s’ouvre devant nos pas…
 Sr Marie-Jean

dimanche 13 octobre 2013

Reconnaissance

Méditation pour le 28ème dimanche du TO année C 

Chantez au Seigneur un chant nouveau ! avons-nous entendu dans le Psaume de ce jour. Mais pourquoi chanter un chant nouveau ? Le psaume nous dit que le Seigneur a révélé sa puissance… quelle est cette puissance ? ce terme fait peur, on imagine un Dieu fort, écrasant, devant lequel il faut s’effacer… mais est-ce là le Dieu de Jésus ? quelle est la puissance du Dieu de Jésus ? Quelle est cette victoire que nous célébrons dans le psaume ?
 St Paul nous invite à faire mémoire, à nous souvenir de Jésus. Ce souvenir va-t-il donner réponse à nos questions ? Nous souvenir de Jésus, ressuscité. C’est bien ce que nous faisons chaque dimanche… si du moins nous sommes un peu conscients de ce que nous faisons, car comme le dit la chanson : l’habitude nous joue des tours… Oui, nous sommes invités aujourd’hui à redire notre foi, non seulement à la redire, mais à la célébrer, et ce faisant à l’approfondir, à la laisser habiter en nos cœurs, afin d’être nous aussi, dès aujourd’hui des êtres vivants, ressuscités.
 Aujourd’hui, la liturgie nous propose de contempler la guérison, la résurrection d’un lépreux. Un lépreux, à l’époque de Jésus, est un homme maudit, on le tient à l’écart, on l’exclut. Sa lèpre fait peur, et on est persuadé qu’en fait, s’il est lépreux, c’est qu’il a péché. Qui plus est ce lépreux est un étranger. Il est samaritain, hérétique. Cet homme est donc doublement exclu : par sa lèpre, et par son origine…
Nous avons tous fait un jour ou l’autre l’expérience d’être exclu, rejeté… nous avons aussi tous fait un jour l’expérience de notre péché, de notre mal, qui a blessé notre estime personnelle, qui a fait que nous nous sommes exclus parfois nous-mêmes. Et comment avons-nous été relevés ?
Aujourd’hui, l’évangile nous montre 10 lépreux. Ils vivent en dehors du village, conformément à la loi. Ils ont entendu parler de Jésus, ils ont entendu parler des merveilles qu’il accomplit. Ils vont tenter leur chance… ils vont à la rencontre de Jésus. C’est déjà une folle audace. Mais ils restent quand même à distance et ils crient, ils appellent : Jésus, maître, prends pitié de nous. Prends compassion de nous ! Ils l’appellent tout simplement  par son prénom : Jésus, c'est-à-dire Dieu sauve. Ils l’appellent maître, pas au sens d’enseignant, de rabbi, mais au sens de « chef », ils lui reconnaissent un certain pouvoir. Et puis ils font appel à son cœur : prends compassion de nous. Regarde-nous, et que ton cœur en soit bouleversé et tu feras quelque chose pour nous soulager. Voilà leur cri, leur appel. Ne nous rejette pas, agis pour nous.
