vendredi 22 novembre 2013

Du milieu du chaos, les soeurs vous disent leur reconnaissance

Jeudi 21 novembre 2013
Lettre de reconnaissance de Soeur Ana Maria Raca, OSB et des soeurs de l’hôpital « Divine Word » à Tacloban.  

Chères soeurs, administrateurs, faculté, staff, étudiants, parents, anciens élèves de nos écoles bénédictines, et amis de tous les coins du monde,

PAIX!

Voilà 12 jours que ce super typhon meurtrier a frappé et anéanti Tacloban et les régions alentour,  et c’est seulement maintenant que j’ai le temps, le courage et la force pour écrire et exprimer ma gratitude pour le jaillissement d’amour et de soutien dont vous avez témoigné pour notre peuple souffrant. Où que vous soyez, à vous, notre infinie gratitude.

La nuit avant que le typhon ne frappe, nous avions 159 patients à l’hôpital “Divine Word” de Tacloban. Nous étions 16 sœurs en tout habitant au troisième étage d’un des bâtiments de l’hôpital au moment de cette calamite. Notre communauté de l’hôpital avait atteint cette taille parce que les soeurs membres de la communauté du Collège sainte Scholastique à Tacloban ont décidé de nous rejoindre juste quelques minutes avant que les grands vents arrivent. Si elles ne l’avaient pas fait, l’une ou l’autre pourrait avoir péri puisque leur couvent a été détruit à 75 %.  
 
Il est de notoriété publique qu’au plus fort du typhon, et juste immédiatement après, l’hôpital “Divine Word” était le seul établissement médical resté en service tandis que les autres, gravement endommagés avaient cessé. Nous saluons nos médecins résidents, les infirmières et le personnel qui durant un tour d’horloge complet, ont servi non-stop toutes les victimes du typhon.

En ce vendredi 8 novembre, lorsque les vents terrifiants ont frappé l’hôpital, tous les appareils de climatisation dans les chambres des patients ont littéralement été projetés à terre. Nous avons eu de la chance que personne n’a été blessé. Certaines chambres ont vu leurs fenêtres voler en éclats et parfois aussi leurs portes. Tous les patients ont été conduits hors des chambres, dans les couloirs, où ils étaient plus en sureté. Dès que les patients ont été installés dans les couloirs, les sœurs ont mené la prière du chapelet, pour calmer les peurs.

Le dimanche 10 novembre, nous avons dû évacuer tous les patients sans demander de paiement de facture d’hospitalisation. Nous n’avions plus d’eau courante, plus d’électricité, plus de médicaments, ni de nourriture. Cependant, beaucoup d’entre eux sont restés à l’hôpital quelques jours en plus, parce qu’il n’y avait pas de moyens de locomotion, ou qu’ils n’avaient plus de maisons en lesquelles retourner. D’autre part, les soins d’urgence pour les victimes du typhon n’ont jamais cessé. A partir du moment où la salle d’urgence, au rez de chaussée, a été inondée, le hall du deuxième étage est devenu salle d’urgence, emplie de patients souffrants d’hémorragie. Dix patients sont décédés, dont deux dans l’unité de soins intensifs, qui sont décédés au moment où les appareils d’assistance ont cessé de fonctionner à cause de la panne de courant.

Durant deux jours nous avons été totalement coupées du reste du monde, car aucun moyen de communication ne fonctionnait. Ensuite l’UNICEF a pu mettre en place un centre près du bureau de police où les gens pourraient faire des appels gratuits et avoir accès à Internet. Là j’ai fait la file avec deux autres sœurs, juste pour communiquer avec notre Mère Prieure, pour l’assurer que nous étions toutes sauves, et pour lui donner la liste des médicaments et des fournitures médicales dont nous avions besoin pour nos patients.
 
Les toits de deux de nos bâtiments ont été arrachés, les plafonds et lignes électriques ont été détruits. Les couteux équipements de laboratoire, les véhicules, les appareils de la buanderie, les générateurs ont été inondés et détruits par l’eau. Le sol à l’hôpital était jonché de débris de verre, et nos terres de débris et d’arbres tombés. Notre personnel à l’hôpital a continué à travailler, dans des conditions limites – avec peu d’eau et peu de lumière.
 
Autour de nous les scènes que nous avons vues étaient difficilement soutenables, la destruction et la souffrance étaient au-delà de toute description. Les gens marchaient dans les décombres assommés, sidérés. Beaucoup de larmes coulaient, la douleur ne trouvant pas de mots.

Au milieu de cette immense obscurité du paysage, des rayons de lumière ont brillé. Il est venu de cœurs bons, - de cœurs soucieux – et ils nous ont atteints. Des articles de secours, des médicaments, une aide financière et des formes variées de solidarité et de soutien sont venues de tous les coins du pays, et du monde entier, ils ont percé la ténèbre et nous ont apporté espérance et joie.
 
VOUS avez été parmi ceux qui ont répondu en notre temps de détresse. Vous êtes ce rayon de lumière.

Dans la confusion et le chaos des premiers jours de l’arrivée et de la distribution des secours, arrivant à Tacloban, nous avons reçu les premières 5 boîtes (les autres ont été distribuées ultérieurement) des opérations de secours au collège ste Scholastique à Manille. C’était deux boîtes de produits pour intraveineuses, deux boîtes de chocolat Nips et une boîte de boissons chocolatées. Les chocolats Nips ont été notre souper avant la nuit et nous ont sauvé dans les jours qui ont suivi quand la faim est venue. A vous qui avez donné ces chocolats, sachez ce qu’ils ont signifié pour nous et combien ils ont été un signe d’espérance. Sachez qu’aucune action n’est petite dans une situation de vie ou de mort.

Pour nous croyants, la destruction et la mort n’auront jamais le dernier mot, mais bien l’espérance en un Dieu aimant qui travaille à travers les siens comme chacun de vous.
 
Au nom de notre communauté de l’hôpital “Divine Word” et de la communauté du collège de Tacloban, et de toutes les personnes souffrantes de Tacloban et des autres régions atteintes, nos prières et notre gratitude. Dieu vous bénisse et vous récompense au centuple. Votre bonté et votre compassion seront notre source d’inspiration s’élevant à nouveau.
 
A jamais reconnaissantes,
Soeur Ana Maria Raca, OSB
et les soeurs de l’hôpital “Divine Word” à Tacloban  

 
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Si vous souhaitez aider les soeurs bénédictines missionnaires des Philippines à aider la population, vous pouvez toujours effectuer un versement. Les numéros de compte se trouvent sur le message précédent. Mille merci, les nécessités sont immenses. Notre aide aussi minime soit-elle est bienvenue. Quand on manque de tout, rien n'est trop petit !

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