vendredi 21 janvier 2011

Venez à ma suite...

3ème dimanche A: Mt 4,12-23
Jean a été livré... le temps du précurseur est terminé. Jésus a respecté jusqu'au bout le mission de Jean-Baptiste, il laisse à la semence le temps de germer et de croître.
L'arrestation de Jean est pour lui le signe que son temps est arrivé. Il quitte Nazareth et va s'établir à Capharnaüm.
L'évangéliste applique ici à Jésus l'oracle d'Isaïe que la liturgie avait proclamé dans la nuit de Noël. Manière de nous dire que Jésus est bien la Lumière annoncée à Israël alors qu'il part en captivité. Lumière qui vient illuminer nos ténèbres.
Contrairement à Jean-Baptiste qui s'était retiré au désert, c'est au « carrefour des nations » que Jésus s'installe pour entamer son ministère. L'impulsion est donnée: c'est à tous les hommes, à toutes les nations que Jésus annonce la Bonne Nouvelle du salut. Et la dernière parole que Matthieu met sur les lèvres de Jésus y fera écho: « Allez, de toutes les nations, faites des disciples » (28,19). C'est ainsi toute la vie de Jésus, toute sa prédication qui est orientée vers le salut de tous les peuples.
Faire des disciples, c'est ce que Jésus s'empresse de commencer en cheminant au bord du lac.
« A partir de ce moment »: il s'agit bien d'une inauguration. Jésus commence ici son ministère public après avoir, comme Abraham, quitter son pays.
Sa première parole n'est autre que le message de Jean-Baptiste, accréditant ainsi la mission du précurseur.
« Repentez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ». Il s'agit donc de se repentir, de se détourner du passé, de changer de sentiments, de manière de penser pour être capable d'accueillir le salut apporté par le Règne de Dieu. Repentir qui devrait déboucher sur une conversion, un retournement dans la manière de vivre. « Vos pensées ne sont pas mes pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins » (Is 55,8). Et il y a urgence, car le Royaume des cieux est tout proche et même il est là en Jésus!
Y a-t-il un lien entre cette parole de Jésus et l'appel des premiers disciples? Leur réponse est claire: aussitôt – laissant... - ils suivent. Leur disponibilité (aussitôt) ne serait-elle pas le premier effet du repentir, d'une ouverture de pensée? En tout cas, elle les amène à un changement de vie radical: « laissant » barque, métier, famille, ils « suivent » Jésus.
La suite de l'Evangile insistera sur la nécessité de tout quitter pour se mettre à la suite de Jésus: quitter l'inquiétude pour la confiance (7,25-34); quitter le confort légitime d'un abri dont jouissent même les animaux (8,20); quitter l'assurance que donne une observance méticuleuse pour s'ouvrir à la nouveauté (9,14-17) ou au don radical (19,21).
Quant à Jésus il poursuit son chemin annonçant le Royaume par sa Parole et par ses actes...
 