Jésus a entendu, il répond. « Allez vous montrer aux prêtres ». Une simple parole, aucun geste. Jésus n’est pas allé vers eux, il a respecté la distance qu’ils ont laissée. Il les envoie aux prêtres. Dans la loi juive, les prêtres devaient constater leur guérison, pour les autoriser à réintégrer la société. Jésus leur demande un sérieux acte de foi : ils ne sont pas encore guéris, ils doivent cependant se mettre en route, ce sera leur participation à la guérison. Jésus n’est pas un magicien, il lie son action à celle des hommes, à leur foi. Et les lépreux se mettent en route. Première étape sur le chemin. Croire sans voir. Et agir en fonction de cette foi.
 Et puis, voilà que l’un d’eux, constatant en chemin sa guérison, se retourne, revient. Alors au sens physique, il prend la route dans l’autre sens. Mais peut-être y a-t-il aussi dans ce changement de direction, une conversion, un retournement du cœur. Il tourne le dos au temple pour aller vers celui qu’il découvre plus important que le temple. Se découvrant guéri, en chemin vers Jésus, il glorifie Dieu à pleine voix nous dit l’évangile. Glorifier Dieu... C’est lui donner tout sa place, lui reconnaître toute sa valeur, toute son identité, qui est amour, qui n’est qu’amour.
Il arrive près de Jésus, se jette la face contre terre aux pieds de Jésus. Cette fois, il a osé s’approcher, il est vraiment tout proche de Jésus, il se tient dans une attitude de vénération, de respect, il se fait tout petit devant lui. Et il rend grâce, il fait eucharistie… c’est le même mot. Il y a là plus qu’un simple merci… il y a un échange : Il reconnaît en Jésus, bien plus qu’un chef, ou un guérisseur il reconnaît en lui la présence divine.
Vous voyez tout le chemin. Au début, avec les 9 autres lépreux, il a appelé Jésus « chef », maintenant les autres sont allés au Temple, et lui, il reconnaît en Jésus le nouveau Temple, la présence du Père. Comme lui le lépreux guéri est réintégré dans la société des hommes ; par sa reconnaissance, il réintègre Jésus à sa juste place. Il reconnaît son être, sa mission.
Jésus alors, va plus loin. Il n’a pas voulu mettre la main sur ces lépreux, en se les attachant, il les a envoyés vers les prêtres. Mais cet homme qui est devant lui, à ses pieds, éperdu de reconnaissance, il l’invite à se lever. Il ne veut pas d’un rampant devant lui. Il l’invite à se tenir debout devant lui. Relève-toi. C’est un verbe que l’on a utilisé pour dire la résurrection. Jésus lui partage la puissance de vie du Père. Relève-toi, sois tel que le Père te désire : debout, vivant.Il le veut dans un face à face d'alliance.
Va. Va car tu es libre, car tu as ta mission à vivre. Tu vas vers une vie nouvelle.
Ta foi t’a sauvé. Plus que guéri, cet homme est sauvé, il est entré dans l’univers de la vie divine, il a découvert en Jésus, l’envoyé de Dieu.
 Voilà le chemin de foi, auquel nous sommes conviés ce matin. Nous sommes venus tels que nous étions à cette célébration, avec nos blessures, nos souffrances. Nous sommes venus entendre la parole que Jésus prononce sur nous, une parole qui guérit. Et maintenant nous allons rendre grâce, nous allons reconnaître à Dieu sa place en nos vies, et lui dire merci. Reconnaissons le pain de vie, entrons ensemble dans l’univers de la résurrection, nous sommes sauvés. Et c'est notre joie !
 
