mardi de la 27ème semaine du TO imp,
Méditation après l’évangile : Luc 10, 38-42 :
Marthe et Marie
Il parait que st Luc était médecin, je ne sais si c’est
vrai. Mais on peut en effet être sûr d’une chose à la lecture de cette page
d’évangile qui lui est propre, comme médecin des âmes, pour mettre le doigt là
où cela fait mal et faire sauter les abcès, il est particulièrement doué.
Quand on lit trop vite ce passage d’évangile, on en fait une
opposition entre travail, action et contemplation… et c’est parti pour la
comparaison, quand ce n’est pas pour la hiérarchie entre les diverses vocations
chrétiennes. Alors pour ne vexer personne, on s’empresse d’en faire une lecture
toute tissée en compromis, qui vous explique qu’il faut réconcilier en vous les
deux femmes, Marthe et Marie,… et résultat on a un évangile tout plat, si plat
qu’on peut le glisser sans le moindre problème en toute boîte, et sous toutes
les portes… dans tous les cœurs.
Mais n’a-t-on pas alors perdu la saveur de l’Evangile, et
l’appel à la conversion qui nous est lancé, comme aux jours de
Jonas ?
Je ne crois pas qu’il faille jouer à réconcilier Marthe et
Marie, Jésus ne semble nullement s’en soucier, au contraire, permettez-moi de
remarquer, qu’il fait plutôt le contraire, il met de l’huile sur le feu !
Il me semble que l'opposition n'est pas entre travail et prière, travail et
contemplation, mais entre un coeur pur, ouvert, et un coeur agité, préoccupé,
autocentré...
Regardez le texte : Jésus entre à la maison, Marthe met
les petits plats dans les grands pour le recevoir, Marie est assise à ses
pieds, dans la position du disciple qui écoute la parole. Et du coté de la
cuisine cela mousse… non, pas de la mousse au chocolat, mais de la mousse
intérieure… Marthe commence à juger la scène très mauvaise. Elle murmure et au
bout d’un moment, elle explose. Et admirez la manière : elle ramasse le
Seigneur lui-même ! « Seigneur, cela ne te fait rien… » Vlan, un
reproche : « non mais, tu es aveugle ? tu es insensible ou
quoi ? C’est gentil de bavarder, de partager ou de roucouler… mais
cela ne remplit pas l’assiette ! C’est facile de faire des beaux
sermons sur la charité, mais c’est les actes qui comptent ! » Et puisque
Jésus laisse tout faire, démissionne, elle, Marthe, va remettre de l’ordre dans
la maison. Elle commande à Jésus : « Dis-lui donc de
m’aider ! » Si Marie est assise en disciple, Marthe, elle, s’érige en
maître, elle accule Dieu à lui obéir, elle s’est mise à la place de Dieu pour
décider de ce qui est bien et de ce qui est mal ! Et Jésus au lieu de
céder à l’injonction, en rajoute doucement une couche : « Marthe,
Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est
nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas
enlevée ». Avouez, il ne calme pas vraiment le jeu ! Quand Jésus
traverse nos vies, comme Jonas a traversé Ninive, il interpelle nos cœurs. Tu
veux être servante du Seigneur ? tu fais bien. Mais alors, s’il te plait,
laisse-moi te dire, ce dont j’ai besoin aujourd’hui. Jésus monte vers
Jérusalem, il va au devant de la mort. Ce jour-là, entrant en la maison de
Béthanie, chez ses amis, il est venu déposer un petit peu de son fardeau. Il a
trouvé en Marie un cœur qui écoute, qui accueille et réconforte. Toi tu veux
aussi accueillir et réconforter ? alors vois le service que le Seigneur
attend de toi, ne décide pas, ne juge pas de tout, mais vois ton Seigneur, son
attente, son espérance… et vois comment tu y répondras de tout ton cœur.
Le texte s’arrête là… à nous de voir la suite qu’il recevra
en notre vie…
sr Thérèse-Marie
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