samedi 10 août 2013

Saint Laurent

Au beau milieu du Temps Ordinaire, en cette fête du martyr Laurent, nous voici projetés en plein mystère pascal.
D’aucuns pourraient poser cette question : comment apprivoiser au quotidien un tel mystère ?
Comment le comprendre en notre aujourd’hui ?
 
Relisons les paroles de Jésus :
« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit… »
Rappelons que Jésus a prononcé ces mots au seuil de la Passion.
Ces propos le concernent donc en premier lieu, comme le laisse entendre le verset précédent, où il déclare :
« L’Heure est venue où est glorifié le Fils de l’homme »
Cette heure de la glorification, c’est l’occasion offerte à Jésus de montrer le poids de son Amour, d’en donner preuve… y compris par une éventuelle mort.
Par l’image du grain de blé tombé en terre, Jésus invite ses disciples à ne pas voir dans cette mort qu’un point final, un départ, un anéantissement, une absence,…
En se comparant au grain, Jésus annonce certes qu’il sera pareillement jeté en terre, mais aussi qu’il donnera beaucoup de fruit.
Une fécondité pourra surgir de cette mort…
 
Si cet horizon de la glorification concerne surtout Jésus, la suite peut nous rejoindre davantage :
« Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache la garde pour la vie éternelle »
Nous pouvons être interpellés par les oppositions de ces deux versets :
« s’il ne meurt pas / s’il meurt ; il demeure seul / il porte beaucoup de fruits ; aimer sa vie / la haïr (c’est la traduction littérale) ; la perdre / la garder pour la vie éternelle »
 
« aimer sa vie / la haïr » : l’alternative doit être bien comprise.
Ce n’est pas à un désir suicidaire ou masochiste que Jésus fait allusion, mais il se prononce sur la façon dont on mène sa vie : la vit-on pour soi ou pour les autres ?
En somme, est-ce que je considère ma vie comme mienne, une vie que je dois défendre à tout prix et conserver comme si elle se suffisait à elle-même ?
Ou bien est-ce que je veille à ne pas m’y agripper, est-ce que je cherche à m’ouvrir à l’autre, en mourant à ce qui me replie sur moi-même ?
Pour retenir du sable, il faut ouvrir la main ; sinon, le sable s’échappe…
Il en va de même pour notre vie humaine.
Cette vie ouverte, non repliée sur elle-même, Jésus nous annonce qu’elle ne mène pas non plus à une fin ou au néant, mais qu’elle « se maintient pour de bon », « en vie éternelle ».
 
Telle est la question qui peut nous tarauder, nous et tant de nos contemporains : comment réussir sa vie ?
Jésus veut nous offrir une clé…
Et il poursuit :
« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera »
Pour accéder à une telle vie, Jésus invite à le suivre, c’est-à-dire à l’accompagner, à lui emboîter le pas, lui qui a dépensé sa vie pour ceux et celles qu’il a croisés.
 
Être là où Jésus est, c’est-à-dire être enraciné dans l’Amour du Père, puisant en cet Amour la force de rejoindre tous ceux et celles qui sont sur le chemin.
Jésus n’a pas gardé sa vie pour lui-même… et cette vie ne s’est pas perdue.
Au contraire, elle a porté du fruit et a créé du neuf…
 
Alors, en cette fête du martyr Laurent, Jésus nous questionne :
Que voulons-nous ?
Une vie pour nous-mêmes, bien au chaud, dans le cocooning de nos habitudes… ou bien une vie au grand large, avec un cœur universel, attentif aux autres et à l’Autre, recevant une fécondité que seul notre Dieu peut nous donner ?
Saint Laurent a répondu…
Et nous, chacune et chacun, que répondrons-nous à Celui qui nous invite ?
 
 
Sr Marie-Jean (10 août 13)
 

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