Sr Thérèse-Marie

mardi 8 octobre 2013

Marthe, Marthe

mardi de la 27ème semaine du TO imp, 
Méditation après l’évangile : Luc 10, 38-42 : Marthe et Marie
 
Il parait que st Luc était médecin, je ne sais si c’est vrai. Mais on peut en effet être sûr d’une chose à la lecture de cette page d’évangile qui lui est propre, comme médecin des âmes, pour mettre le doigt là où cela fait mal et faire sauter les abcès, il est particulièrement doué.
 
Quand on lit trop vite ce passage d’évangile, on en fait une opposition entre travail, action et contemplation… et c’est parti pour la comparaison, quand ce n’est pas pour la hiérarchie entre les diverses vocations chrétiennes. Alors pour ne vexer personne, on s’empresse d’en faire une lecture toute tissée en compromis, qui vous explique qu’il faut réconcilier en vous les deux femmes, Marthe et Marie,… et résultat on a un évangile tout plat, si plat qu’on peut le glisser sans le moindre problème en toute boîte, et sous toutes les portes… dans tous les cœurs.
Mais n’a-t-on pas alors perdu la saveur de l’Evangile, et l’appel à la conversion qui nous est lancé, comme aux jours de Jonas ? 
 
Je ne crois pas qu’il faille jouer à réconcilier Marthe et Marie, Jésus ne semble nullement s’en soucier, au contraire, permettez-moi de remarquer, qu’il fait plutôt le contraire, il met de l’huile sur le feu ! Il me semble que l'opposition n'est pas entre travail et prière, travail et contemplation, mais entre un coeur pur, ouvert, et un coeur agité, préoccupé, autocentré...
Regardez le texte : Jésus entre à la maison, Marthe met les petits plats dans les grands pour le recevoir, Marie est assise à ses pieds, dans la position du disciple qui écoute la parole. Et du coté de la cuisine cela mousse… non, pas de la mousse au chocolat, mais de la mousse intérieure… Marthe commence à juger la scène très mauvaise. Elle murmure et au bout d’un moment, elle explose. Et admirez la manière : elle ramasse le Seigneur lui-même ! « Seigneur, cela ne te fait rien… » Vlan, un reproche : « non mais, tu es aveugle ?  tu es insensible ou quoi ? C’est gentil de bavarder, de partager ou de roucouler… mais cela ne remplit pas l’assiette ! C’est facile de faire des beaux sermons sur la charité, mais c’est les actes qui comptent ! » Et puisque Jésus laisse tout faire, démissionne, elle, Marthe, va remettre de l’ordre dans la maison. Elle commande à Jésus : « Dis-lui donc de m’aider ! » Si Marie est assise en disciple, Marthe, elle, s’érige en maître, elle accule Dieu à lui obéir, elle s’est mise à la place de Dieu pour décider de ce qui est bien et de ce qui est mal ! Et Jésus au lieu de céder à l’injonction, en rajoute doucement une couche : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée ». Avouez, il ne calme pas vraiment le jeu ! Quand Jésus traverse nos vies, comme Jonas a traversé Ninive, il interpelle nos cœurs. Tu veux être servante du Seigneur ? tu fais bien. Mais alors, s’il te plait, laisse-moi te dire, ce dont j’ai besoin aujourd’hui. Jésus monte vers Jérusalem, il va au devant de la mort. Ce jour-là, entrant en la maison de Béthanie, chez ses amis, il est venu déposer un petit peu de son fardeau. Il a trouvé en Marie un cœur qui écoute, qui accueille et réconforte. Toi tu veux aussi accueillir et réconforter ? alors vois le service que le Seigneur attend de toi, ne décide pas, ne juge pas de tout, mais vois ton Seigneur, son attente, son espérance… et vois comment tu y répondras de tout ton cœur.
Le texte s’arrête là… à nous de voir la suite qu’il recevra en notre vie…
sr Thérèse-Marie
 

samedi 5 octobre 2013

Réjouissez-vous

Méditation pour le 26ème samedi du temps ordinaire (année impaire)
 
26e sam TO I : Ba 4, 5…29 ; Ps 68 ; Lc 10, 17-24
 
Dans le Premier Testament, Baruch promettait « la joie éternelle ».
Dans l’Evangile, cette joie est palpable en Jésus : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
C’est la joie des disciples, messagers de la Bonne Nouvelle, qui expérimentent la fécondité de leur annonce.
C’est la joie que Dieu veut pareillement déposer au creux de notre cœur.
C’est la joie qu’il veut nous confier pour que nous la répandions sur notre terre.
 
Quelle est-elle, cette Bonne Nouvelle ?
« Personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler ».
La Bonne Nouvelle, c’est de connaître le Père, accueillir la révélation de Jésus, lui qui n’a cessé de parler du Père.
Connaître le Père, le connaître en tant que Père, tisser un lien avec ce Dieu d’Amour.
Dans le cœur du Père, chacun est unique.
Chacun a une place irremplaçable.
Nous sommes aimés tels que nous sommes.
Telle est bien une des aspirations de chaque être humain de notre terre : être unique pour Quelqu’un et être aimé de Lui.
 
Voici la Bonne Nouvelle : nous sommes, tous et chacun, individuellement, aimés de Dieu.
Cette vérité, Jésus nous la proclame aujourd’hui et nous en rend porteurs, pour tous ceux et celles que nous rencontrerons :
« Réjouissez-vous, parce que vos noms sont inscrits dans les cieux »
  
