19e dimanche du Temps Ordinaire Année A (2011)
( 1 R
19, 9... 13 ; Ps 84 ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33)
Nous
fêtions hier, chers sœurs et frères, la fête de la Transfiguration du Seigneur,
manifestation par excellence de Jésus aux disciples qu’il avait choisis.
En ce
dimanche, la liturgie nous présente une autre manifestation de notre Dieu et
nous découvre quelques traits de son visage.
Oui, nous
chante le psalmiste :
« Son
salut est proche de ceux qui le craignent
et la
gloire habitera notre terre »
Dieu ne se
tient pas loin de nous ; au contraire, il nous assure de sa proximité.
Il s’est
révélé dans l’Ancienne et la Nouvelle Alliance… et il se révèle aujourd’hui
encore.
Voyons ces
trois temps de la révélation.
Dans la
Première Alliance, le Premier Livre des Rois raconte la manifestation du
Seigneur à son prophète Elie.
Cette manifestation de Dieu, cette théophanie, se présente
sous plusieurs aspects dans le récit.
Au négatif d’abord, lorsque Dieu n’est ni dans
« l’ouragan, fort et violent », ni dans le tremblement de terre, ni
dans le feu.
Ces différents vecteurs de révélation étaient attestés dans
la tradition.
En effet, Dieu s’est manifesté à son peuple sous ces formes
spectaculaires, par des déchaînements de la force de la nature.
Mais Dieu se manifeste aussi au positif à Elie.
Le texte dit : dans « le murmure d’une brise
légère », que l’on pourrait aussi traduire « dans la voix d’un
silence ténu ».
Face à cette expression inédite de Dieu (« la voix…
d’un silence »), le prophète « se couvrit le visage avec son manteau »,
car, selon la pensée juive, nul ne peut voir Dieu sans mourir[2].
Avec Elie, une étape est franchie.
Dieu renonce à exprimer sa présence par le déchaînement de
la nature : il lui préfère une manifestation discrète.
Dieu choisit une autre façon de parler à son peuple.
Tout en témoignant de sa maîtrise des forces de la nature,
Dieu confirme son Alliance en ouvrant un espace de silence où son prophète et
lui-même peuvent se dire.
Dans ce silence qui est ouverture au dialogue, Dieu exprime
sa proximité…
Dans la Nouvelle Alliance, que Jésus scelle dans l’Evangile,
les forces de la nature se déchaînent également.
La nuit, un vent contraire, une barque sur la mer, battue
par les vagues.
Dans la culture biblique, la mer symbolisait les forces du
mal, elle qui fut maîtrisée jadis par Dieu lors de la création :
« Ici se brisera l’orgueil de tes flots »[3], disait le Seigneur dans le livre de Job.
Et, dans le
sillage du Dieu créateur, Jésus vint vers ses disciples « en marchant sur
la mer ».
Peur et
bouleversement des disciples, qui s’exclament : « C’est un
fantôme ! »
Jésus peut
alors se révéler à eux : « Confiance ! C’est moi ; n’ayez
pas peur ! »
A l’audace
de Pierre : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers
toi sur l’eau », Jésus répond : « Viens ! ».
Cette
invitation, que Jésus adressa à Pierre, s’adresse à nous aujourd’hui.
C’est le
troisième temps de la manifestation du Seigneur, de sa théophanie.
Dieu s’est
manifesté à Elie.
Il s’est
manifesté à Pierre.
Il se
manifeste pareillement à nous.
Et nous
pouvons reconnaître sa présence.
Aujourd’hui,
chacun et chacune de nous est invité par Jésus à marcher sur l’eau pour aller à
lui.
L’expérience
de Pierre et des disciples est la nôtre aujourd’hui.
Chacune de
nos vies a ses nuits, ses vents contraires, ses vagues qui font chanceler la
barque.
Face à ces
situations d’inquiétudes, de peurs ou d’instabilités, deux alternatives nous
sont proposées : se laisser guider par la peur ou par la confiance.
Allons-nous
nous laisser envahir par la nuit qui nous entoure ou pourrons-nous
discerner la présence de celui qui nous appelle ?
Allons-nous
voguer au gré du vent qui nous menace ou regarder le Christ ?
Allons-nous
nous laisser ballotter par les vagues ou contempler Jésus ?
En ce jour,
nous sommes conviés à faire acte de foi, à risquer le pari de la confiance, à
croire en la proximité de notre Dieu.
Foi en la
parole de Jésus : « Viens ! »
Foi aux
appels que nous lui lançons et qui ne restent pas sans réponse :
« Seigneur, sauve-moi ! »
Foi en son
secours qui jamais ne fait défaut : « quand ils furent montés dans la
barque, le vent tomba ».
Oui,
gardons les yeux fixés sur le Christ, lui le Fils de Dieu, plus puissant que
toutes les forces de mort qui peuvent nous menacer : il ne nous laissera
jamais tomber !
« Dieu
seul est mon rocher, mon salut :
d’en haut,
il tend la main pour me saisir,
il me
retire du gouffre des eaux ».
Amen
Sr Marie-Jean
[1] 1 R 19, 10.
[2] Jg 13, 22.
[3] Jb 38, 11.
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