vendredi 11 juillet 2014

Ecoute

Ecoute
Ecoute,
mon fils,
incline l’oreille de ton cœur,…
Prologue de la Règle de Benoît
Aujourd'hui, fête de saint Benoît, patron de l'Europe
Souvent dans les monastères on voit des affiches : « silence » !
En fait ce n’est pas très bénédictin, il faudrait mettre : « écoute » !
Et effectivement si on veut écouter, il faut bien faire silence,
mais pas un silence contraint, fermé, pas un silence bunker !
Pour écouter, il faut s’ouvrir doucement, se faire accueil…
Est-ce là un bon message pour l’Europe d’aujourd’hui ???
Écoute…
Écoute… oui, mais quoi Seigneur ?
Dans le bruit de notre monde, comment veux-tu que j’écoute ???
C’est bon pour les moines et les moniales
qui vivent cachés derrière leurs murs, cela !
Mais pour un citoyen d’Europe ?
Que veux-tu que j’écoute ???
Écoute en descendant au creux de ton cœur,
ma Parole, pain sur la table de chaque jour.
Mais écoute aussi ma voix, au cœur du bruit de ce monde,
ma voix aujourd’hui au cœur de l’actualité…
au cœur de ta vie, au cœur des événements,…
N’écoute pas l’actualité rien que pour trouver quelques intentions de prière,
écoute l’actualité pour y entendre ma voix,
mes cris de bonheur, et mes pleurs,
mon merci et mes appels !
Vite dit…
Généralement on est plus enclin à reprocher à Dieu son silence…
On voit l’innocence massacrée,
on voit les guerres,
on voit les sans-papiers jetés en centres fermés sans ménagements,
on voit la drogue, la violence…
On voit… on voit… à n’en plus vouloir, à ne plus oser ouvrir les yeux…
Ecouter Dieu dans tout cela ?
On dit plutôt : mais pourquoi Dieu se tait-il ?
Quand on ne pousse pas le bouchon jusqu’à dire :
« Pourquoi Dieu permet-il une telle horreur !!! »
Benoît doucement nous lit l’Écriture et nous dit :
Ecoute, mon fils,
Ecoute mon fils, si tu veux bâtir l’Europe,
et en bâtissant l’Europe, bâtir le monde,
car l’Europe est pour le monde,
commence par écouter… en fils !
Tu n’es pas dieu, tu n’es pas le chef, le petit empereur,
tu n’es pas non plus l’esclave,
tu es fils, fille, dans le Fils !
Et si tu écoutes battre mon cœur de Père,
tu y trouveras une multitude de frères et sœurs,
si tu es fils, fille, tu entres dans une grande famille,
et avec le Père, dans le Fils,
tu deviens responsable…
C’est-à-dire celui qui répond !!!
Qui répond à ce qu’il a entendu…
Oui, et si je n’entends pas ???
Ecoute, mon fils, incline l’oreille de ton cœur,
dit Benoît à la suite de la Bible.
Tiens, j’aurais cru que pour écouter Dieu,
il fallait plutôt dresser l’oreille…
la tendre très fort vers le haut,
vous savez comme les oreilles longues et bien droites des ânes !
Et bien non, il faut l’incliner, vers le bas, très bas…
vers Celui qui est là tout en bas,
Celui dont l’Écriture nous dit qu’il s’est abaissé,
Celui qui attend notre oui pour laver nos pieds,
Celui qui est descendu au plus bas possible…
à coté du pauvre et de l’humilié,...
Incline l’oreille de ton coeur
vers Celui qui est là partageant le cri du pauvre
pleurant les larmes de silence de l’humilié…
Non, Dieu ne se tait pas !
Non, Dieu ne permet pas la souffrance, il l’endure plus que nous,
et il attend de nous que nous partagions son cœur
il attend présence, consolation, et espérance !
Benoît nous invite à chercher Dieu dans toute notre vie,
non dans les hauteurs, dans les nuages,
mais au plus profond,
en nos cœurs, tels qu’ils sont, là où il demeure,
en ceux et celles que nous côtoyons,
tels qu’ils sont,
dans leur épreuve, comme dans leur bonheur,
dans leur face nord, comme dans leur face sud.
Benoît nous invite à chercher la paix,
non en l’appelant à cœurs perdus,
mais en la bâtissant jour après jour
tout petitement, tout simplement
en recommençant chaque matin, …
sans jamais désespérer…
en nous émerveillant chaque matin du jour nouveau qui se lève
et s’offre à nous
en nous ouvrant aux frères et sœurs qu’il place sur nos routes,
pour bâtir ensemble le Royaume…
Pour que l’Europe soit belle, qu’il fasse bon y vivre,
il nous faut entendre ce cri d’appel de notre Dieu,
en inclinant l’oreille de nos cœurs d’enfants,
en lui chantant l’alléluia de l’espérance
même au profond de la nuit
comme nous le recommande Benoît.
Il nous faut trouvant le Père, devenir frères et sœurs,
dans la prière et l’humble labeur quotidien…
Au nom de toute la communauté, bonne fête à tous !

Sr Thérèse-Marie

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