Méditation pour le 22e dimanche TO :
Année B (2012)
En ce 22e
dimanche du Temps ordinaire, l’évangile nous conduit au cœur des rites du
judaïsme du premier siècle : ces rites que Jésus a appris, que d’autres
lui ont transmis.
Peut-être
la répétition d’un certain mot a retenu votre attention.
Dans cet
extrait, l’évangéliste Marc cite quatre fois le terme « tradition ».
Un terme
qui n’est pas tellement à la mode !
Il semble
que cette tradition, appelée tantôt « tradition des anciens », tantôt
« tradition des hommes », s’oppose au « commandement de
Dieu ».
Relisons cet
Evangile.
Des
Pharisiens et quelques scribes de Jérusalem sont choqués.
Eux qui
sont très attachés aux traditions, reprochent à Jésus que ses disciples
« ne suivent pas la tradition des anciens ».
Et
l’évangéliste d’énumérer les diverses pratiques rituelles : ablution au
retour de la ville ou du marché, comme celles des coupes, des cruches et des
plats pour la purification.
Mais
l’aspect rituel n’était en fait que la partie visible de l’acte, puisque ce
geste n’avait de sens que dans la mesure où il exprimait la purification du
cœur.
Il ne
pouvait, par lui-même, donner la pureté de l’âme, et encore moins en dispenser.
Or là était
l’élément capital : honorer Dieu dans son cœur, et non des lèvres
seulement.
Le rite
seul ne suffit pas : sa valeur et son efficacité dépendent des
dispositions intérieures.
D’où
l’invective de Jésus qui stigmatise l’hypocrisie de ses interlocuteurs et parle
d’eux en citant l’Ecriture :
« Ce
peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi…
Vous
laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des
hommes »
Et, à ses
disciples, Jésus insiste sur l’importance du cœur :
« C’est
du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses…
(le) mal
vient du dedans, et rend l’homme impur »
Par cet
Evangile, Jésus nous invite à la vigilance !
La question
de la valeur, permanente ou non, de pratiques ou de rites n’est pas neuve.
Elle s’est
posée avec acuité dès l’Eglise primitive, lorsque des païens ont accueilli la
Bonne Nouvelle et ont voulu intégrer l’Eglise.
Elle a
encore resurgi maintes fois dans l’histoire.
Elle nous
concerne encore aujourd’hui.
Faut-il
imposer toutes les traditions rituelles aux peuples évangélisés ?
Comment
distinguer les traditions indispensables et les autres ?
En cet
Evangile, Jésus dénonce le formalisme qui menace certaines pratiques.
Il prévient
aussi le danger de confusion entre tradition des hommes et commandement de
Dieu.
Pour
discerner les rites à conserver ou à abandonner, les textes de ce dimanche nous
proposent un critère de discernement.
Nous le
trouvons dans les deux lectures du jour.
Le
Deutéronome disait : « Maintenant, Israël, écoute les commandements
et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique.
Ainsi vous vivrez… »
De même,
l’épître de Saint Jacques déclare : « (le Père) a voulu nous donner
la vie par sa parole de vérité, pour faire de nous les premiers appelés de
toutes ses créatures… »
De part et
d’autre, c’est le critère de la vie qui prévaut.
Paul VI l’a
exprimé à sa façon :
« Être
fidèle à la tradition, cela signifie qu’on garde les forces tendues vers la vie
et vers le temps qui vient.
La
tradition n’est pas un musée, un cimetière.
C’est une
plante qui fleurit chaque matin, une sève qui se renouvelle sans cesse ».
Voilà qui
rejoint les textes liturgiques : l’objectif d’une tradition converge avec celui
du commandement de Dieu.
Il s’agit
d’être au service de la vie.
La
tradition n’est donc pas statique, figée dans le passé.
Elle se vit
dans le monde d’aujourd’hui.
En ce
dimanche, Jésus nous invite à revisiter nos pratiques à l’aune de la vie…
Et, pour
que cette vie prenne chair en nous, l’apôtre Jacques nous donne un conseil
:
« Accueillez
donc humblement la parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous
sauver… »
Puissions-nous
lui ouvrir largement notre cœur !
Sr Marie-Jean