mercredi 10 août 2011

Lumineuse joie

Méditation pour la fête de Saint Laurent
2 Co 9, 6-10 ; Ps 111, Jn 12, 24-26
 
Voici la fête d’un personnage bien sympathique. Les Actes de sa Passion, nous disent que ce brave diacre a placé en sureté les biens de l’Église de Rome dont il avait la charge, en les donnant aux pauvres. Et lorsque l’empereur Valérien l’a sommé de livrer les trésors de l’Église, il s’est présenté avec des pauvres et des infirmes ! Voilà les trésors de l’Église ! Il pouvait dire avec st Cyprien : Celui qui a la crainte de Dieu découvre Dieu sous les haillons des pauvres.[1]
 
Oui, voilà le bonheur de Laurent : lumineuse joie qui découvre le visage de Dieu dans le pauvre, le petit, et se donne à son service.
 
On comprend alors le choix de lectures que nous offre le lectionnaire du jour.
Le psaume que reprend st Paul chante : De grand cœur il donne au pauvre, sa justice, demeure à jamais.  Oui, donner au pauvre, ce n’est pas œuvre de luxe, œuvre méritoire ; c’est justice ! C’est simple justice dont il n’y a pas à se glorifier.
Le passage de la lettre aux Corinthiens que nous avons reçu est véritable hymne au partage. Il y a joie à considérer cette terre comme bien commun, et à y vivre le partage. Saint Paul reconnaît que tout bien vient de Dieu, et qu’il nous est confié non point pour se replier dessus, mais pour vivre en communion, en communauté de partage.
Les biens qui doivent assurer notre subsistance, tissent des liens entre humains.
Lors donc que tu mets en œuvre la miséricorde, si tu tends un pain, souffre avec celui qui a faim ; si tu donnes à boire, souffre avec celui qui a soif ; si tu offres un vêtement, souffre avec celui qui est nu, si tu reçois un hôte, souffre avec celui qui est étranger, nous dit st Augustin[2]
Là nous devenons véritablement humain, à l’image de Dieu, en effet, nous dit Grégoire de Nazianze : L’homme n’a rien de plus commun avec Dieu, que la faculté de faire le bien[3].
 
Voilà qui doucement nous fait basculer vers la lecture de l’Évangile de ce jour. En effet, il ne faudrait pas que la méditation de la Parole s’arrête simplement en une invitation à une pratique morale aussi vertueuse soit elle, détachée de son fondement intérieur. S’il nous faut entrer en la danse du partage, c’est bien plus profondément, parce que nous sommes invités à entrer dans la danse de l’amour, qui est don non plus de ce que l’on possède, mais bien de ce que l’on est !
 
N’est-ce pas au don total et absolu de soi, que nous convie Jésus ? Comme le grain de blé qui meurt en terre, pour donner vie à un bel épi, nos vies données totalement dans l’obscurité de la terre, liées à la vie donnée de Jésus en l’incarnation, porteront fruit pour le Royaume.
Se donner, servir, trouve tout son sens, en la présence de Dieu qui s’y vit.
 
Joignons nos vies au pain et au vin offert en cette eucharistie, et Jésus en fera son corps,  les prendra, il les rompra, et les donnera : pain rompu pour la vie du monde. 


[1] Cyprien, De la bienfaisance et de l’aumône, n° 8
[2] Augustin, Sermon 6, (Morin)
[3] Grégoire de Nazianze, De l’amour des pauvres, n° 27
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire