26ème dimanche Temps ordinaire (année C)
Il y a quinze jours, j'étais à la cathédrale de Recife avec
les déléguées bénédictines du monde entier, pour la célébration de
l'eucharistie. Nous nous sommes recueillies sur la tombe de Dom Helder Camara.
Comme ce lieu est habité.
Le lendemain, j'ai visité un petit centre d'accueil pour enfants
pauvres, au coeur même d'une favela. Puis j'ai rencontré une famille vivant au
coeur de la favela. Nos soeurs bénédictines tentent de soulager la misère des
enfants, des familles en offrant cette structure d'accueil, et un
accompagnement aux familles. Elles ne se découragent pas face à l'immensité de
la détresse humaine, elles ne se replient pas dans un "c'est impossible,
il y a trop de misère". Elles regardent les nécessités, et voient ce
qu'elles peuvent faire, et le font (en fonction de leurs forces et des finances
qu'elles peuvent recevoir pour soutenir leur oeuvre).
En entendant l'évangile d'aujourd'hui (Luc 16, 19-31), avec
le pauvre Lazare gisant au seuil de la maison du riche, je ne peux m'empêcher
de repenser à ce séjour au Brésil. Et me revient à l'esprit ce témoignage de
Dom Helder Camara: " le Christ eucharistique ne peut accepter un excès
de glorification tant que l’autre Eucharistie – le Christ vivant dans les
pauvres – est écrasée.
Un jour, une délégation est venue me voir, ici, à Recife :
« Vous savez, Dom Helder, il y a un voleur qui a réussi à pénétrer dans
telle église. Il a ouvert le tabernacle. Comme il ne s’intéressait qu’au
ciboire, il a jeté les hosties par terre, dans la boue… Vous entendez, Dom
Helder : le Seigneur vivant jeté dans la boue !... Nous avons
recueilli ces hosties et les avons portées en procession jusqu’à l’église, mais
il faut faire une grande cérémonie de réparation !... » - « Oui,
je suis d’accord. On va préparer une procession eucharistique. On va réunir tout
le monde. On va vraiment faire un acte de réparation. »
Le jour de la cérémonie, quand tout le monde était là,
j’ai dit : « Seigneur, au nom de mon frère le voleur, je te demande
pardon. Il ne savait pas ce qu’il faisait. Il ne savait pas que tu es vraiment
présent et vivant dans l’Eucharistie. Ce qu’il a fait nous touche profondément.
Mais mes amis, mes frères, comme nous sommes tous aveugles ! Nous sommes
choqués parce que notre frère, ce pauvre voleur, a jeté les hosties, le Christ
eucharistique dans la boue, mais dans la boue vit le Christ tous les jours,
chez nous, au Nordeste ! Il nous faut ouvrir les yeux ! » Et je
disais que le meilleur fruit de la communion au Corps du Christ dans
l’Eucharistie serait que le Christ ainsi reçu nous ouvre les yeux et nous aide
à de reconnaître l’Eucharistie des pauvres, des opprimés, de ceux qui
souffrent. C’est sur cela que nous serons jugés, le dernier jour…"
(Helder CAMARA, Les conversions d'un évêque, Seuil , 1977, p 145)
Que le Seigneur nous ouvre les yeux, qu'il éclaire nos
consciences, qu'il nous donne la force d'agir pour bâtir son Royaume de
justice, de fraternité, de solidarité, de paix.
Sr Thérèse-Marie
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