Pour la Fête de la Visitation (2012)
En
ce jour, nous célébrons une rencontre.
Deux
femmes, Marie et Elisabeth, toutes deux enceintes.
La
première, Marie, une jeune fille accordée en mariage mais non encore mariée,
vient de bénéficier d’une visite inespérée : un ange lui annonce qu’elle
concevra un enfant qui du nom de Jésus, qui signifie « le Seigneur
sauve ».
« L’Esprit-Saint
viendra sur toi » lui promet l’ange.
La seconde,
Elisabeth, va aussi concevoir, malgré son grand âge.
Avec cette
double « bonne nouvelle » dans le cœur, Marie, dit l’évangéliste Luc,
« se mit en route rapidement... »
C’est en
effet vers sa parente qu’elle dirige ses pas, dans l’allégresse du bonheur.
Luc ne
s’attarde pas aux détails du voyage de Marie.
Ce qui
importe, c’est la rencontre entre ces deux femmes.
« Lorsque
Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant bondit d’allégresse dans
son sein »
Dès avant
sa naissance, ce bébé est déjà prophète et précurseur.
Il
reconnaît le Messie, le confesse, s’en réjouit.
Elisabeth,
inspirée par l’Esprit, ne peut que bénir la jeune Marie :
« Tu
es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi est le fruit de ton
sein ! »
Double
bénédiction, de la mère et de son enfant.
Et Marie,
de leur répondre, par son Magnificat.
Cette
hymne, que nous chantons jour après jour, est à la fois neuve et ancienne.
Si elle
s’enracine dans le patrimoine biblique – notamment le cantique d’Anne et les psaumes –, elle est aussi nouvelle, dans ce
contexte tout particulier de l’annonce du Sauveur.
Elle est
aussi ancienne et nouvelle à un autre titre : ancienne, parce qu’elle
reflète l’expérience de Marie, qui l’a chantée en un temps précis, unique et
singulier.
Elle est
aussi nouvelle, chaque fois que nous-mêmes, nous la chantons.
« Mon
âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur »
Mon âme,
mon esprit : tout l’être de Marie exprime la jubilation.
Son chant
de joie repose sur deux piliers.
D’abord,
Marie célèbre Dieu : un Dieu sauveur, qui se tourne vers son humble
servante et opère des merveilles à son égard.
Elle parle
d’elle-même et remercie Dieu de ce qu’il a fait pour elle.
Ensuite,
l’hymne offre un deuxième déploiement : Marie chante ce que Dieu a fait
pour son peuple.
A la
troisième personne, elle égrène les œuvres de son Seigneur.
Lui qui
renverse les situations, prend le parti des petits, des humbles, des pauvres,
des êtres de désir...
Un Dieu de
promesse et de fidélité.
Remarquons
combien Marie nous invite à nous approprier cette hymne du Magnificat, à la
faire nôtre.
En effet,
elle n’y évoque pas son futur enfant.
Ce
« silence » permet à chacun et chacune d’entre nous de
s’interroger :
Dans nos
vies, quelles sont les merveilles que le Seigneur a accomplies ?
Pour
quelles œuvres puis-je le célébrer ?
En ce jour
où nous commémorons la Visitation, nous pouvons laisser cette parole d’Evangile
questionner nos vies...
Et si nous
faisions réellement nôtres les mots du Magnificat ?
De plus,
nous pouvons aussi laisser l’attitude de Marie et d’Elisabeth nous
interpeller :
Faisons-nous
de nos rencontres des « Visitations » ?
Deviennent-elles
des lieux de bénédiction, d’actions de grâces et de service ?
Confions en
ce jour au Seigneur notre désir que Sa Parole, Son Verbe, prenne chair en nous,
pour que la bénédiction de Marie féconde nos vies...
Sr Marie-Jean