Méditation pour le jeudi de la 34ème semaine du Temps Ordinaire (année paire)
Parfois, la
liturgie nous offre des textes un peu ardus... et pourtant la littérature
apocalyptique se veut porteuse d'espérance. Aujourd'hui, l'Eglise nous
proposait de lire l'Evangile selon saint Luc au chapitre 21, versets 20 à
28.
Quelle
espérance s'en dégage?
Bonne
nouvelle de Jésus-Christ selon saint Luc
saint Luc
que nous avons entendu tout au long de cette année liturgique, et en semaine
depuis près de 3 mois. Saint Luc dont on nous dit qu'il est l'évangéliste de la
miséricorde, du salut pour tous, de la grâce....
Jérusalem
sera encerclée, il y a aura une grande misère, une grande colère.... ils
tomberont sous l'épée, ils seront emmenés en captivité, les hommes mourront de
peur... Bonne
nouvelle de Jésus-Christ selon saint Luc!
Je médite
le texte et me demande en quoi il est une bonne nouvelle,
Pas le
temps et pas l'envie d'aller bouquiner dans la bibliothèque... Alors j'ai lu,
j'ai dormi, j'ai prié et heureusement pour moi, il y avait une manne de linge à
repasser... Alors voilà, je vous partage simplement ce qui est monté en moi au
rythme du va et vient du fer à repasser.
On m'a
appris que pour sauter, il fallait prendre son élan et pour cela reculer un peu
pour affronter l'obstacle.
Revenons
donc au début du chapitre de Luc dont est tiré ce texte. C'était l'Évangile de
lundi,
Nous y
voyons Jésus qui lève les yeux et regarde les uns et les autres déposer leur
offrande dans le trésor du temple... et son regard s'arrête sur les 2 piécettes
de la pauvre veuve...
Mardi,
c'était au tour des disciples à lever les yeux et leur regard s'arrête
sur la beauté des pierres du temple...
Et Jésus
leur dit: « Attention, ne vous trompez pas de beauté! Ce que vous
contemplez, ce que vous admirez, tout sera détruit, il n'en restera
rien! » Et dans quelques siècles, quand on voudra savoir à quoi
ressemblait ce temple, on fera des fouilles, à la petite cuiller comme sur la
place de la basilique... on pourra alors peut-être deviner un peu de sa beauté.
Mais les 2 piécettes de la veuve, tout comme la cruche d'huile et le vase de
farine de la veuve de Sarepta, elles ne seront pas oubliées et on pourra dire
de ces pauvres veuves ce que Jésus a affirmé de la pécheresse qui lui versait
le parfum sur les pieds: « partout où on proclamera cet Evangile, dans
le monde entier on redira à sa mémoire ce qu'elle vient de faire ». Et
pour retrouver cette beauté il nous suffira à notre tour de tendre la main dans
un geste de partage et un don radical de nous-même, dans notre pauvreté.
Ne vous
trompez pas de beauté.
Et Jésus
continue: « Mais maintenant, prenez garde, ne vous effrayez pas, n'allez
pas aussi vous tromper de catastrophe! Vous allez voir des choses
effrayantes mais ce ne sera pas tout de suite la fin! »Isaïe n'a-t-il pas
dit: « si tu traverses les eaux, je serai avec toi, et les rivières
elles ne te submergeront pas. Si tu passes par le feu, tu ne souffriras pas et
la flamme ne te brûlera pas? »(Is 43,2)
Les
catastrophes n'ont-elles pas jalonné l'histoire du peuple d'Israël? Et nous
pouvons penser que les oreilles des auditeurs de Jésus, en bons
connaisseurs de la Bible, étaient plus sensibles que nous à ce vocabulaire
Le feu, le
vent, le tonnerre, la foudre... Le buisson qui se met à flamber tout seul, sans
se consumer.... La mer qui se sépare et tout à coup reprend sa place...
Rappelons-nous le psaume: « quand Israël sortit d'Egypte et Jacob de
chez un peuple étranger... La mer voit et s'enfuit, le Jourdain retourne en
arrière, les montagnes sautent comme des béliers... »(ps 113)
Et sur le
mont Sinaï: « il y eut des coups de tonnerre, des éclairs et une
épaisse nuée sur la montagne, ainsi qu'un très puissant son de trompe... tout
le peuple trembla. Moïse parlait et Dieu répondait dans le tonnerre. »
Ces
catastrophes, ces signes dont nous parle Jésus dans l'Evangile ne sont-ils pas
annonciateurs d'une parole que Dieu va prononcer?
« Quand
Dieu regarde la terre, elle tremble, il touche les montagnes elles fument »(ps
104) Nous chantons cela si souvent dans les psaumes, alors pourquoi nous
effrayer? Tout cela n'est-il pas le signe que Dieu se fait proche? Qu'un
événement va se produire?
Quand une
femme enceinte commence à ressentir les contractions, quand elle sent quelque
chose se déchirer en elle et son corps s'ouvrir... ne se dit-elle pas: le
moment est venu? Quand le bébé dans le ventre de sa mère voit son univers
s'ébranler, les eaux dans lesquelles il baignait tout à coup s'enfuir et
lui-même être propulsé dans un espace inconnu et que pour comble on lui coupe
le cordon qui lui assurait sa subsistance... c'est un véritable cataclysme et
pourtant, ne dit-on pas que c'est un heureux événement?
N'est-ce
pas une expérience de ce type que nous serons appelé à vivre au jour de notre
mort? Expérience de rupture, d'éclatement, de déracinement pour nous ouvrir à
un monde nouveau, à une vie nouvelle... N'est-ce pas déjà aussi une expérience
de ce type que nous vivons dans les épreuves qui nous touchent personnellement
ou qui touchent notre monde?
Ne vous
trompez pas de catastrophe. La vraie catastrophe pour le nouveau-né n'est pas
dans l'ébranlement qu'il subit tout à coup, la vraie catastrophe serait qu'il
refuse ce monde nouveau dans lequel il est projeté, qu'il n'ouvre pas ses
poumons pour les remplir d'air, qu'il ne reconnaisse pas les bras de sa mère et
ne puisse pas se nourrir de son lait.
Et nous?
Saurons-nous entrer dans le monde nouveau qui nous est promis et qui pointe
déjà? Saurons-nous ouvrir nos oreilles et nos coeurs à la parole que Dieu est
sur le point de proférer? Le Fils de l'homme quand il viendra, trouvera-t-il
la foi sur la terre?
Ne vous
trompez pas de beauté, nous dit Jésus; ne vous trompez pas de catastrophe; ne
vous trompez pas de salut. Ne rentrez pas dans vos maisons, ne retournez
pas à la ville, les murs ne vous protégeront pas, vos richesses ne vous
serviront de rien. Ne vous appuyez pas non plus sur la faculté que vous avez
reçue de transmettre la vie; vous n'avez pas de pouvoir sur elle,
Votre
salut, Isaïe vous l'a dit, il est dans la confiance et la sérénité(Is 30,15).
Dans la confiance paisible que ce que Dieu a promis il est capable de le
réaliser. Dans la confiance du psalmiste qui au plus fort de sa détresse crie
sa foi: « les eaux montent jusqu'à ma gorge... j'enfonce dans la vase
du gouffre,... le flot m'engloutit.... mais je te prie Seigneur, c'est
l'heure de ta grâce... » ps 68
« Alors
on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée... redressez-vous, relevez
la tête, car votre rédemption est proche»
Oui c'est
l'heure de la grâce, l'heure où Dieu va déchirer les cieux et descendre,
C'est l'heure des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, c'est l'heure de la
Jérusalem nouvelle... où il n'y aura plus de temple et où nous adorerons en
esprit et en vérité, où nous adorerons à ciel ouvert, où nous adorerons à coeur
ouvert.
Sr Elisabeth
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