Méditation pour le
mardi de la 6ème semaine du temps ordinaire (année paire)
Il y a des pages d’Évangile
que nous voudrions bien pouvoir arracher… telle celle d’aujourd’hui.
Un sommet dans la
littérature d’incrédulité.
Nous sommes dans la
section de l’Évangile de Marc, dite section des pains. Elle s’achève avec le
passage que nous venons de recevoir. On y trouve les récits suivants : le
premier partage des pains, la marche sur les eaux, des guérisons à Génésareth,
une discussion sur les traditions des pharisiens, la foi d’une païenne, la
guérison d’un sourd muet, le deuxième partage des pains, le refus d’accorder un
nouveau signe à ceux qui le réclament, et puis le passage d’aujourd’hui qui
nous rapporte l’incompréhension totale des disciples.
Les disciples ont
eu la chance de côtoyer Jésus, on peut croire que la foi leur être facile. Et
bien non : ce passage est un profond et cinglant démenti. Alors que Jésus
vient de mettre un terme à la discussion avec les pharisiens devant leur
in-intelligence, leur endurcissement[1],… qu’il est
monté dans la barque (comprenons l’église) avec les disciples, voilà que
l’in-intelligence et l’aveuglement sont à bord aussi ! Et Jésus semble
atteint d’une fameuse lassitude :
Pourquoi discutez-vous? Vous ne saisissez pas ? Vous
ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ?
Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des
oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ?
« Vous ne comprenez pas encore ? »
On a envie de
dire : arrête !!! arrête Seigneur !!!
Heureusement le
passage suivant sera le récit de guérison de l’aveugle de Bethsaïde.
Les disciples
d’hier, comme nous aujourd’hui, ont eu besoin de guérir de la cécité de
leur cœur, ils ont eu besoin du don de la foi. La foi est parmi les dons
merveilleux que le Seigneur nous fait, et ce don demande notre accueil. La foi,
il nous faut la demander tout simplement, tous les jours. Et puis la cultiver,
comme une bonne semence en la terre de nos coeurs…
Et par définition
la foi, ce n’est pas l’évidence. La foi, c’est une confiance sans cesse
renouvelée en Celui qui est là, présent à nos vies, même si nous ne le voyons
pas, ne le ressentons pas. Aussi prenons un temps de prière silencieuse, pour
demander pour nous-mêmes et les uns pour les autres, ce don de la foi. Et pour
l’accueillir.
Et nous entrerons
en confiance, nous ne craindrons plus si nous sommes dans la barque avec un
seul pain… pourvu que ce soit le pain essentiel : Jésus, notre Sauveur.
sr Thérèse-Marie
[1] Voir à ce sujet le petit commentaire
suggestif de Noël Quesson.