Méditation
pour la fête du Coeur de Jésus
Dt
7,6-11 ; Ps 102 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11,25-30
Fallait-il
inscrire au calendrier la solennité du Cœur de Jésus ? La fête de la
Trinité, célébrée il y a à peine 15 jours ne nous chantait-elle pas déjà à
merveille l’amour du Seigneur ? Que vient ajouter la célébration
d’aujourd’hui ?
En écoutant
les lectures, nous avons accueilli l’amour fou de notre Dieu, qui s’est épris
de son peuple, qui s’éprend des petits. Dieu s’éprend de chacun, chacune,
librement, gratuitement ! C’est un déferlement d’amour, auquel nous sommes
invités à répondre. Réponse offerte dans la loi proposée, une loi pour nous
humaniser, nous diviniser ! Réponse offerte dans un amour tourné vers les
frères et sœurs tout autant que vers Dieu.
Peut-être la
spécificité de la fête d’aujourd’hui réside-t-elle dans le fait de porter nos
regards vers le cœur de Jésus, un cœur pleinement humain en lequel s’exprime
l’amour divin. On a peut-être déformé ce merveilleux signe, en parlant de
Sacré-Cœur, le mettant ainsi comme à part de notre humanité, alors que là
réside la pointe de la fête : l’amour de Dieu parfaitement dit,
parfaitement accompli en un cœur humain ! Un cœur comme le nôtre, capable
d'aimer comme Dieu !
Bernanos en
avait bien saisi la grandeur lorsqu’il écrivait : Il a aimé comme un
homme, humainement, l’humble héritage[1] humain, son pauvre foyer,
sa table et son vin – les routes grises, dorées par l’averse, les villages avec
leurs fumées, les petites maisons dans les haies d’épines, la paix du soir qui
tombe, et les enfants jouant sur le seuil. Il a aimé tout cela humainement, à
la manière d’un homme, mais comme aucun homme ne l’avait jamais aimé, ne
l’aimerait jamais. Si purement, si étroitement, avec ce cœur qu’Il avait fait
pour cela, de ses propres mains. »[2]
L’Évangile
d’aujourd’hui nous montre cette sensibilité du cœur humain de Jésus qui en fait
un réceptacle unique de l’amour du Père, de sa joie. Père, Seigneur du ciel
et de la terre, je proclame ta louange,... Dans la vibration du cœur de
Jésus, c’est la passion unique de notre Dieu qui s’offre à nous. Dans l’élan de
son cœur humain, il nous invite à partager cette passion. Personne ne
connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. En
Jésus un cœur humain, a accueilli l’amour divin, pleinement. Et il nous y donne
accès. Et nous provoque à être à notre tour, aujourd'hui, tout à la fois même
réceptacle et même amour fou pour celles et ceux qui croisent nos chemins !
Venez à
moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, moi je vous procurerai le
repos. Au long de l’Évangile, nous percevons toute la sensibilité de Jésus aux
détresses humaines, comme toute sa sensibilité à la beauté de la création, toute
sa sensibilité à l’amour du Père.
Prenez
sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau
léger.
Jésus vrai
homme, nous convie à partager son humanité. Une humanité pleinement accordée au
projet du Père. Il nous propose son joug. Quel est-il ?
Dans le
Deutéronome, l’observance de la loi est présentée comme la réponse d’amour que
Dieu espérait de l’homme. Les Écritures ont comparé la loi à un joug[3].
Avec Jésus
cette loi est devenue l’unique commandement de l’amour, le joug est devenu une
relation personnelle, ce que les Odes de Salomon ont merveilleusement chanté en
mettant sur les lèvres du Ressuscité cette parole :
Comme le
bras du fiancé sur sa fiancée,
ainsi
mon joug sur ceux qui me connaissent.[4]
La fête de
ce jour, nous invite à laisser Jésus poser son bras sur nos épaules, en une
tendresse de fiancé. La fête de ce jour nous invite à unir nos cœurs à celui de
Jésus, pour devenir avec lui réceptacle de l’amour, fontaine d’amour, pour la
joie de Dieu et pour celle de l’humanité entière.
Sr Thérèse-Marie
[3] Jér 5,5 ; Act 15,10 ; Sir 6, 23-30 parle du joug de la sagesse
qui procurera joie à qui s’y soumet. De même Sir 51,23 sv
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