dimanche 15 mai 2011

Le pâturage du Seigneur

4e dimanche du Temps Pascal Année A (2011)
 
 En ce quatrième dimanche du Temps pascal, Jésus parle de lui-même au moyen d’une image, d’un tableau symbolique : le pasteur.
 
« Amen, Amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit »
Mais aussi :
« Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis »
 
Pour bien sentir la résonance de l’image choisie par Jésus, il est éclairant de se souvenir du Premier Testament.
Dans l’histoire d’Israël, la fonction de pasteur définissait la charge royale.
Il s’agissait de conduire le troupeau, c’est-à-dire le peuple d’Israël, selon la volonté de Dieu.
Le roi était l’intendant de Dieu, celui qu’il s’est choisi pour régner en son nom.
Si David fut un roi « selon le cœur de Dieu », d’innombrables autres pasteurs se sont succédé sur le trône d’Israël, en négligeant le troupeau qui leur était confié.
D’où les invectives des prophètes contre ces pasteurs « qui se paissent eux-mêmes au lieu des brebis ».
Pour suppléer à ces faux pasteurs, Dieu prendra lui-même en charge le troupeau :
« C’est moi qui ferai paître mes brebis et c’est moi qui les ferai reposer, oracle du Seigneur Dieu... Je les ferai paître avec justice ».
Et peu à peu émergera l’Espérance d’un berger qui mènera le troupeau à la manière de Dieu.
C’est ce rôle que Jésus assume lorsqu’il déclare : « Je suis le Bon Berger ».
 
En connaissant cet arrière-fond du Premier Testament, nous pouvons comprendre à bon escient ce que Jésus nous révèle de lui-même, par l’image des bergers de notre Evangile.
 
Le premier, qualifié de « voleur » et de « bandit », qui « entre dans la bergerie sans passer par la porte » et « escalade par un autre endroit » ; celui qui « ne vient que pour voler, égorger et détruire ». 
C’est le portrait du faux berger, que les brebis n’écoutent pas.
 
Mais il en existe un autre, que Jésus nomme « pasteur et berger des brebis ».
Celui qui entre par la porte et est connu des brebis.
Celui qui les appelle chacune par son nom et les fait sortir du bercail.
Celui qui marche à leur tête.
 
Ces fonctions du « bon berger », Jésus se les attribue dans la suite du récit.
Il parle alors à la première personne :
 
« Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis… »
Ce double « Amen » solennel annonce des propos d’importance.
En effet, l’expression « Je suis » fait écho à la présentation de Dieu à Moïse dans le Premier Testament, lorsqu’il déclarait : « Je suis Celui qui est ».
En disant « Je suis », Jésus révèle l’identité de son être, sa vérité profonde.
 
« Je suis la porte », dit Jésus, la porte à travers laquelle passent les brebis.
 
 
Mais de quelle porte s’agit-il ? Et où mène-t-elle ?
« Si quelqu’un entre en passant par moi, dit Jésus, il sera sauvé ; il pourra aller et venir et il trouvera un pâturage »
 
Tout au long de son ministère terrestre, Jésus n’a cessé de parler du Père.
C’est vers Dieu qu’il veut mener les brebis ; c’est au Père qu’il veut nous conduire.
Comme il le dira ailleurs dans l’évangile de Jean : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi ».
Jésus est médiateur.
 
« Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé » : c’est-à-dire « sauvé par Dieu ».
Celui qui est sauvé est aussi libéré.
Libéré de toutes les aliénations, celle de la peur et de l’épreuve, celle de la désespérance et du non-sens.
C’est pour cela que Jésus est venu parmi nous : il veut nous offrir le salut.
Comme il le disait à Nicodème :
« Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui ».
 
Bien plus, dit Jésus, « il pourra aller et venir ».
La liberté de chacun est préservée. Jésus n’enferme pas dans le bercail.
Il ne contraint personne, mais il propose sa Bonne Nouvelle, son message de salut et de bonheur.
 
Et aussi, « il trouvera un pâturage ».
C’est le symbole de la vie plantureuse.
Comme l’exprime le psaume 22, que nous venons de chanter :
« Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer »
 
Jésus ne nous laisse pas périr. Il nous offre les vivres dont nous avons besoin. 
Et le pâturage qu’il offre, c’est celui de sa Parole et de son Pain, celui de son Alliance et de son Amour.
En ce Temps pascal, c’est aussi le pâturage de sa Paix et de sa Joie, les dons du Ressuscité.
 
Enfin, Jésus révèle en ce récit ce qu’il rêve d’offrir à chacun et chacune de nous :
« Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance ».
 
En déclarant « Je suis la Porte », Jésus se dit médiateur.
Médiateur de salut, de liberté, de bonheur et de vie.
 
Tel est en effet le cadeau que Dieu nous propose aujourd’hui...
Il veut nous offrir une vie pleine, heureuse, féconde et portant du fruit.
En ce jour, et chaque jour, chacun et chacune de nous peut ouvrir son cœur pour la recevoir.
Alléluia !
Sr Marie-Jean 

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