Sr Marie-Jean

dimanche 29 septembre 2013

Tout visage découvert dans le pauvre

26ème dimanche Temps ordinaire (année C)
Il y a quinze jours, j'étais à la cathédrale de Recife avec les déléguées bénédictines du monde entier, pour la célébration de l'eucharistie. Nous nous sommes recueillies sur la tombe de Dom Helder Camara. Comme ce lieu est habité.
Le lendemain, j'ai visité un petit centre d'accueil pour enfants pauvres, au coeur même d'une favela. Puis j'ai rencontré une famille vivant au coeur de la favela. Nos soeurs bénédictines tentent de soulager la misère des enfants, des familles en offrant cette structure d'accueil, et un accompagnement aux familles. Elles ne se découragent pas face à l'immensité de la détresse humaine, elles ne se replient pas dans un "c'est impossible, il y a trop de misère". Elles regardent les nécessités, et voient ce qu'elles peuvent faire, et le font (en fonction de leurs forces et des finances qu'elles peuvent recevoir pour soutenir leur oeuvre). 
En entendant l'évangile d'aujourd'hui (Luc 16, 19-31), avec le pauvre Lazare gisant au seuil de la maison du riche, je ne peux m'empêcher de repenser à ce séjour au Brésil. Et me revient à l'esprit ce témoignage de Dom Helder Camara: " le Christ eucharistique ne peut accepter un excès de glorification tant que l’autre Eucharistie – le Christ vivant dans les pauvres – est écrasée.
Un jour, une délégation est venue me voir, ici, à Recife : « Vous savez, Dom Helder, il y a un voleur qui a réussi à pénétrer dans telle église. Il a ouvert le tabernacle. Comme il ne s’intéressait qu’au ciboire, il a jeté les hosties par terre, dans la boue… Vous entendez, Dom Helder : le Seigneur vivant jeté dans la boue !... Nous avons recueilli ces hosties et les avons portées en procession jusqu’à l’église, mais il faut faire une grande cérémonie de réparation !... » - « Oui, je suis d’accord. On va préparer une procession eucharistique. On va réunir tout le monde. On va vraiment faire un acte de réparation. »
Le jour de la cérémonie, quand tout le monde était là, j’ai dit : « Seigneur, au nom de mon frère le voleur, je te demande pardon. Il ne savait pas ce qu’il faisait. Il ne savait pas que tu es vraiment présent et vivant dans l’Eucharistie. Ce qu’il a fait nous touche profondément. Mais mes amis, mes frères, comme nous sommes tous aveugles ! Nous sommes choqués parce que notre frère, ce pauvre voleur, a jeté les hosties, le Christ eucharistique dans la boue, mais dans la boue vit le Christ tous les jours, chez nous, au Nordeste ! Il nous faut ouvrir les yeux ! » Et je disais que le meilleur fruit de la communion au Corps du Christ dans l’Eucharistie serait que le Christ ainsi reçu nous ouvre les yeux et nous aide à de reconnaître l’Eucharistie des pauvres, des opprimés, de ceux qui souffrent. C’est sur cela que nous serons jugés, le dernier jour…"  (Helder CAMARA, Les conversions d'un évêque, Seuil , 1977, p 145)
Que le Seigneur nous ouvre les yeux, qu'il éclaire nos consciences, qu'il nous donne la force d'agir pour bâtir son Royaume de justice, de fraternité, de solidarité, de paix. 

Sr Thérèse-Marie

dimanche 11 août 2013

Le dimanche de la foi

19ème dimanche dans l'année C
S’il fallait donner un nom à ce dimanche, en fonction des lectures qui nous sont proposées, nous pourrions l’appeler le « dimanche de la foi ».
Relisons ces textes en nous posant la question : « qu’est-ce que la foi ? »
L’auteur du  livre de la Sagesse qui écrit au 1er siècle avant Jésus-Christ, revient sur l’événement fondateur du peuple juif : la sortie d’Egypte.
« La nuit de la délivrance pascale avait été connue par avance par nos pères » dit-il. Non qu’ils avaient la science infuse ou une quelconque vision de l’avenir... Le texte le précise très clairement: « assurés des promesses auxquelles ils avaient cru »...
Promesses de libération que Moïse leur a transmises de la part de Dieu.
Nous apprenons ainsi que la foi n’est pas de l’ordre de la vision, mais de l’écoute : les pères ont entendu une Parole de la part de Dieu et ils y ont cru... La foi les a fait entrer dans une connaissance nouvelle, dans un mode de connaissance qui n’est pas d’ordre intellectuel, c’est une connaissance du cœur....
En accueillant la promesse de Dieu, en mettant en Dieu sa confiance, le peuple se fait partenaire de Dieu dans son projet de libération, on pourrait dire que la foi fait entrer le croyant en connivence avec Dieu. Et cela suscite dans son cœur, une double assurance :
-que Dieu ne tolère pas l’esclavage
-que le pouvoir oppresseur ne peut mener qu’à la mort.
 
Le livre de la Sagesse nous apprend ainsi que la foi qui naît de l’écoute s’affermit dans l’accueil et l’adhésion à une Parole de Dieu et débouche sur une assurance de libération et sur l’expérience du passage de la mort à une vie nouvelle.
 
Et ces mêmes éléments figurent aussi dans la 2ème lecture.
L’auteur de la lettre aux Hébreux relit l’histoire du peuple en mettant en exergue la foi de ceux qui l’ont marquée en commençant par Abraham. C’est un beau chapitre que je vous invite à relire et qui est scandé par cette expression : « grâce à la foi ».
Abraham a entendu un appel de Dieu, il a fait confiance et a marqué son adhésion en se mettant en route, sans savoir où il allait. Il n’avait pas non plus une vision de l’avenir ... mais par sa foi il s’est fait partie prenante du projet de Dieu.
L’auteur nous précise en quoi consiste la connaissance nouvelle à laquelle ouvre la foi : « La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. »
Fort de cette foi qui concentre son regard sur la promesse, promesse d’un avenir, promesse d’une terre... Abraham traverse la vie présente quasi comme un étranger, en route vers une autre patrie.
Grâce à la foi, Sara accueille ce que toute raison humaine considère comme impossible : elle met au monde un fils dans sa vieillesse et Abraham alla même jusqu’à offrir son fils car il avait au fond de lui la conviction que Dieu est fidèle.
Nous retrouvons un élément important de la foi que nous avions relevé tout à l’heure : elle donne l’assurance qu’en Dieu la vie est plus forte que la mort.
 
L’évangile lui, ne nous parle pas explicitement de la foi mais la parole de Jésus : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » ne fait-elle pas écho à l’appel d’Abraham et à la promesse à Moïse ?
Sois sans crainte, n’aie pas peur, (dans la Bible, le contraire de la foi c'est la peur) fais-moi confiance, le Royaume t’est déjà donné. Tu ne le vois pas mais il t’est donné en espérance... Crois seulement et tu possèderas ce que tu espères et tu goûteras déjà la réalité de ce qui t’est réservé dans les cieux... Au point que tout tendu vers ce trésor ton cœur se détachera de ce qui ne peut que vieillir et passer et il sera aux aguets du moindre signe de la présence de ce Royaume. Et comme pour hâter sa venue, il se tiendra en éveil.
Ta foi alors te gardera en tenue de service au milieu de tes frères et sœurs. Parce que la foi, ce n’est pas seulement dans la tête ou dans le cœur, c’est aussi dans les mains ! Donner sa foi au Dieu qui libère, c’est devenir libérateur avec lui ! « Montre-moi ta foi sans les œuvres, dira St Jacques, moi c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi » 
 
 La Parole entendue qui témoigne pour nous de la présence de Dieu au cœur de l’histoire, l’Eucharistie où le Christ prend pour nous la tenue de service, nous invite à sa table et nous partage le pain et le vin de la Vie éternelle, la communion fraternelle qui nous ouvre aux dimensions de l’humanité... voilà des lieux privilégiés où notre foi se fortifie, se partage et en nous tournant vers l’avenir, nous encourage à faire de notre vie et du moment présent un véritable chemin vers le Père.
                            Sr Élisabeth

samedi 10 août 2013

Saint Laurent

Au beau milieu du Temps Ordinaire, en cette fête du martyr Laurent, nous voici projetés en plein mystère pascal.
D’aucuns pourraient poser cette question : comment apprivoiser au quotidien un tel mystère ?
Comment le comprendre en notre aujourd’hui ?
 
