Au cœur de l’été, une Solennité nous réjouit !
En ce 11 juillet, nous fêtons Saint Benoît. Comme bénédictine, j’éprouve
évidemment beaucoup de joie à évoquer son nom, à rendre compte de ses
intuitions, à te partager en quoi il peut nous inspirer…
Il porte en effet un beau nom : Benedictus, signifie « béni ». L’homme
était italien, né à Nursie, vers 480. Pour le connaître, deux ouvrages
nous renseignent : sa Vie, racontée par le pape Grégoire le Grand (au 2e
chapitre des Dialogues) et son œuvre majeure, la Règle pour les moines,
que nous suivons aujourd’hui encore. Elle a traversé quinze siècles.
Elle est en effet très souple dans son application : Benoît accorde au
lecteur la liberté d’adapter la Règle aux circonstances concrètes…
Certes, me diras-tu, cette fête concerne les bénédictins et les bénédictines, mais en quoi peut-elle rejoindre tout chrétien ?
Je voudrais épingler trois invitations que nous adresse Benoît. La
première est celle de la confiance. Dans le Prologue de la Règle, le
premier mot est « Ecoute » : par cet impératif, Benoît nous invite à
ouvrir notre cœur, à accueillir, à recevoir… Il s’agit en effet de
recueillir une parole, un enseignement, de s’engager dans une certaine
orientation de vie, de suivre Jésus. A l’autre bout de la Règle, on peut
découvrir le résultat de cette écoute : « tu parviendras ». C’est le
dernier mot de l’ouvrage : il nous exprime toute la confiance que Benoît
accorde au jeune qui s’engage. Si le moine, si la moniale « incline
l’oreille de son cœur », il ne pourra que réussir… Le Seigneur le
conduira !
Ensuite, une deuxième invitation est celle de l’Espérance. Trop souvent,
on risquerait de se décourager, de se désespérer de nos erreurs, de nos
fautes, de nos péchés… Dans la vie monastique, on en commet aussi. Pour
rassurer son moine, Benoît a eu une intuition fulgurante : il a prévu
le vœu de « conversion de vie ». Ainsi, le moine ne peut jamais
prétexter ses manquements pour abandonner, fuir, déserter… Il peut
seulement écouter la parole d’un Père du désert qui définit ainsi le
moine : « C’est celui qui tombe 7 fois et se relève 7 fois ». Saint
Antoine, qui fut moine avant Benoît, ne parlait pas autrement : «
Aujourd’hui, je commence ». Cette Espérance t’offre cette chance de
toujours pouvoir te relever, porté par un dynamisme que Benoît prescrit
dans toute sa Règle. Cette Espérance ne vaut pas que pour les moines et
moniales : les épreuves, les souffrances, les échecs ne devraient jamais
nous écraser ou nous anéantir. Le printemps peut toujours fleurir !
C’est l’heureuse nouvelle de la fête de Pâques, victoire de la Vie sur
toute mort…
Enfin, le secret d’apprendre à aimer l’autre tel qu’il est pourrait être
la troisième invitation de Saint Benoît. La vie en commun, que ce soit
dans les familles, les sociétés, les communautés, n’est jamais évidente
avec tous. A plusieurs reprises dans sa Règle, Benoît invite à voir le
Christ dans l’autre : la sœur/le frère, le malade, l’hôte,… Ainsi, il
nous invite à découvrir en chacun les traits de Dieu, à percevoir
combien chacun a été créé à son image et qu’il peut nous révéler Dieu…
En ce beau jour de la fête de Benoît, je veux t’inviter à revisiter ces
mots : confiance, espérance, amour… Benoît ne pourrait-il pas t’aider à
mieux vivre, là où tu es ?
Belle route à toi, « sous la conduite de l’Evangile »…
Sr Marie-Jean