Saint Matthias (2012)
En
ce jour, nous fêtons l’élection de Saint Matthias, comme témoin de la
Résurrection.
Et, en ce
jour, nous fêtons aussi notre propre élection comme témoin.
Considérons
de plus près ces deux aspects.
D’un côté,
Saint Matthias.
« Frères,
dit Pierre dans son discours à l’assemblée, il fallait que l’Ecriture
s’accomplisse… »
« il
fallait » : ce verbe oriente notre regard vers l’histoire du salut.
En effet,
Judas n’était pas prédestiné à la trahison, il n’était pas contraint par le
sort ou le destin à rejeter Jésus.
Non, mais
la liberté qu’il a utilisée pour mener Jésus à ses adversaires, Dieu l’a
inscrite dans son plan divin.
« Pourtant,
poursuit Pierre, ce Judas était l’un de nous et avait reçu sa part de notre
ministère »
Oui, tel
est l’amour de Dieu à notre égard : un amour authentique et véritable, qui
nous laisse une entière liberté.
Celle de
recevoir cet amour et d’y répondre ; celle de le refuser et de le trahir.
Judas a
répondu selon son choix, en toute liberté.
Alors
Pierre précise la fonction à pourvoir :
« devenir
avec les Apôtres témoin de sa résurrection »
Un double
critère d’élection est annoncé : avoir connu Jésus depuis le Baptême
jusqu’à l’Ascension et être choisi par Dieu.
Et le récit
des Actes nous rapporte la présentation des candidats, la prière de
l’assemblée et l’élection de Matthias par le Seigneur.
D’un côté,
disais-je, il y a Matthias.
De l’autre,
voudrais-je ajouter, il y a chacun et chacune de nous.
Certes,
pourrez-vous me dire, mais nous ne remplissons pas les critères pour être
élu(e) comme témoin de la Résurrection.
Et
pourtant, nous les remplissons.
Dans
l’Evangile, le compagnonnage de Jésus nous est offert, comme il le fut à
Matthias :
Jésus
déclare : « Je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de
mon Père, je vous l’ai fait connaître ».
Oui, Jésus
noue une relation d’amitié avec chacun d’entre nous, une relation de confiance
et de confidence.
Il nous
transmet le secret de sa vie, son testament, la source de son amour, puisé au
cœur du Père.
Et de même,
comme Matthias, nous sommes également élus, choisis par Dieu.
L’Evangile
poursuit :
« Ce
n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin
que vous partiez, que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure… »
Telle est
la Bonne Nouvelle que Jésus nous annonce en ce jour !
Parmi ses
apôtres, parmi les témoins de sa Résurrection, il manque quelqu’un,
quelqu’une :
pour parler
en son nom,
pour
attester de son amour,
pour
chanter l’Espérance de la vie plus forte que toute mort,
de l’amour
plus fort que toute trahison !
En ce jour
de fête, chacun, chacune de nous est invité(e) à être un autre Matthias, dont
le nom signifie « don de Dieu ».
Alléluia !
Sr Marie-Jean
L'homélie de soeur Elizabeth n'étant pas encore publiée je me fais, à la suite de Matthias, témoin de cette forme de Résurrection et de cette Ascension qui me parle tout particulièrement.
RépondreSupprimerAscension ! Résonance singulière depuis ce jour de 1987, jour de cette nouvelle naissance pour Corentin et... pour moi d'une certaine manière.
Je relis le faire-part, l'annonce de la "première" naissance de Corentin, celle qui faisait notre fierté de parents et que nous voulions partager à nos amis :
"Seigneur, Gloire à Toi. Un enfant est né de cet Amour humain que Tu as béni. Tu nous confies ton tout petit, ton frère. Enrichis-le de tous les plus beaux dons de la nature et de la Grâce. Qu'il
soit sur terre notre joie et ta gloire auprès de Toi."
Prémonition ! Aujourd'hui encore, cette annonce m'interpelle alors que rien ne pouvait présager de cette "deuxième naissance" trois mois plus tard !
Ce jour d'Ascension, je me sens fragile, vulnérable. Sans doute une sensation viscérale liée à cette séparation inattendue et douloureuse. Sensation liée aussi à ce cri de douleur qui résonne
encore en moi, douleur qui déchire le coeur et qui laisse une marque indélébile.
Il y avait pourtant cette certitude irraisonnée et irrationnelle, cette intuition d'un avènement dans ma vie, intuition déjà visible sur le faire-part de naissance.
Cette intuition je l'exprime pour m'interdire toute forme de résistance à la Vérité et aussi, parce qu'il ne m'était pas possible, malgré la douleur, de nier la transmission du lien. Cri de
mort...cri de vie...l'espace entre les deux est ténu mais le Souffle d'Amour s'engouffre dans cet espace blanc de la séparation.
Sensation mystérieuse qui ouvre sur des chemins tout aussi mystérieux.
Vingt-cinq ans de maturation pour ne pas dire de macération dans l'espace matriciel qui existe au coeur de mes entrailles de père.
Aujourd'hui mon fils a grandi. Vingt-cinq ans! Quel homme!
Ce n'est plus la perception du bébé fragile mais celle de l'homme accompli qui me parle aujourd'hui. Je me sens attiré, soutenu par mes fils, autant Corentin que Gaëtan.
Il n'y a pas de nostalgie mais la sensation de m'abandonner confiant, sûr de leurs mains qui me tiennent.
Je me surprend souvent à oser reconnaître la joie qu'ils me donnent même si, par pudeur, j'évite de trop en dire.
Cette Vie qui s'infiltre à travers moi, comme par osmose, a permis et permet toujours de me déployer. J'en ai la certitude. Cette Vie n'est aussi possible que par Grâce, celle de Jésus ressuscité
pour faire apparaître la Vie et la Vérité.
Gloire et Louange à notre Dieu.
Raymond