Jésus surgit dans le désert... tout comme
Jean-Baptiste (v/1)
L'évangéliste ne s'attarde pas sur leur enfance et leur
jeunesse, ni sur la relation qu'ils ont entretenue jusqu'alors.
Jésus se rend au Jourdain pour être baptisé par
Jean-Baptiste
Sa détermination est claire, il se mêle à la foule pour
recevoir le baptême de pénitence proclamé par Jean. S'instaure alors un
dialogue, que Matthieu est le seul à rapporter et qui nous laisse deviner
l'état d'esprit de Jean et de Jésus en ce moment inaugural de la vie publique. Jean
résiste; il a donc reconnu Jésus au milieu de la foule. Sans doute, les deux
hommes, cousins, s'étaient-ils fréquentés. Jean a vu en Jésus celui qu'il
annonçait comme plus fort que lui, et qui baptisera dans l'Esprit et le feu.
Son humilité face à Jésus révèle en tout cas en lui un profond respect et la
perception d'un être particulièrement innocent qui n'a nul besoin du baptême de
pénitence. Le jeu des pronoms « toi » et « moi » situe
cependant la question à un niveau interpersonnel.
Laisse faire pour l'instant, car c'est ainsi qu'il nous
convient d'accomplir toute justice.
La réponse de Jésus va élargir cette vision et faire entrer
Jean dans la raison profonde de sa venue et finalement de son incarnation: il
s'agit d'accomplir (terme cher à Matthieu) toute justice, de mener à la
perfection l'ajustement de l'homme avec Dieu. Jean-Baptiste se voit invité non
seulement à laisser faire Jésus mais à entrer ainsi avec lui dans l'obéissance
au Père, dans son adhésion au projet du Père sur l'humanité.
Pour l'instant:
Respect de Jésus pour la pédagogie divine et les délais
nécessaires. Parole qui n'est pas sans nous rappeler la réponse que
l'évangéliste Jean met sur les lèvres de Jésus à Cana: « mon heure n'est
pas encore venue ». L'heure n'est pas venue pour Jésus de se manifester
pleinement.
Ayant été baptisé, Jésus remonta du Jourdain. Dans le
livre de Josué (4,19) il est dit « le peuple remonta du Jourdain »
pour entrer dans la terre promise. Peut-on faire un lien entre les deux textes?
En Jésus, ne serait-ce pas tout le peuple qui est plongé dans l'eau du baptême
et en qui en remonte pour entrer dans une vie nouvelle? Les eaux du Jourdain
n'anticiperaient-elle pas la passion et la descente aux enfers dont Jésus
remontera victorieux par sa résurrection entraînant avec lui tous ceux que la
mort retient prisonniers?
Et voici que les cieux s'ouvrirent répondant ainsi au
voeu du prophète: « Ah si tu déchirais les cieux et si tu
descendais » (Is 63,19).
Et Jésus voit l'Esprit descendre tel une colombe. On
se souvient qu' »au commencement, l'Esprit planait sur les
eaux »...(Gn 1,1). Autant dire que nous sommes ici à un nouveau
commencement, au commencement d'une création nouvelle.
Et il vient sur Jésus accompagné de la voix du Père qui
témoigne: « Celui-ci est mon fils bien-aimé qui a toute ma
faveur »
Parce qu'il est Fils, Jésus, en prenant sur lui la condition
de l'homme au point de recevoir le baptême de pénitence, invite tous les homme
à entrer dans une relation nouvelle au Père. En Jésus, c'est chacun de nous qui
reçoit cette parole: Voici mon fils, ma fille bien-aimé(e). la suite de
l'évangile nous montrera en Jésus la véritable attitude d'un fils qui se sait
aimé et choisi.
Notons encore pour terminer que le verbe « venir »
s'applique dans ce court passage aux trois personnes de la Trinité: Jésus
vient, l'Esprit vient, une voix (celle du Père) vient... jésus ne vient pas
seul. Rencontrer Jésus, c'est entrer en relation avec le Père et avec l'Esprit.
N'avons-nous pas été baptisés « au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit »?
Sr Elisabeth
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