Méditation pour le 28ème dimanche du TO année C
Chantez au Seigneur un chant nouveau ! avons-nous
entendu dans le Psaume de ce jour. Mais pourquoi chanter un chant
nouveau ? Le psaume nous dit que le Seigneur a révélé sa puissance… quelle
est cette puissance ? ce terme fait peur, on imagine un Dieu fort,
écrasant, devant lequel il faut s’effacer… mais est-ce là le Dieu de
Jésus ? quelle est la puissance du Dieu de Jésus ? Quelle est cette
victoire que nous célébrons dans le psaume ?
St Paul nous invite à faire mémoire, à nous souvenir
de Jésus. Ce souvenir va-t-il donner réponse à nos questions ? Nous
souvenir de Jésus, ressuscité. C’est bien ce que nous faisons chaque dimanche…
si du moins nous sommes un peu conscients de ce que nous faisons, car comme le
dit la chanson : l’habitude nous joue des tours… Oui, nous sommes invités
aujourd’hui à redire notre foi, non seulement à la redire, mais à la célébrer,
et ce faisant à l’approfondir, à la laisser habiter en nos cœurs, afin d’être
nous aussi, dès aujourd’hui des êtres vivants, ressuscités.
Aujourd’hui, la liturgie nous propose de contempler la
guérison, la résurrection d’un lépreux. Un lépreux, à l’époque de Jésus, est un
homme maudit, on le tient à l’écart, on l’exclut. Sa lèpre fait peur, et on est
persuadé qu’en fait, s’il est lépreux, c’est qu’il a péché. Qui plus est ce
lépreux est un étranger. Il est samaritain, hérétique. Cet homme est donc
doublement exclu : par sa lèpre, et par son origine…
Nous avons tous fait un jour ou l’autre l’expérience d’être
exclu, rejeté… nous avons aussi tous fait un jour l’expérience de notre péché,
de notre mal, qui a blessé notre estime personnelle, qui a fait que nous nous sommes
exclus parfois nous-mêmes. Et comment avons-nous été relevés ?
Aujourd’hui, l’évangile nous montre 10 lépreux. Ils vivent
en dehors du village, conformément à la loi. Ils ont entendu parler de Jésus,
ils ont entendu parler des merveilles qu’il accomplit. Ils vont tenter leur
chance… ils vont à la rencontre de Jésus. C’est déjà une folle audace. Mais ils
restent quand même à distance et ils crient, ils appellent : Jésus,
maître, prends pitié de nous. Prends compassion de nous ! Ils
l’appellent tout simplement par son prénom : Jésus,
c'est-à-dire Dieu sauve. Ils l’appellent maître, pas au sens
d’enseignant, de rabbi, mais au sens de « chef », ils lui
reconnaissent un certain pouvoir. Et puis ils font appel à son cœur : prends
compassion de nous. Regarde-nous, et que ton cœur en soit bouleversé et tu
feras quelque chose pour nous soulager. Voilà leur cri, leur appel. Ne nous
rejette pas, agis pour nous.
Jésus a entendu, il répond. « Allez vous montrer aux
prêtres ». Une simple parole, aucun geste. Jésus n’est pas allé vers eux,
il a respecté la distance qu’ils ont laissée. Il les envoie aux prêtres. Dans
la loi juive, les prêtres devaient constater leur guérison, pour les autoriser
à réintégrer la société. Jésus leur demande un sérieux acte de foi : ils
ne sont pas encore guéris, ils doivent cependant se mettre en route, ce sera
leur participation à la guérison. Jésus n’est pas un magicien, il lie son
action à celle des hommes, à leur foi. Et les lépreux se mettent en route.
Première étape sur le chemin. Croire sans voir. Et agir en fonction de cette
foi.
Et puis, voilà que l’un d’eux, constatant en chemin sa
guérison, se retourne, revient. Alors au sens physique, il prend la route dans
l’autre sens. Mais peut-être y a-t-il aussi dans ce changement de direction,
une conversion, un retournement du cœur. Il tourne le dos au temple pour aller
vers celui qu’il découvre plus important que le temple. Se découvrant guéri, en
chemin vers Jésus, il glorifie Dieu à pleine voix nous dit l’évangile.
Glorifier Dieu... C’est lui donner tout sa place, lui reconnaître toute sa
valeur, toute son identité, qui est amour, qui n’est qu’amour.
Il arrive près de Jésus, se jette la face contre terre aux
pieds de Jésus. Cette fois, il a osé s’approcher, il est vraiment tout proche
de Jésus, il se tient dans une attitude de vénération, de respect, il se fait
tout petit devant lui. Et il rend grâce, il fait eucharistie… c’est le même
mot. Il y a là plus qu’un simple merci… il y a un échange : Il reconnaît
en Jésus, bien plus qu’un chef, ou un guérisseur il reconnaît en lui la
présence divine.
Vous voyez tout le chemin. Au début, avec les 9 autres
lépreux, il a appelé Jésus « chef », maintenant les autres sont allés
au Temple, et lui, il reconnaît en Jésus le nouveau Temple, la présence du
Père. Comme lui le lépreux guéri est réintégré dans la société des
hommes ; par sa reconnaissance, il réintègre Jésus à sa juste place. Il
reconnaît son être, sa mission.
Jésus alors, va plus loin. Il n’a pas voulu mettre la main
sur ces lépreux, en se les attachant, il les a envoyés vers les prêtres. Mais
cet homme qui est devant lui, à ses pieds, éperdu de reconnaissance, il
l’invite à se lever. Il ne veut pas d’un rampant devant lui. Il l’invite à se
tenir debout devant lui. Relève-toi. C’est un verbe que l’on a
utilisé pour dire la résurrection. Jésus lui partage la puissance de vie du
Père. Relève-toi, sois tel que le Père te désire : debout,
vivant.Il le veut dans un face à face d'alliance.
Va. Va car tu es libre, car tu as ta mission à vivre.
Tu vas vers une vie nouvelle.
Ta foi t’a sauvé. Plus que guéri, cet homme est
sauvé, il est entré dans l’univers de la vie divine, il a découvert en Jésus,
l’envoyé de Dieu.
Voilà le chemin de foi, auquel nous sommes conviés ce
matin. Nous sommes venus tels que nous étions à cette célébration, avec nos
blessures, nos souffrances. Nous sommes venus entendre la parole que Jésus
prononce sur nous, une parole qui guérit. Et maintenant nous allons rendre
grâce, nous allons reconnaître à Dieu sa place en nos vies, et lui dire merci.
Reconnaissons le pain de vie, entrons ensemble dans l’univers de la
résurrection, nous sommes sauvés. Et c'est notre joie !
Sr Thérèse-Marie