Méditation pour la fête de st Benoît, patron de l'Europe
(Pv 2,1-9 ; Ps 33 ; Col 3,12-17 ; Mt
19,27-29)
Bonne fête ! Oui, bonne fête à tous, puisque nous
célébrons aujourd’hui, st Benoît patron de l’Europe. Et pas seulement Benoît,
Père des moines…et des moniales !
Les lectures que nous offre le lectionnaire de ce jour, sont
adressées à tous, pas rien qu’aux bénédictins, même si elles sont sensées dire
quelque chose de la vocation bénédictine. En fait la vie monastique est, comme
j’aime à le répéter, une manière parmi d’autres de vivre la vocation baptismale
qui nous est commune.
Alors mettons-nous ensemble à l’écoute de la Parole du jour.
Le psaume nous a invité à bénir le Seigneur toujours et
partout. Le nom même de Benoît, Benedictus en latin, vient du verbe
benedicere qui signifie bénir. Notre vie devrait être bénédiction, au fil des
jours. Bénir au sens profond du terme, pas dans la réduction de l’étymologie
latine, qui fait dire : que bénir c’est dire du bien… Bénir en hébreu
c’est rendre participant au pouvoir de Dieu qui donne vie, participant de sa
seigneurie sur la création. Allez relire les paroles de bénédiction que Dieu
prononce sur l’humanité au premier récit de création. Il s’agit bien là d’une véritable participation
à la vie divine. Reste donc à bien comprendre ce qu’est cette vie divine, ce
partage de pouvoir sur la création. Faut pas se tromper de Dieu !
Le livre
des Proverbes nous invite à l’écoute. Ce n’est guère étonnant que ce texte soit
choisi pour la fête de Benoît. Ecoute, est le premier mot de la Règle
bénédictine. L’écoute est la première attitude à adopter face à notre monde, à
nos frères et sœurs, à notre Dieu et à soi-même. Cela suppose une vie quelque
peu désencombrée, libre. Ecouter c’est faire de la place à l’autre, abandonner
résolument tout repli sur soi… voilà un premier élément du partage de la vie
divine… car oui, dans cette écoute nous est promise la connaissance du
Seigneur. Connaissance par expérience, en écoutant tu deviens semblable à
Dieu.
Saint Paul
nous dresse alors le portrait d’une communauté. La vie en communauté est une
dimension capitale de la vie chrétienne. Elle est le lieu par excellence
d’initiation à la vie divine. Nous y réfléchissons au long de ces jours, :
qui est Dieu ? il est Trinité, c'est-à-dire communauté. En lui-même il y a
de l’autre, du différent, et donc de l’espacement, du dépouillement, de la
pauvreté. Aucun des Trois ne se dit « tout ». Si Paul exhorte les
Colossiens à revêtir leurs cœurs de tendresse, d’humilité, de douceur, de
bonté, de patience… n’est-ce pas parce que là est le bonheur ? Je ne crois
pas que Benoît en écrivant son célèbre chapitre sur l’humilité ait voulu faire
de ses frères, des rampants, des êtres rabougris et tristes… mais bien des
disciples heureux de la joie même de Dieu. Les attributs qu’énumère saint Paul
sont autant d’attributs de Dieu. Il est bonté, patience, douceur, humilité… la
vie en communauté doit être lieu d’expérience de la vie en Dieu. Heureusement
Benoît appelle le monastère « école du service du Seigneur »… il
prévoit que la perfection est à venir, et non acquise ! Il n’empêche, il
faut se rappeler sans cesse que ces conseils de Paul ne sont pas simple morale,
mais invitation à goûter combien le Seigneur est bon, à le rencontrer au sein
même de nos relations humaines, communautaires,… et cela vaut pour les
familles, les lieux de travail… et notre Europe dont Benoît est patron.
Ce regard
peut nous aider à comprendre l’évangile. St Pierre impétueux une fois de plus,
après le constat de Jésus sur la difficulté pour un riche d’entrer dans le
royaume de Dieu, s’exclame « voici que nous avons tout quitté pour te
suivre, alors qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? » Et Jésus annonce
qu’il pourra siéger avec lui, et juger les tribus d’Israël… cela vous donne
envie vous ? vous souhaitez un trône et le rôle de juge ? nous voyons
que le vocabulaire avec lequel Jésus s’exprime demande à être décrypté. Tout
d’abord ce terme que nos Bibles s’évertuent à traduire par « suivre »
mérite une petite révision : M Balmary l’a souligné abondamment, et
beaucoup d’exégètes avec elle, le verbe grec sous jacent, signifie d’abord
faire route avec, partager le chemin, accompagner. Jésus ne semble pas désirer
des suiveurs, mais bien des êtres libres qui marchent avec lui. Qui entrent
avec lui dans la danse de la Trinité. Pierre demande quel « salaire »
il aura pour avoir tout quitté… Jésus lui dit : le même que moi. Tu
siègeras comme moi, tu jugeras comme moi… qu’est-ce à dire ? le reste de
l’Evangile nous le dit : pas d’autre trône que la place de celui qui sert…
pas d’autre jugement que le pardon. Voilà si vraiment vous m’accompagnez, si
vraiment vous voulez partager ma vie, c’est de tout cœur.
Nous avions
commencé notre réflexion au départ de la bénédiction, partage du pouvoir de
donner vie, partage de la seigneurie sur la création, les voilà
explicités : service et pardon. Tel est notre Dieu, telle est la vie à
laquelle il nous invite, pour sa joie et pour la nôtre. Que nos vies soient
bénédiction.
sr
Thérèse-Marie
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