 
Sr Elisabeth

mercredi 19 janvier 2011

Voir et témoigner

 
L'évangile du 2ème dimanche A (Jn 1,29-34) nous parle surtout de Jean. Et à son propos, il est essentiellement question de voir et de rendre témoignage. Pas seulement voir et raconter ce qu'on a vu mais voir et prendre position par rapport à la réalité perçue.
Jean-Baptiste voit... le verbe voir lui est attribué 4 fois en ce court passage. Il voit Jésus et il voit l'Esprit. Et à cet Esprit, il reconnait en Jésus l'Agneau de Dieu.
Voir est étroitement lié à la conversion, qui est l'objectif du baptême de Jean. St Matthieu, reprenant le prophète Isaïe nous dit (13,15) : « ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur esprit ne comprenne, qu'ils ne se convertissent et que je ne les guérisse »
Voir -> comprendre -> se convertir -> se laisser guérir... C'est sur ce chemin de vie spirituelle que Jean-Baptiste nous invite.
Lorsque, dans sa prison, il aura quelque doute sur Jésus et qu'il enverra ses disciples pour l'interroger, (Mt 11,2-6), Jésus leur répondra: « allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez; »
Voir implique que l'on entre en relation avec la réalité perçue, que l'on se situe personnellement face à elle. Deux possibilités: accueillir ou refuser. Là est notre liberté, et c'est sans doute la raison pour laquelle, parmi les miracles de Jésus, les évangélistes ont pointé notamment la guérison des aveugles.
Jean-Baptiste rend témoignage.
Témoigner, c'est attester la réalité d'un fait. C'est un terme fort, juridique qui exprime un engagement de sa parole et donc de sa personne. Par 2 fois, Jean-Baptiste précise qu'il ne connaissait pas Jésus. Dans la Bible, connaître signifie entrer en relation existentielle. Jean ne pouvait pas connaître ainsi Jésus sans l'intervention de l'Esprit qui lui révèle à la fois qui est Jésus, l'Elu de Dieu, et lui-même, un témoin qui ira jusqu'à donner sa vie par fidélité à la conviction intérieure née de cette rencontre au désert. Parce qu'il a vu, il se sait chargé de la mission de témoigner...
Et nous?
Notre foi est fondée sur le témoignage des apôtres, témoins oculaires de la vie de Jésus, de sa mort et de sa résurrection. L'Evangile, la prédication apostolique sont le témoignage de ceux qui, remplis de l'Esprit-Saint à la Pentecôte, ont reconnu et attesté que l'homme Jésus qui a sillonné les routes de Galilée, que les autorités ont condamné au supplice de la croix, Dieu l'a ressuscité. (Ac 2,22-36)
Nous ne pouvons pas témoigner de ce que nous avons vu de nos yeux à propos de la vie Jésus... mais Jésus a eu soin de constituer les siens en Eglise, en communauté de croyants, leur promettant Sa présence au milieu d'eux. La liturgie, les sacrements, l'Ecriture, la communauté... autant de lieux privilégiés de rencontres avec le Christ, par lesquelles se forgent en nous des convictions. Et nous pouvons dire avec st Paul: « nous croyons, c'est pourquoi nous parlons... » (2 Co 4,13) 
Sr Elisabeth

mercredi 12 janvier 2011

Regard original sur Jésus...

 
La liturgie du 2ème dimanche dans l'année, nous propose une autre version du baptême de Jésus, celle de l'évangéliste Jean.
Il ne faut pas s'étonner de constater des différences dans les récits d'un même événement. Lorsque nous nous rassemblons pour partager autour d'une parole de l'Ecriture, pour faire ensemble une « lectio divina », nous constatons, et c'est une richesse inouïe, que chacun met l'accent sur un point ou sur un autre, que le texte trouve un écho différent selon les expériences et le cheminement de chacun...
On peut dire que, de manière analogue, les évangélistes nous partagent leur lectio divina d'un même événement dont ils ont été témoins ou qui leur a été transmis par une tradition le plus souvent orale.
Jean dira à la fin de son Evangile que s'il on voulait s'attarder à tous les détails de la vie de Jésus, « le monde ne suffirait pas à contenir les livres qu'on en écrirait ». Et c'est bien ce qui se passe.
Après vingt siècles, on n'en finit pas de scruter tous les écrits qui concernent Jésus ou qui le précèdent dans l'histoire du peuple de Dieu, de les analyser, de les laisser retentir en soi... Et leur richesse n'est pas épuisée.
Nous aussi, nous sommes invités à découvrir la parole personnelle que Dieu nous adresse aujourd'hui au creux des lectures que le liturgie nous propose chaque jour et à entrer dans le grand mouvement de la tradition et de la transmission de notre foi. Et pourquoi pas à la partager?
En cela Jean-Baptiste nous est un modèle et nous avons beaucoup à gagner en le regardant dans sa rencontre avec Jésus... Que nous dit l'Evangile de Jean 1,29-34? 
Sr Elisabeth

