Méditation pour le 15ème dimanche du Temps Ordinaire (année
C)
(Dt 30,10-14; Ps 18; Col 1,15-20; Lc 10, 25-37)
Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le
regard. C’est bien ce que nous avons chanté avec le psaume. Voulons-nous
recevoir ce regard clair ? il n’est alors que d’accueillir le commandement
du Seigneur, pour le mettre en pratique. Et le Deutéronome nous déclare que ce
commandement n’est pas au-dessus de nos forces, qu’il n’est pas loin, mais tout
proche ! Voulons-nous l’accueillir ?
Si nous saisissons l’Evangile et le lisons un peu
rapidement, nous le recevons comme une page de bonne morale : fais comme
le samaritain, ouvre les yeux et veille à ceux que tu vois sur le bord de la
route, et qui ont besoin de ton aide. Alors on retrousse les manches, et nous
voici transformés en une belle armée de secouristes. Nous allons tenter de nous
faire proches de tous les pauvres et miséreux que nous rencontrons, et c’est
très beau. Avouez que notre terre va commencer à tourner plus rond…
Mais est-ce bien en ce sens que l’évangile nous est offert
aujourd’hui ? ou seulement en ce sens ? comme une invitation à la
charité inventive ?
Dans la parabole, le samaritain arrive troisième d’une
série. Un prêtre passe, un lévite passe, puis le samaritain.
Un prêtre, c’est un pilier du temple de l’époque. Un lévite,
un homme mis à part pour le service de l’autel. Ces deux-là, sont des gens
bien, consacrés au service de Dieu. Ils ont voué leur vie à aimer Dieu… ils
connaissent la loi, ils savent qu’ils ne peuvent toucher un homme à moitié
mort, ils ne peuvent toucher du sang. Cela les rendrait impurs, inaptes à leur
mission cultuelle. Ils ont clairement choisi d’aimer Dieu, et doivent dès lors
passer outre de ce bougre en piteux état. Il devait y avoir dans les auditeurs
de Jésus, quelques religieux observants pour applaudir à leur
comportement : en voilà deux qui savent ce que respecter la loi veut dire
! Bravo.
Arrive un samaritain. A l’époque de Jésus, ces gens sont
vraiment mal vus, un bon juif ne veut rien avoir à faire avec ce genre d’homme,
schismatique,… hautement suspect… Il passe sur la même route et voit lui aussi
cet homme en détresse, et au lieu de passer outre, il le secourt, plus que
généreusement, au risque de se souiller par le contact du sang. Il ose se salir
les mains et semble ainsi préférer le deuxième commandement : il se fait
proche de cet homme, l’aime, le sert, le sauve.
Et voilà que Jésus loue le samaritain ! La perplexité
de ses auditeurs a fait place sans doute au scandale ! Est-ce là un vrai rabbi
?
La loi du Seigneur clarifie le regard… qui a eu le regard
clair en notre parabole ?
Est-ce conciliable d’aimer Dieu et son prochain ?
Faut-il nécessairement les opposer ? Comment observer la loi ?
Prêtre et lévite passent outre, ils veulent rester purs. Le
samaritain se fait proche de celui qui git là sur la route, blessé, laissé pour
mort, et tant pis si la loi le déclare impur en conséquence de cet acte.
Jésus dans sa parabole nous guide, il me semble vers un sens
pluriel. Sois bon, charitable, comme ce samaritain… et pour cela ne craint pas d’enfreindre
la loi en la dépassant par le dessus. Cela plaira à Dieu, plus que des
sacrifices !
Mais aussi, vois ce samaritain qui s’est fait le prochain du
blessé sur la route… apprends à l’aimer… arrête de le considérer comme un
hérétique… Il respecte le sens de la loi, et pas seulement sa lettre.
Le samaritain n’est-il pas là pour vérifier comment nous
lisons la loi fut-elle de Dieu… pour vérifier si la loi clarifie nos regards,
ou si nos interprétations les assombrissent.
Charité inventive, dépassement de la loi… est-ce là tout le
message de cette page d’évangile ? plus profondément ces textes ne nous
disent-ils pas d’abord et avant tout le visage de Dieu ?
Que faire pour avoir part à la vie éternelle, demandait
le scribe. Avoir part à la vie éternelle, c’est avoir part à la vie de Dieu…
Tu veux partager sa vie ? partage ses mœurs… ses
manières de voir et de faire…ses priorités. La loi du Seigneur clarifie ton
regard, elle t’aide à voir comme lui. Aime Dieu et ton prochain comme toi-même…
si ces deux commandements semblent s’opposer, c’est que tu tiens très
probablement le livre à l’envers… Il s’agit d’aimer Dieu en aimant ton
prochain, d’aimer ton prochain en aimant Dieu. C’est là le sens de la loi
divine. La loi qui t’interdit de toucher le sang est loi qui veut t’apprendre
le respect de la vie… garde sa visée… et libère là de l’étroitesse du
fondamentalisme,… respecter la vie c’est venir au secours du blessé, ainsi que
l’a fait ce samaritain, ce schismatique que ses contemporains regardaient de
travers.
La loi clarifie ton regard, pour que tu voies, dans celui
qui git sur la route, un frère, image de Dieu, qui attend ton secours. Pour que
tu voies aussi en cet étranger qui dépasse la lecture étroite de la loi, un
frère, image de Dieu.
Sr Thérèse-Marie
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