Un aspect de
notre « monde sans limite » qu’il faut peut-être relever, c’est le
problème du rapport au temps. « Je veux tout, tout de suite ! »
Notre société semble avoir fait profession de ce slogan infantile. La
difficulté de prendre un engagement, de le tenir appartient aussi à ce problème
de relation au temps.
Comment notre
vie remet-elle l’espérance au cœur même de cette situation ? N’est-ce pas
en mettant notre vie en tension entre un déjà là et un pas encore ?
Silence,
persévérance, patience, stabilité, voilà un vocabulaire bénédictin qui marche à
rebours...
Il est bon d’espérer
en silence le salut de Dieu[1]. Je vois dans l’humble persévérance de
nos aînées, dans leur manière de poursuivre la route, dans un tranquille
silence, une merveilleuse hymne à l’espérance.
Si vous
connaissez le film « L’homme qui plantait des arbres »[2]...
pour moi, il est parabole de nos vies. Ce pourrait être un beau partage que de
nous dire quel arbre nous plantons par la persévérance de nos existences !
Mais nos vies
courent aussi un terrible risque, dans sa manière d’habiter le temps de ses
rythmes et horaire bien balancés de prière et travail : « l’habitude nous joue des tours »[3].
Dans nos vies, où 5 fois par jour nous célébrons l’office dans une stalle... le
risque est grand de s’installer dans un train-train qui n’a plus rien de
la marche du pèlerin !!! Et pourtant n’est-ce pas lui qui nous entraîne...
étranger, pèlerin sur cette terre. Et la chanson de poursuivre : « La
rouille aurait un charme fou si elle ne s’attaquait qu’aux grilles ». Et
c’est une moniale qui ose reprendre ces mots !!! J’avoue prier que la
rouille s’attaque non seulement à toutes nos grilles, mais aussi à nos
habitudes, nos traditionalismes, nos ritualismes... tout ce qui affadit,
dénature le sel de l’Evangile. Benoît veut nous conduire par l’Evangile !
Et Jésus n’a trouvé où reposer la tête si ce n’est sur la Croix. Pouvons-nous
vivre « désinstallées » à sa suite ?
Sr Thérèse-Marie
[2] Film d'animation de Frédéric Back d'après L'homme
qui plantait des arbres, de J. Giono. Narration de Philippe Noiret, 1987
(30 mn).
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