dimanche 9 janvier 2011

mon Fils bien-aimé

Jésus surgit dans le désert... tout comme Jean-Baptiste (v/1)
L'évangéliste ne s'attarde pas sur leur enfance et leur jeunesse, ni sur la relation qu'ils ont entretenue jusqu'alors.
Jésus se rend au Jourdain pour être baptisé par Jean-Baptiste
Sa détermination est claire, il se mêle à la foule pour recevoir le baptême de pénitence proclamé par Jean. S'instaure alors un dialogue, que Matthieu est le seul à rapporter et qui nous laisse deviner l'état d'esprit de Jean et de Jésus en ce moment inaugural de la vie publique. Jean résiste; il a donc reconnu Jésus au milieu de la foule. Sans doute, les deux hommes, cousins, s'étaient-ils fréquentés. Jean a vu en Jésus celui qu'il annonçait comme plus fort que lui, et qui baptisera dans l'Esprit et le feu. Son humilité face à Jésus révèle en tout cas en lui un profond respect et la perception d'un être particulièrement innocent qui n'a nul besoin du baptême de pénitence. Le jeu des pronoms « toi » et « moi » situe cependant la question à un niveau interpersonnel.
Laisse faire pour l'instant, car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice.
La réponse de Jésus va élargir cette vision et faire entrer Jean dans la raison profonde de sa venue et finalement de son incarnation: il s'agit d'accomplir (terme cher à Matthieu) toute justice, de mener à la perfection l'ajustement de l'homme avec Dieu. Jean-Baptiste se voit invité non seulement à laisser faire Jésus mais à entrer ainsi avec lui dans l'obéissance au Père, dans son adhésion au projet du Père sur l'humanité.
Pour l'instant:
Respect de Jésus pour la pédagogie divine et les délais nécessaires. Parole qui n'est pas sans nous rappeler la réponse que l'évangéliste Jean met sur les lèvres de Jésus à Cana: « mon heure n'est pas encore venue ». L'heure n'est pas venue pour Jésus de se manifester pleinement.
Ayant été baptisé, Jésus remonta du Jourdain. Dans le livre de Josué (4,19) il est dit « le peuple remonta du Jourdain » pour entrer dans la terre promise. Peut-on faire un lien entre les deux textes? En Jésus, ne serait-ce pas tout le peuple qui est plongé dans l'eau du baptême et en qui en remonte pour entrer dans une vie nouvelle? Les eaux du Jourdain n'anticiperaient-elle pas la passion et la descente aux enfers dont Jésus remontera victorieux par sa résurrection entraînant avec lui tous ceux que la mort retient prisonniers?
Et voici que les cieux s'ouvrirent répondant ainsi au voeu du prophète: « Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais » (Is 63,19).
Et Jésus voit l'Esprit descendre tel une colombe. On se souvient qu' »au commencement, l'Esprit planait sur les eaux »...(Gn 1,1). Autant dire que nous sommes ici à un nouveau commencement, au commencement d'une création nouvelle.
Et il vient sur Jésus accompagné de la voix du Père qui témoigne: « Celui-ci est mon fils bien-aimé qui a toute ma faveur »
Parce qu'il est Fils, Jésus, en prenant sur lui la condition de l'homme au point de recevoir le baptême de pénitence, invite tous les homme à entrer dans une relation nouvelle au Père. En Jésus, c'est chacun de nous qui reçoit cette parole: Voici mon fils, ma fille bien-aimé(e). la suite de l'évangile nous montrera en Jésus la véritable attitude d'un fils qui se sait aimé et choisi.
Notons encore pour terminer que le verbe « venir » s'applique dans ce court passage aux trois personnes de la Trinité: Jésus vient, l'Esprit vient, une voix (celle du Père) vient... jésus ne vient pas seul. Rencontrer Jésus, c'est entrer en relation avec le Père et avec l'Esprit. N'avons-nous pas été baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit »? 
Sr Elisabeth