3 mai
2012 : saints Philippe et Jacques.
« Je
suis le chemin, la vérité et la vie »...
Qu’est-ce
qu’un chemin. Un lieu de passage...
Le chemin
n’est pas le but, mais parfois le chemin dure longtemps, parfois le but semble
s’éloigner... le chemin est une image de la vie humaine.
Le chemin
traverse toute la Bible : Abraham, Jacob, Moïse, élie, Tobie... en savent
quelque chose. Et même quand le but semble atteint et que l’on pourrait
s’installer en terre promise, la dynamique du chemin reste présente dans la
spiritualité d’Israël, sous la forme du pèlerinage. Interrogeons donc un
pèlerin pour apprendre ce que signifie le chemin :
Sébastien
de Fooz : « Je me disais que si Dieu existait, j’avais envie de le
rencontrer. Or, il n’y a pas de rencontre sans espace physique pour cette
rencontre. Pour moi, c’est le chemin qui est ce lieu de présence entre Dieu et
moi-même.
Je suis
venu au Christ par la marche. Par la marche, on est situé dans l’horizontalité
du paysage. Elle nous rappelle qu’on peut être aussi dans la verticalité. Celle
qui descend et celle qui monte. La descente, c’est l’angoisse. La montée, c’est
le cri jeté vers le haut. La prière pour certains.
Le
pèlerin est à la croisée de la verticalité et de l’horizontalité. Il est comme
au centre de la croix. Elle renvoie au Christ. J’ai réalisé cela de façon fulgurante. »
L’homme
marche sur le chemin. Il est vertical. Mais le paysage qui l’appelle est
horizontal... Jésus est à la fois « l’homme qui marche » et le
« chemin » : en Jésus se rencontrent l’horizontalité de notre
humanité et la verticalité de la transcendance, en Jésus se rencontrent notre
relation au monde qui nous entoure et notre relation à Dieu. Et le pèlerin fait
l’expérience que c’est la marche elle-même qui opère en lui cette
unification :
Je cite
encore Sébastien de Fooz* : « Se mettre en marche, c’est tenter de
déconstruire toutes ces peurs. Le fait de quitter, de partir, de marcher va à
contre-courant de la peur qui fige. On regarde vers l’horizon. C’est déjà se
diriger vers autre chose, cesser de se replier. On se déplie, on se déploie.
J’étais dans l’abandon total. Partir, c’est faire un sérieux pied de nez à
l’hypersécurisation que propose la société.
Et au
fur et à mesure de la marche, pied à pied, la distance entre moi et moi-même et
entre moi et Dieu s’estompait. Jusqu’au sentiment d’unité. Une unité de soi à
soi et de soi à Dieu. On peut alors comprendre un peu qui est Dieu : un
Dieu relationnel qui appelle à entrer précisément en relation avec l’autre,
dans ses différences. La grâce agit dans ce mouvement vers l’autre. Ce Dieu-là
permet de se mettre en route. »
Philippe
avait dit : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous
suffit ».
Jésus avait
rebondi sur cette parole pour nous révéler quelque chose de sa relation très
intime au Père... et de notre possibilité d’y entrer aussi.
Si Jésus
est le chemin, le but vers lequel il nous dit de marcher, c’est le Père.
Jésus nous fait comprendre aussi que le chemin est dans le but et que le but
est dans le chemin. Nous n’aurons jamais fini de marcher, mais en marchant,
nous possédons déjà un peu le but. C’est ce que Jésus dit :
« dès maintenant, vous connaissez le Père ».
Mais si
nous voulons « voir le Père », il nous importe de marcher
encore : mouvement vers nous-même et vers les autres, répondant à l’appel
des débuts : « venez, vous verrez ».
Sr Marie-Raphaël
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