Relisons les paroles de Jésus :
« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit… »
Rappelons que Jésus a prononcé ces mots au seuil de la Passion.
Ces propos le concernent donc en premier lieu, comme le laisse entendre le verset précédent, où il déclare :
« L’Heure est venue où est glorifié le Fils de l’homme »
Cette heure de la glorification, c’est l’occasion offerte à Jésus de montrer le poids de son Amour, d’en donner preuve… y compris par une éventuelle mort.
Par l’image du grain de blé tombé en terre, Jésus invite ses disciples à ne pas voir dans cette mort qu’un point final, un départ, un anéantissement, une absence,…
En se comparant au grain, Jésus annonce certes qu’il sera pareillement jeté en terre, mais aussi qu’il donnera beaucoup de fruit.
Une fécondité pourra surgir de cette mort…
 
Si cet horizon de la glorification concerne surtout Jésus, la suite peut nous rejoindre davantage :
« Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache la garde pour la vie éternelle »
Nous pouvons être interpellés par les oppositions de ces deux versets :
« s’il ne meurt pas / s’il meurt ; il demeure seul / il porte beaucoup de fruits ; aimer sa vie / la haïr (c’est la traduction littérale) ; la perdre / la garder pour la vie éternelle »
 
« aimer sa vie / la haïr » : l’alternative doit être bien comprise.
Ce n’est pas à un désir suicidaire ou masochiste que Jésus fait allusion, mais il se prononce sur la façon dont on mène sa vie : la vit-on pour soi ou pour les autres ?
En somme, est-ce que je considère ma vie comme mienne, une vie que je dois défendre à tout prix et conserver comme si elle se suffisait à elle-même ?
Ou bien est-ce que je veille à ne pas m’y agripper, est-ce que je cherche à m’ouvrir à l’autre, en mourant à ce qui me replie sur moi-même ?
Pour retenir du sable, il faut ouvrir la main ; sinon, le sable s’échappe…
Il en va de même pour notre vie humaine.
Cette vie ouverte, non repliée sur elle-même, Jésus nous annonce qu’elle ne mène pas non plus à une fin ou au néant, mais qu’elle « se maintient pour de bon », « en vie éternelle ».
 
Telle est la question qui peut nous tarauder, nous et tant de nos contemporains : comment réussir sa vie ?
Jésus veut nous offrir une clé…
Et il poursuit :
« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera »
Pour accéder à une telle vie, Jésus invite à le suivre, c’est-à-dire à l’accompagner, à lui emboîter le pas, lui qui a dépensé sa vie pour ceux et celles qu’il a croisés.
 
Être là où Jésus est, c’est-à-dire être enraciné dans l’Amour du Père, puisant en cet Amour la force de rejoindre tous ceux et celles qui sont sur le chemin.
Jésus n’a pas gardé sa vie pour lui-même… et cette vie ne s’est pas perdue.
Au contraire, elle a porté du fruit et a créé du neuf…
 
Alors, en cette fête du martyr Laurent, Jésus nous questionne :
Que voulons-nous ?
Une vie pour nous-mêmes, bien au chaud, dans le cocooning de nos habitudes… ou bien une vie au grand large, avec un cœur universel, attentif aux autres et à l’Autre, recevant une fécondité que seul notre Dieu peut nous donner ?
Saint Laurent a répondu…
Et nous, chacune et chacun, que répondrons-nous à Celui qui nous invite ?
 
 
Sr Marie-Jean (10 août 13)
 

dimanche 14 juillet 2013

Un regard clair

Méditation pour le 15ème dimanche du Temps Ordinaire (année C)
(Dt 30,10-14; Ps 18; Col 1,15-20; Lc 10, 25-37) 

Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard. C’est bien ce que nous avons chanté avec le psaume. Voulons-nous recevoir ce regard clair ? il n’est alors que d’accueillir le commandement du Seigneur, pour le mettre en pratique. Et le Deutéronome nous déclare que ce commandement n’est pas au-dessus de nos forces, qu’il n’est pas loin, mais tout proche !  Voulons-nous l’accueillir ?
 
Si nous saisissons l’Evangile et le lisons un peu rapidement, nous le recevons comme une page de bonne morale : fais comme le samaritain, ouvre les yeux et veille à ceux que tu vois sur le bord de la route, et qui ont besoin de ton aide. Alors on retrousse les manches, et nous voici transformés en une belle armée de secouristes. Nous allons tenter de nous faire proches de tous les pauvres et miséreux que nous rencontrons, et c’est très beau. Avouez que notre terre va commencer à tourner plus rond…
 
Mais est-ce bien en ce sens que l’évangile nous est offert aujourd’hui ? ou seulement en ce sens ? comme une invitation à la charité inventive ?
 
Dans la parabole, le samaritain arrive troisième d’une série. Un prêtre passe, un lévite passe, puis le samaritain.
Un prêtre, c’est un pilier du temple de l’époque. Un lévite, un homme mis à part pour le service de l’autel. Ces deux-là, sont des gens bien, consacrés au service de Dieu. Ils ont voué leur vie à aimer Dieu… ils connaissent la loi, ils savent qu’ils ne peuvent toucher un homme à moitié mort, ils ne peuvent toucher du sang. Cela les rendrait impurs, inaptes à leur mission cultuelle. Ils ont clairement choisi d’aimer Dieu, et doivent dès lors passer outre de ce bougre en piteux état. Il devait y avoir dans les auditeurs de Jésus, quelques religieux observants pour applaudir à leur comportement : en voilà deux qui savent ce que respecter la loi veut dire ! Bravo.
 
Arrive un samaritain. A l’époque de Jésus, ces gens sont vraiment mal vus, un bon juif ne veut rien avoir à faire avec ce genre d’homme, schismatique,… hautement suspect… Il passe sur la même route et voit lui aussi cet homme en détresse, et au lieu de passer outre, il le secourt, plus que généreusement, au risque de se souiller par le contact du sang. Il ose se salir les mains et semble ainsi préférer le deuxième commandement : il se fait proche de cet homme, l’aime, le sert, le sauve.
Et voilà que Jésus loue le samaritain ! La perplexité de ses auditeurs a fait place sans doute au scandale ! Est-ce là un vrai rabbi ?
 
La loi du Seigneur clarifie le regard… qui a eu le regard clair en notre parabole ?
 
Est-ce conciliable d’aimer Dieu et son prochain ? Faut-il nécessairement les opposer ? Comment observer la loi ?
 
Prêtre et lévite passent outre, ils veulent rester purs. Le samaritain se fait proche de celui qui git là sur la route, blessé, laissé pour mort, et tant pis si la loi le déclare impur en conséquence de cet acte.
 
Jésus dans sa parabole nous guide, il me semble vers un sens pluriel. Sois bon, charitable, comme ce samaritain… et pour cela ne craint pas d’enfreindre la loi en la dépassant par le dessus. Cela plaira à Dieu, plus que des sacrifices !
Mais aussi, vois ce samaritain qui s’est fait le prochain du blessé sur la route… apprends à l’aimer… arrête de le considérer comme un hérétique… Il respecte le sens de la loi, et pas seulement sa lettre.
 
Le samaritain n’est-il pas là pour vérifier comment nous lisons la loi fut-elle de Dieu… pour vérifier si la loi clarifie nos regards, ou si nos interprétations les assombrissent.
 
Charité inventive, dépassement de la loi… est-ce là tout le message de cette page d’évangile ? plus profondément ces textes ne nous disent-ils pas d’abord et avant tout le visage de Dieu ?
 
Que faire pour avoir part à la vie éternelle, demandait le scribe. Avoir part à la vie éternelle, c’est avoir part à la vie de Dieu…
Tu veux partager sa vie ? partage ses mœurs… ses manières de voir et de faire…ses priorités. La loi du Seigneur clarifie ton regard, elle t’aide à voir comme lui. Aime Dieu et ton prochain comme toi-même… si ces deux commandements semblent s’opposer, c’est que tu tiens très probablement le livre à l’envers… Il s’agit d’aimer Dieu en aimant ton prochain, d’aimer ton prochain en aimant Dieu. C’est là le sens de la loi divine. La loi qui t’interdit de toucher le sang est loi qui veut t’apprendre le respect de la vie… garde sa visée… et libère là de l’étroitesse du fondamentalisme,… respecter la vie c’est venir au secours du blessé, ainsi que l’a fait ce samaritain, ce schismatique que ses contemporains regardaient de travers.
 
La loi clarifie ton regard, pour que tu voies, dans celui qui git sur la route, un frère, image de Dieu, qui attend ton secours. Pour que tu voies aussi en cet étranger qui dépasse la lecture étroite de la loi, un frère, image de Dieu. 

Sr Thérèse-Marie