Méditation
pour la fête de Saint Laurent
2 Co 9, 6-10 ; Ps 111, Jn 12, 24-26
Voici la
fête d’un personnage bien sympathique. Les Actes de sa Passion, nous disent que
ce brave diacre a placé en sureté les biens de l’Église de Rome dont il avait
la charge, en les donnant aux pauvres. Et lorsque l’empereur Valérien l’a sommé
de livrer les trésors de l’Église, il s’est présenté avec des pauvres et des
infirmes ! Voilà les trésors de l’Église ! Il pouvait dire
avec st Cyprien : Celui qui a la crainte
de Dieu découvre Dieu sous les haillons des pauvres.[1]
Oui, voilà
le bonheur de Laurent : lumineuse joie qui découvre le visage de Dieu dans
le pauvre, le petit, et se donne à son service.
On comprend
alors le choix de lectures que nous offre le lectionnaire du jour.
Le psaume
que reprend st Paul chante : De grand cœur il donne au pauvre, sa
justice, demeure à jamais. Oui, donner au pauvre, ce n’est pas œuvre
de luxe, œuvre méritoire ; c’est justice ! C’est simple
justice dont il n’y a pas à se glorifier.
Le passage
de la lettre aux Corinthiens que nous avons reçu est véritable hymne au
partage. Il y a joie à considérer cette terre comme bien commun, et à y vivre
le partage. Saint Paul reconnaît que tout bien vient de Dieu, et qu’il nous est
confié non point pour se replier dessus, mais pour vivre en communion, en
communauté de partage.
Les biens
qui doivent assurer notre subsistance, tissent des liens entre humains.
Lors donc que tu mets en œuvre la miséricorde, si tu
tends un pain, souffre avec celui qui a faim ; si tu donnes à boire, souffre
avec celui qui a soif ; si tu offres un vêtement, souffre avec celui qui est
nu, si tu reçois un hôte, souffre avec celui qui est étranger, nous dit st
Augustin[2]
Là nous devenons véritablement humain, à l’image de Dieu, en
effet, nous dit Grégoire de Nazianze : L’homme n’a rien de plus commun
avec Dieu, que la faculté de faire le bien[3].
Voilà qui doucement nous fait basculer vers la lecture de
l’Évangile de ce jour. En effet, il ne faudrait pas que la méditation de la
Parole s’arrête simplement en une invitation à une pratique morale aussi
vertueuse soit elle, détachée de son fondement intérieur. S’il nous faut entrer
en la danse du partage, c’est bien plus profondément, parce que nous sommes
invités à entrer dans la danse de l’amour, qui est don non plus de ce que l’on
possède, mais bien de ce que l’on est !
N’est-ce pas au don total et absolu de soi, que nous convie
Jésus ? Comme le grain de blé qui meurt en terre, pour donner vie à un bel
épi, nos vies données totalement dans l’obscurité de la terre, liées à la vie
donnée de Jésus en l’incarnation, porteront fruit pour le Royaume.
Se donner, servir, trouve tout son sens, en la présence de
Dieu qui s’y vit.
Joignons nos vies au pain et au vin offert en cette
eucharistie, et Jésus en fera son corps, les prendra, il les rompra, et
les donnera : pain rompu pour la vie du monde.
[1] Cyprien, De la bienfaisance et de
l’aumône, n° 8
[2] Augustin, Sermon 6, (Morin)
[3] Grégoire de Nazianze, De l’amour des
pauvres, n° 27
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