dimanche 3 février 2013

Aujourd'hui, la Parole s'accomplit

Méditation pour le 4ème dimanche du Temps ordinaire C
Avez-vous au long de la semaine médité l'évangile de dimanche dernier ? Vous êtes-vous glissés parmi les gens de Nazareth, en leur synagogue pour entendre Jésus lire les mots d’Isaïe : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Avez-vous pris le temps de vous asseoir et d’écouter Jésus dire : Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit.
Alors qu’avez-vous découvert ? qu’avez-vous vécu au plus intime ?
Vous avez accueilli l’Esprit, vous avez perçu l’appel qui vous était lancé, devenir à votre tour porteur de la Bonne Nouvelle, vous avez découvert l’envoi prononcé sur vous, pour aller vers les pauvres, les prisonniers, les aveugles, les opprimés... vous avez annoncé les bienfaits du Seigneur...
Dites-moi, la joie est-elle montée en votre cœur ? ou la peur ? l’angoisse ? Ce n’est pas rien d’être porteur d’un tel message... à preuve voyez la réaction des personnes de la synagogue de Nazareth...
L’évangile aujourd’hui nous rapporte que tous rendaient témoignage à Jésus, mais en même temps s’étonnaient. Ils s’étonnaient du message de grâce, nous dit Luc... et pour sûr, les contemporains de Jésus connaissaient ce passage du livre d’Isaïe, ils savaient la suite : l’envoyé dont parle Isaïe avait reçu mission non seulement de proclamer une année de grâce de la part du Seigneur mais aussi un jour de vengeance pour notre Dieu. L’année de grâce annoncée, c’était l’année jubilaire, une année où l’on remettait les montres à l’heure, une année où toutes les inégalités et injustices étaient gommées. Une année où le peuple devait œuvrer à recréer la fraternité pour tous.
Le jour de vengeance, tous l’attendaient : ce jour où Dieu enfin allait remettre de l’ordre, bouter les Romains dehors, et corriger vertement les pécheurs, et tous ceux qui dérangent et tombent sous les regards juges, désapprobateurs...
Alors il y a de quoi s’étonner... car Jésus ne laisse plus place qu’à la parole de grâce ! Dites-moi, cela vous fait plaisir que les prisonniers soient libérés ? vous pouvez vous réjouir avec notre Dieu pour cette grâce ?
Imaginez... Jésus vient de proclamer un oracle qui l’envoie aux nations plutôt qu’à ses proches, qui l’envoie aux pécheurs plutôt qu’aux bons pratiquants rassemblés en la synagogue ce jour-là, qui l’envoie aux aveugles qui n’ont sans doute pas trouvé le chemin, aux pauvres qui sont plutôt hors de l’assemblée pour quémander que partie prenante de celle-ci, aux opprimés...
Est-ce si étonnant que la foule se soit aussi vite retournée contre Jésus ? Quand un prophète, un de ses « empêcheurs de penser en rond » se lève, il est souvent mal accueilli,... Déjà Jérémie avait été averti, sa mission serait rude. Sa seule force serait dans l’assurance de la présence de Dieu à ses cotés. Sa seule force serait dans le fait qu’il a reçu mission, qu’il a été choisi par Dieu, qu’il est connu, aimé de Dieu depuis sa conception.
Jésus est venu, porteur du message d’amour de son Père, il n’a pas été reçu. Et dans la liberté de l’Esprit, face à l’opposition, il va son chemin, il passe... dès le début de sa mission, allusion est faite à sa Pâque, à son passage par la mort vers la vie.
Si Dieu se réjouit de ce que les prisonniers sont libérés, comment pourrons-nous nous réclamer de ce Dieu si nous n’œuvrons pas à cette libération, voire si nous la contestons ?
Si Dieu comble de bien les affamés, comment pourrons-nous l’accepter si nous ne nous mettons pas à vivre comme lui ? à veiller à nos frères et sœurs affamés ? à partager un minimum de notre richesse avec celles et ceux qui meurent de faim aux marges de notre société marchande ?
Le visage de Dieu que vient nous révéler Jésus, Paul l’avait bel et bien découvert. Quand il nous parle de l’amour, c'est bien le portrait de notre Dieu qu’il esquisse ? L'amour prend patience ; l'amour rend service ;... nous pouvons lire : Dieu prend patience, Dieu rend service, Dieu ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.
Entrons dans la contemplation de ce Dieu, et que cette contemplation nous transforme, nous restaure à son image... alors nous aussi, nous pourrons œuvrer  au bien, au pardon, au salut pour toutes et tous. Nous aussi nous arrêterons d’attendre la vengeance, pour espérer le salut pour tous, et nous retrousserons nos manches pour le faire advenir par notre vie, par notre amour, par nos gestes de tendresse et de solidarité.
Aujourd’hui, la parole de Dieu s’accomplit là où un cœur se met à battre au rythme de celui de Jésus, cette grâce nous est offerte, nous qui sommes invités aujourd’hui à être ensemble le corps du Christ !
   
Sr Thérèse-Marie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire